Le GOAT plus fort qu'Omicron ?

Le GOAT plus fort qu'Omicron ?

Certes, la 5ème vague semble prendre des proportions inédites et l'on nous parle déjà d'une 6ème vague ... mais, pour beaucoup de voyageurs, il s'agit là du "New Normal", une situation avec laquelle "il faut faire" et qui, bien qu'exceptionnellement durable, ne devrait pas trop contrarier les envies de voyages et de réservation ... tant que l'on reste dans les frontières nationales. Si certains voyageurs s’inquiètent de la progression du variant Omicron et annulent leurs voyages, le volume de recherches sur le web prouve que l'appétit de s'évader est intact. Au point que, pour 2022, les voyageurs imaginent faire leur leur GOAT - pour "Greatest Of All Trips" - ... le plus grand de tous leurs voyages !

En anglais "Goat" signifie la chèvre, mais en langage udu voyage, c'est plutôt "Greatest Of All Trips" ou "Le plus grand de tous les voyages" ... ou ce qui motive, encore aujourd'hui et malgré la situation, une majorité de voyageurs à travers le monde. Voilà ce que ces derniers sont prêts à acheter chez vous, dès maintenant.

Car de manière tendancielle, et malgré l'avancée galopante d'Omnicron, la reprise touristique mondiale se poursuit, l’envie de s’évader est très forte et les taux de réservations sont globalement bons. Dans l'aérien, en général le secteur le plus immédiatement touché à chaque vague, les prix restent d'ailleurs encore très élevé en dépit de secousses inédites en matière de remplissage. Pas de panique chez les compagnies qui parient sur une "normalisation" sous conditions (pass vaccinal, mesures administratives fortes pour voyager ...) et donc, une activité à peu près normale pour les prochaines semaines. Même tendance dans les stations de sport d'hiver où, en dépit du blocage (ce weekend) des voyageurs anglais, les français semblent bien décider à dégainer gants et pass sanitaire pour dévaler les pistes des massifs français. Après un hiver sans ouverture, les stations font le plein et les réservations (certes, de dernière minute) sont au rendez-vous. Pour plus tard dans la saison, si le gouvernement français exclue tout reconfinement, les voyageurs connaissent déjà le régime le plus prévisible : retour du pass sanitaire à l'entrée du restaurant avec jauge, idem dans les lieux culturels et de loisirs (ou la pré-réservation deviendra la règle), etc ... Bienvenue dans l'ère du "New Normal" ou comment vivre à peu près normalement malgré l'orage épidémique qui s'abat sur nous ...

De toute part où le voyage est observé (certes, avec fébrilité), la tendance des dernières semaines reste la même et la gourmandise envers 2022 est implacable. Trivago observe que l'activité globale autour de la planification des voyages de vacances a ralenti (mais pas reculé !). Cette tendance modère toutefois son augmentation à 4% depuis la découverte du variant Omicron (reconnu comme préoccupant le 26 novembre par l’OMS).

Certes, en fin d’année 2019, les projets de vacances d‘une à deux semaines étaient supérieurs de 34,7% à ceux de cette année, mais l'on aurait pu craindre un effondrement bien plus massif depuis l'arrivée d'Omicron. Mais il semble que, si chacun prend la situation très au sérieux, l'envie de vivre "à peu près normalement" est intacte et les voyageurs sont disposés à "faire avec" les contraintes qui s'accumulent un peu plus chaque semaine.

Et les sursauts sont certains : en dépit du contexte qui peut paraître anxiogène, un Thanksgiving "exceptionnel" a été vécu aux US, le 25 novembre, selon Duetto Pulse, expert en stratégies de maximisation des revenus hôteliers. Autrement dit : dans un contexte critique, des bulles de suractivité sont possibles, et même prévisibles. "Les taux d'occupation restent très bons et le trafic web montre que l'intérêt des consommateurs pour les voyages à travers les États-Unis restent à un niveau rassurant", précise le spécialiste. Le constat est le même en Europe ..;

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Les voyageurs de 2022 veulent le maximum

Dans le monde (France incluse), pour la suite, les indicateurs visant l’année prochaine sont très encourageants. Le rapport Expedia sur les tendances de voyage 2022, publié le 1er décembre, révèle que les voyageurs veulent que leurs prochaines vacances soient leur plus grand voyage. Ces futurs clients frustrés par la pandémie appellent de leurs vœux des expériences transformatrices et significatives. Ils veulent du sens !

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Plaisir sans filtre, recherche de sensations… Cette étude reposant sur 12 000 personnes interrogées dans 12 pays fait émerger le "GOAT" (Greatest of All Trips), phénomène selon lequel les clients ne veulent surtout pas rater leur séjour.

Christie Hudson, senior manager chez Expedia, résume cette recherche d’idéal : "Voyager ne consiste plus seulement à aller quelque part (...) 2022 sera l'année où nous tirerons toute la richesse et le sens de nos expériences. Qu'il s'agisse de partir ailleurs, d'être plus spontané ou de se faire plaisir, les voyageurs recherchent la grandeur du voyage pour obtenir leur GOAT".

