Le covid reprend ? Et si le workation devenait stratégique ?

Le covid reprend ? Et si le workation devenait stratégique ?

Le workation, révélé en 2020 par le Covid, se transforme en offre permanente des hébergements gagnants. Les propriétaires qui affichent une offre workation progressent car ils s’attribuent une image dynamique, adaptée aux besoins, même si ce mode de séjour est minoritaire chez eux. Le workation rime avec énergie, adaptabilité, fonctionnement à l’année… autant d’atouts au crédit des hébergeurs.

Le workation est un puissant vecteur d’image

On aurait pu croire que le workation allait disparaître avec Le Covid, mais trois phénomènes se croisent : le Covid ne nous quitte pas, rien ne dit que le télétravail ne va pas s'imposer de nouveau, et le workation s’est, de toute façon, installé durablement dans les prestations de nombreux hébergements.
Dès le départ, ce mode d’accueil né de l’opportunité d’isolement générée par le Covid, couplée au télétravail, constitue un revenu d’appoint et non pas une activité principale. La nouveauté à intégrer, c’est que son intérêt ne repose plus uniquement sur ce qu’il est, mais ce qu’il représente : les clients peuvent de prendre à imaginer que les valeurs associées au workation vont transpirer sur eux-mêmes, ou, plus simplement, ils sont attirés par un lieu adossé à la vitalité. En somme, il ne s’agit plus forcément d’accueillir réellement des travailleurs venus de mettre au vert, mais de faire savoir que vos prestations leur sont adaptées. Cette tendance est observée depuis longtemps à la montagne, où l’on va sans chausser les skis (voire sans savoir skier), et à la mer, que l’on peut fréquenter sans mettre les pieds dans l’eau (voire sans savoir nager). Peu importe, on consomme de l'ambiance et de l'image.

shutterstock_1167252364-copie

  • Les vertus induites par un hébergement workation sont valorisantes pour les clients.
  • Elles déteignent naturellement sur l’attractivité du lieu, y compris pour les voyageurs qui sont 100% en vacances (0% travail) ou sont carrément retraités.

Lire aussi :
Du Wifi, oui, mais du haut débit !

Nouveau call-to-action

Un segment hôtelier à part entière

A l’origine, le workation s‘adresse surtout aux nomades digitaux, qui ne veulent pas choisir entre vacances et activité pro. Ces individus qui souhaitent débrancher tout en restant connectés ont assuré des revenus de sauvetage à l’hôtellerie lorsque le Covid n’était pas encore apprivoisé. Depuis, les complexes touristiques proposent des forfaits "workation", le Club Med a associé ce concept à plus de 70 de ses resorts dans le monde, de nombreux sites de voyages compilent les meilleures destinations dédiées…
Le workation, apparu comme bouée de sauvetage dans le cadre de la cadre du Covid, est devenu un segment à part entière de l’hôtellerie. Il est conforté aux US par la vague de la "grande démission" : de nombreux travailleurs démissionnent pour mieux profiter de la vie et se libérer de contraintes qu’ils jugent désuètes. Cette "Great Resignation" concerne 20 millions d’Américains depuis avril 2021 (chiffres du Bureau du travail américain). Elle concerne aussi bien les classes populaires que les catégories aisées. Ces hommes et ces femmes appelés "quits" ne quittent pas le monde du travail, mais ils choisissent sa juste place dans leur vie. Le hashtag #QuitMyJob est utilisé pour promouvoir le choix de ces démissionnaires.
Cette conséquence de la pandémie est une recherche de cadre de vie plus doux et moins aliénant. Le workation est une aubaine pour les hébergeurs, car ce phénomène social-sociétal devrait se poursuivre.

A l'échelle de la France, cette envie-besoin d'épanouissement est en train d'éclore en tant que phénomène. Le Figaro du 22 novembre observe que "de plus en plus de salariés privilégient leur qualité de vie et leur équilibre entre leur vie personnelle et professionnelle" et interroge Laura, salariée d’une entreprise de communication : "Je me suis rendu compte que j'avais eu tout faux dans mon ancien mode de vie. La seule compensation était financière et ça ne suffisait pas", revendique cette quadragénaire qui fait le choix de l'épanouissement. De là à la conversion vers le staycation, il n'y a qu'un pas !

Lire aussi :
Comment le "staycation" peut survivre au Covid

Une offre standard à faire perdurerKarelle-Lamouche

© Karelle Lamouche, directrice commerciale Accor Europe du Nord

Les vertus liées au workation (que nous avons vues) ne sont pas que des mots, elles sont aussi des "cases à cocher" : Wifi, entrain etc… tout ceci est concret. Les Maisons d’hôtes et autres indépendants français peuvent prendre appui sur l’exemple du groupe Accor, qui lance les packages "Commute and Stay" pour aider les travailleurs flexibles à profiter du meilleur des deux mondes. Cette offre lancée en août dernier sur le marché britannique inclut jusqu'à 15 % de réduction. Elle permet deux jours au bureau et un lieu de divertissement en soirée avec les clients, collègues et amis, restés sur leur lieu de travail habituel. Ce n’est donc pas une coupure intégrale, mais une formule hybride, née de l’expérience de 2020 : "L'année dernière a montré aux employés et aux employeurs ce qui peut être réalisé chez eux" observe Karelle Lamouche, directrice commerciale Accor Europe du Nord. Partout dans le monde, l'idée de la WFH (Working From home) a avancé en force, mais les recherches du groupe ont montré que ce détachement radical ne correspondait pas exactement aux besoins, car les travailleurs ont été privés de l'interaction sociale offerte par le travail. Le modèle hybride est mieux adapté et "il est là pour rester", assurait Kristin Mariano dans "Travel Daily Media, le 9 novembre. Début octobre, le leader de l’analyse de données GlobalData estimait estime que la pandémie a fait bouger les lignes durablement et que le travail à distance "pourrait devenir un pilier pour beaucoup".

Lire aussi :
Le voyage "santé-bien-être", tendance 2022 selon Booking

Le workation est un sésame, plus qu’une fin en soi

Un business hôtelier qui affiche une offre workation dégage d'entrée une impression positive. Ce positionnement doit être mis en avant comme un label (de nos jours, qu'est-ce qui n'est pas "friendly", en l'occurrence "work friendly"?).

Une stratégie dédiée sera immédiatement perçue comme une attitude moderne, bien en phase avec la réalité, les besoins de l’époque. L'hébergement sera (à juste titre !) perçu comme attentif, attentionné, prévenant et toutes les autres variantes de l’hospitalité qui se respecte.

Les hébergeurs qui mettent en avant le workation parmi leurs offres ne vont probablement pas s’assurer l’essentiel de leur chiffre d’affaires, ni leur marge ou leurs bénéfices, sur ce seul profil de voyageurs. Cependant, ils jouiront de belles retombées en termes d’image, en flattant subtilement leurs clients pas du tout concernés.

Lire aussi:
Pas de voyages d'affaires avant 2025