Booking mesure le dilemme des voyageurs "verts"
L'inflation serait-elle sur le point de contrarier les meilleures intentions "environnementales" ? C'est un peu ce qui ressort de la dernière étude menée par Booking auprès de 33.000 voyageurs interrogés au sujet de leurs (bonnes) intentions quant à organiser un ou des voyages un peu plus "durables" que les années précédentes ...
Soyons clairs, quand il s'agit de durabilité, c'est comme pour la Danette, tout le monde se lève et valide ! Selon l'étude menée par Booking, 77% des voyageurs se déclarent prêts à voyager "sans faire de mal" à l'environnement dans les 12 prochains mois ... Mais, parce qu'il y a un "mais", 54% des voyageurs considèrent que les offres "durables" restent encore trop chères. Du coup, en raison de l'inflation, la probabilité de réserver un hébergement "non durable" mais moins cher (et qui permet de rester plus longtemps sur place) est en train de l'emporter sur la bonne conscience. D'où ce que Booking qualifie de "dilemme entre le coût et la conscience environnementale". Tout est dit !
Autrement dit "la durabilité a ses raisons que la raison (du portefeuille) ne connaît pas" ... Et le sentiment que le "durable" est au voyage ce que le bio est aux fruits et légumes - trop cher ! - ne cesse de progresser: si 54% le pensent aujourd'hui, ils n'étaient que 45% des voyageurs l'an dernier. Gare, par conséquent, à ne pas trop appuyer sur la pédale des prix même si vous faites (et bravo pour cela !) tous les efforts louables pour rendre votre hébergement ou votre spot de loisirs de plus en plus durable. Autant dire que le mot clé "tourisme durable et pas cher" a de l'avenir ...
D'autant plus que, cet été en particulier, l'industrie du tourisme devra montrer plus-que-patte-blanche sur ses efforts en matière d'eau, notamment. La durabilité (comme tourisme vertueux) mais aussi comme nécessité pour ne pas nuire sur l'équilibre des ressources naturelles va devenir un sujet d'actualité.
Thomas
Esteve
Les voyageurs plus responsables
Une chose est certaine, les efforts de durabilité sont conséquents et la route sera longue pour les professionnels. Pour autant, c'est aussi un effort à mener avec les voyageurs eux-mêmes ... qui sont, de manière croissante, plus actifs aussi sur ce sujet. Ainsi, selon l'étude Booking, les voyageurs affirment adopter des mesures similaires lorsqu'ils voyagent qu'à leur domicile: près de 80% déclarent éteindre toutes les lumières de leurs chambres quand ils n'y sont pas, 57 % affirment éteindre la climatisation quand ils la quittent (soit + 35% par rapport à 2022 ... mais qui n'est pas la meilleure façon de réduire la consommation...), 53 % déclarent utiliser leur propre gourde isotherme pour éviter d'utiliser des bouteilles d'eau en plastique (+ 29 %), 71 % gardent la même serviette plus de deux jours (+ 37 %) et 79 % déclarent éteindre les lumières et les appareils dans les hébergements lorsqu'ils n’y sont pas. Tandis que 50 % affirment désormais recycler leurs déchets lorsqu’ils voyagent.
Destinations ? "Peut mieux faire" !
Les voyageurs (et les professionnels) affirment de plus en plus leurs convictions "durables" même si l'inflation contrarie évidemment le passage aux actes en raison de prix supérieurs (dans les lieux "durables") et donc, moins compatibles avec les budgets forcément contraints de 2023.
Cependant, cette année marque un virage en la matière. L'étude Booking, par exemple, révèle que 45 % des voyageurs planifient désormais leurs visites de façon à marcher, faire du vélo ou prendre les transports en commun ... et donc, éviter de trop utiliser leur voiture (polluante et coûteuse au prix actuel du plein).
De même, comme nous l'avons souligné dans de précédents articles, pour "optimiser" leur budget, les voyageurs seraient prêts à partir hors des "grands carrefours" où les prix des nuitées sont forcément plus élevés. Selon l'étude Booking, cette année, 39 % des voyageurs se déclarent prêts à partir à un autre moment que la "haute saison"; soit une hausse de 22 points par rapport à 2022.
Pour les autres (ceux qui ne peuvent pas partir sur ces "ailes de saison"), près de la moitié (49 %) souhaitent des remises et des incitations économiques afin d'opter pour des options respectueuses de l'environnement (en hausse de 12 % par rapport à 2022).
Mais, ce que révèle aussi l'étude, c'est que c'est encore trop la "galère" pour trouver des hébergements et des spots de loisirs "durables" sur une destination donnée. Comme le souligne Booking, "malgré de bonnes intentions, 44 % des voyageurs ne savent pas où trouver des options plus durables. Par exemple, 75 % recherchent des expériences authentiques représentatives de la culture locale, mais à l'opposé, 40 % ne savent pas comment ni où trouver ces visites et activités qui leur permettront de redonner à la communauté locale". De quoi interpeller les destinations sur leur capacité à jouer sur la thématique "durable" autrement que ce qu'elles font jusqu'à ce jour et en se concentrant - tout simplement - sur le recensement et la mise en valeur de ces offres ... qui créent et stimulent, pour le coup, la demande ...
Thomas
Source : Etude Amadeus - Févier 2023 - Travel Tribes