Booking et AirBnB sont unanimes: la reprise sera "verte" !

Oui, les incertitudes planent encore sur les dates précises de la reprise (le calendrier présenté peut "bouger" selon les évolutions sanitaires) et oui, l'été 2021 imposera une plus grande prudence que le précédent en raison d'une situation que l'on sait désormais encore très instable. Pour autant, l'envie de partir en vacances est toujours là, même très très forte comme le relatent les deux champions de la réservation ... qui ont les yeux rivés sur la campagne !

Comme l'an dernier, les français sont suspendus aux annonces du gouvernement pour s'assurer s'ils pourront ou non partir en vacances. Ce jeudi, après les annonces du premier ministre, AirBnB affirme avoir constaté une explosion de 25% de son trafic en France !. Selon Emmanuel Marril, le "boss" d'AirBnB pour la France, "40% des requêtes concernaient des destinations rurales et côtières pour le seul mois de mai".

Côté Booking, les recherches explosent aussi et, comme son rival, la tendance semble se porter sur le "trio de tête" composé du Calvados, du Var et de la Charente-Maritime. Côté AirBnB, le Top10 se complète avec le Vaucluse, les Pyrénées-Atlantiques, la Gironde, la Seine Maritime, le Morbihan et la Vendée.

Au cours des 30 à 45 derniers jours, les prix moyens des hébergements auraient considérablement augmenté et ne seraient plus que 5% inférieurs à ceux d'il y a un an. Ils étaient 11% moins chers quelques semaines plus tôt.

Les trains font chauffer les réservations

Selon les experts, ces destinations sont choisies par leur desserte "facile" avec la capitale et l'Ile de France (en ras-le-bol de confinement) et la rapidité avec laquelle il est possible aux voyageurs de revenir chez eux si la situation sanitaire l'exigeait. En clair, pour le redémarrage, mieux vaux se trouver à quelques encablures d'une gare TGV ... D'ailleurs, côté SNCF, depuis les annonces de "déconfinement", on dénombre un décollage "spatial" des réservations avec plus de 150.000 transactions par jour. De quoi inciter le transporteur national à élargir son offre de départs pour les prochains jours...

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Même tendance du côté des réseaux sociaux: Pinterest a déclaré que si les recherches sur des sujets tels que la pâtisserie, l'organisation de la maison et la pleine conscience ont atteint des sommets sans précédent au plus fort de la pandémie, l'aiguille se dirige maintenant vers des sujets tels que les tenues et les vacances et notamment les zones de campagnes ...

Le (re)démarrage semble donc bien en mode "chauffe" avec des réservations qui s'étalent, en moyenne, sur 4 jours et une tendance continue à la recherche de dates et de disponibilités pour l'été prochain. Côté Booking, le rétrécissement du format des vacances se confirme: plus de la moitié des voyageurs désire encore plus de courts séjours qu’avant la pandémie. Pour autant, pour cet été et l’automne 21, ce sont 62 % des voyageurs qui feront plus attention au prix lors de leurs recherches et leurs réservations. Une tendance qui confirme que les voyageurs ne vont pas se précipiter sur la première offre venue dès les annonces de reprise. L'heure est donc à la recherche active ... et à la comparaison. Ce que confirme d'autres distributeurs.

Selon Yariv Abhesera, le fondateur de Travel Factory (maison-mère de Locatour), les recherches de dates et de prix explosent "mais les réservations sont, pour l'heure, en electroencéphalogramme plat !" et ce, malgré des offres contenues dans des conditions d'annulation extrêmement souples (jusqu'à J-1). La raison ? Un attentisme encore important pour savoir où et quand il sera possible de partir cet été; les français, semble-t-il, se montrant assez méfiant à l'égard d'un calendrier d'ouverture qui pourrait encore s'étaler dans le temps ...

À la campagne, mais dans son propre pays !

Cette fois-ci, en tous cas, un changement de cap semble s'opérer car, selon AirBnB, les recherches porteraient plus sur des secteurs moins "denses", plus retirés en clair, et toujours en zone rurale; notamment vers les communes de moins de 3000 habitants, qui constitue le "stock" le plus croissant de son "inventaire". L'exode vers les villes touristiques ne semble donc pas être pour demain...

Cette reconquête des campagnes ne sera, toutefois, pas que l'apanage des français. Selon AirBnB, les britanniques (dans leurs réservations du moment) semblent privilégier leur propre campagne que les zones retirées de l'hexagone. AirBnB note une aspiration pour le Cornouailles, le Dorset, le sud du pays et le Pays de Galles tandis que les allemands semblent envisager, eux aussi, des vacances "à la maison" plutôt que sur les côtes espagnoles et redécouvrent les attraits de leurs côtes de la Mer du Nord, le Sud Tyrol ou encore la Bavière. Là aussi, 2021 devrait être légèrement différent de 2020 ...

Toutefois, toutes les prévisions semblent démontrer que la clientèle européenne (90% de la clientèle étrangère habituelle de la France) devrait se décider à revenir dans l'hexagone, dans des proportions "sérieuses", qu'à la faveur du mois d'août, voire même du mois de septembre prochain. Comme pour s'assurer que la situation soit rétablie à peu près durablement.