Pour sa part, Lloyd Biddle, directeur des solutions d'entreprise chez Duetto, observe que "l'intérêt des consommateurs pour les expériences de voyage ne faiblit pas, comme en témoignent les volumes élevés de disponibilité et d'achat de prix sur les sites web dédiés pour les séjours tout au long de 2022". Il est vrai que les 72% d’augmentation du trafic web enregistrés par Duetto sur cette fin d'année, par rapport à l'automne, sont sans appel.

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On annule en cascade et on réserve aussi

Les voyages en 2022 seront une question de qualité, pas de quantité : le GOAT sera certainement l'un des axes de communication absolu pour tous les professionnels du tourisme. Ce sera à qui sera en capacité à en proposer tout ou partie aux voyageurs de son pays !

N’empêche que - pour le moment - les annulations se multiplient, comme si l’un ne pouvait pas aller sans l’autre. Le variant Omicron pose la question d’une sixième vague de Covid (après la flambée attendue en cette fin d’année) et confirme qu’il faut accepter le "vivre avec" plutôt qu’espérer un post-Covid incertain.

Les annulations sont la conséquence de la crainte, de l’incertitude aux frontières, les règles de test dans le pays de destination (et les loisirs pas accessibles), le risque de rester bloqué ailleurs avec un retour plus-que-mouvementé ... En toile de fond, il faut voir là l'effet d'un certain manque d’harmonisation des pass sanitaires nationaux et un cafouillage international auquel nous sommes habitués. L’absence de coordination européenne et mondiale est un grain de sable de plus pour la mobilité internationale. Un point sur lequel l'OMT et les organisations professionnelles exigent des réactions gouvernementales et coordonnées rapides ...

Selon toute observation, le rythme des nouvelles réservations pour les séjours en décembre a décéléré en Europe, mais le tempo reprend de 56 % pour les séjours tout au long de 2022 selon le Pulse Report publié par STR le 1er décembre.

Certes, l’Union européenne affiche le taux d'annulation le plus élevé de toutes les régions du monde pour décembre, mais le niveau reste élevé jusqu'à avril prochain. Parallèlement, les futurs voyageurs reniflent, ils se renseignent… la volonté de partir est là. Lloyd Biddle observe que "même si l'activité d'annulation de réservation a augmenté ces dernières semaines, ce qui n'est pas surprenant compte tenu de l'incertitude entourant les deux variants du Covid, l'intérêt des consommateurs pour les expériences de voyage ne faiblit pas, comme en témoignent les volumes élevés de disponibilité et les achats de prix sur les sites web brand.com pour les séjours tout au long de 2022".

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In France we trust

Sans tomber dans une préférence hexagonale primaire (qui n’a aucun sens dans un tourisme planétaire), il faut bien constater que l’inaccessibilité des destinations étrangères, depuis la France, conforte encore et encore le tourisme domestique.

Trivago a informé le 14 décembre que les taux d'annulation sont passés à 35% entre novembre et décembre et que la planification des voyages a baissé de 10%... tout en spécifiant que "la plupart des voyageurs choisissent des destinations nationales" dans tous les pays observés, dont la France, bien sûr.

Une nouvelle fois, pour les professionnels français habitués au Covid depuis bientôt deux ans, il s’agit juste d’une re-nationalisation du marché touristique. "Tout comme en 2020, les voyages intérieurs sont l'option préférée car les consommateurs cherchent à retrouver leurs amis et leur famille", souligne Trivago. Domestic trip, quand tu nous tiens !

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Accélérer et freiner en même temps

Le double phénomène actuel est un étonnant "en même temps" ! D’un côté, certains voyageurs annulent, de l’autre, ils sont motivés par un profond désir de partir. Ce qui reste évident puisque, sondage après sondage, le voyage est considéré comme un "besoin vital" par une majorité d'européens.

Ce n’est pas un paradoxe, mais juste une étape. L’essentiel est que le désir demeure, ce qui garantit une fréquentation hôtelière pour les prochaines semaines, vers le printemps et même l’été 2022 plutôt stable, voire supérieure par rapport à 2021.

En attendant, il est à prévoir que le "lastminute" reprenne de l’importance, mais, si l’instabilité devient la norme, ce n’est plus de l'instabilité, cela devient une nouvelle normalité. Un rétrécissement des fenêtres de réservation est possible, raison pour laquelle il reste impératif d’être performant en captation de clients ... et en agilité tarifaire.

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Pour rassurer les professionnels les plus inquiets, le ministre délégué au Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, a indiqué "on ne laissera tomber personne, l’Etat continuera d’être là", en allusion à Omicron, le 16 décembre (chomage partiel, dispositif Urssaf, PGE, etc ...).

Le gouvernement s’engage à accompagner tous les acteurs du tourisme impactés par les nouvelles restrictions dues au variant. Mais le pire est improbable, de sorte que les professionnels n’ont pas à redouter un retour des conditions drastiques de 2020, car la situation générale est bien davantage sous contrôle et, surtout, les voyageurs ont apprivoisé le virus.