Photo by Lewis Westwood Flood / Unsplash

Des initiatives dans tous les sens pour relancer le marché

L'appel du vert et de la campagne devrait donc marquer les premiers pas de la reprise sous l'impulsion des grandes plateformes qui ont mûrement analysé le marché et les attentes des voyageurs dans le monde entier en vue du post-confinement. Pour capter la demande et créer de l’offre, AirBnB s'apprête à lancer une campagne intitulée "The Greatest Outdoors / En pleine nature". Sa stratégie actuelle puise dans les données mondiales et européennes, extrêmement positives. Le Financial Times, par exemple, titrait à la mi-avril: "Le prix des locations d'été aux États-Unis en plein air augmente - Les voyageurs se dirigent vers les parcs nationaux, les plages et les destinations de randonnée à mesure que les taux de vaccination augmentent". Le New York Times annonçait, à propos des location d'été: "Si vous recherchez une destination non urbaine, vous n'êtes pas seul". Le ton est donné, en 2021, les hébergeurs ruraux peuvent et doivent capter des flux nouveaux, même dans les endroits méconnus.

La campagne attire 165 % de plus qu’en 2019 !

S'il fallait s'en convaincre au-delà des déclarations des grandes plateformes, le désir d’escapades rurales est lui aussi démontré par la plateforme d’observation des locations de vacances AirDNA. Les chiffres de mars 2021 soulignent un niveau d'occupation 4% plus élevé qu'en 2019 aux USA, avec des différences saisissantes entre la ville et la campagne.

Fréquentation hôtelière en prévision (2021 vs 2019) :

    • 4% pour l'ensemble des États-Unis
    • 27% pour les petites villes et les villages
    • 17% pour les montagnes et les régions des lacs
    • 9% pour le littoral
  • -11% pour les grandes villes

Sur les marchés urbains, la demande en mars 2021 n'atteignait que 55% de son niveau de 2019. "Les petites villes et les zones rurales attiraient plus que jamais, en représentant 165% de la demande de 2019" souligne AirDNA.

Airbnb, déjà penché sur les logements insolites et originaux (glamping) nous indique aussi les (nouvelles) "envies rurales" pour cet été 2021, toujours d’après les recherches de clients recensées sur sa plateforme:

Type de logement et progression 2019 vs 2021

  • Tente : 260%
  • Dortoir : 167%
  • Camping : 153%
  • Earthouse - habitations troglodytes : 149%
  • Péniche 142%.
  • Maison restées "dans leur jus” : 140%
  • Séjour à la ferme : 119%
  • Cabane dans les arbres : 111%
  • Maisonnettes : 109%
  • Logements spécifiquement adaptés aux enfants : 86%

Preuve que la campagne est le "nouvel eldorado" des OTAs comme AirBnB, la plateforme continue de développer des partenariats sur le terrain. Après le réseau "Bienvenue à la ferme" (NDLR : dont la plateforme nationale est équipée par elloha), AirBnB vient de signer avec l'Association des maires ruraux (AMRF) de France. Cette collaboration fait tinter la monnaie ! AirBnB versera 100 euros à l'association pour toute nouvelle annonce d'hébergement postée sur la plateforme de location entre particuliers, comme une prime à l’incitation à l’engagement. Cette méthode doit permettre de créer du tourisme supplémentaire dans les zones rurales françaises délaissées par les vacanciers. Objectif: créer 15 000 nouveaux hébergements d'ici la fin de l’année. L'AMRF (communes de moins de 3500 habitants) utilisera cette manne pour communiquer, afin d’inciter les habitants à mettre leur logement en location ...

Une relance de la ruralité française

AirBnB, acteur public et politique ? Presque, tant son slogan "Libérez le potentiel du rural !" et sa méthode engagent à créer du tourisme là où il y a du patrimoine, mais peu de visiteurs. Cette démarche business induit un impact économique qui peut irriguer des territoires en recul général. "La majorité des sites remarquables en France se situent dans des endroits non touristiques", observe Emmanuel Marill, directeur Europe chez Airbnb. L’été 2020, l’Alsace et la Bretagne, les Vosges, la Creuse, le Jura, la Dordogne ont "très bien marché sur AirBnB (et cette année), on ira encore plus loin, dans des contrées plus perdues, plus isolées". "L’opération commerciale d’AirBnB peut revitaliser des communes rurales car, plus il y aura de gens qui font de l'accueil, plus on développera l'artisanat, les travaux de réhabilitation, la réactivité des centres de villages, etc", espère Michel Fournier, président des maires ruraux.

En France, selon AirBnB, de mars 2020 à mars 2021, la campagne "En pleine nature" aurait généré 450 millions d'euros pour les propriétaires contre 110 millions en Italie. Preuve que le rural peut devenir un "or vert" pour les OTAs, dans le monde, ces annonces rurales ont rapporté plus de 5 milliards de dollars en 2020. D'ici la fin de l'année, AirBnB vise 15 000 annonces rurales en plus des 50 000 qu'elle a déjà dans son portefeuille !

De l’éthique écolo, en attendant le tourisme spatial !

Quel avenir pour cette année et le reste de la décennie ? Booking France estime, de son côté, que la "honte de prendre l'avion" ressentie par certains voyageurs culpabilisés (pollution au kérosène) ne va pas "se généraliser", mais "il y aura une réflexion autour de l’éco-responsabilité", d’autant que les compagnies aériennes réfléchissent à devenir plus propres.

En France, la "compensation carbone" sera obligatoire sur les vols intérieurs dès 2024 et, pour améliorer la qualité de l’air, les pollueurs devront financer des projets de protection de la nature, notamment par le développement des forêts et de l’agroécologie. D'ailleusrs, selon une récente étude Booking, 53% des voyageurs du monde entier souhaitent voyager de manière plus durable à l’avenir.