L'Europe tourmente Booking !
Dur dur d'être un OTA ! Et surtout, un OTA très largement dominant sur le marché européen ! Que ce soit par la commission européenne elle-même ou par des autorités nationales comme en Hollande (son siège d'origine), en Espagne ou en Italie, la "reine des plateformes" doit faire face à une multiplication d'attaques en règles qui risquent fort de marquer son année 2024 ...
Un label "durable" qui ne va pas durer
Communiquer sur le voyage durable était devenu indispensable en ces années post-covid et en ces temps où l'empreinte carbone n'a jamais autant été soupesée dans tous les actes de notre vie. Booking, qui avait lancé son propre label "Sustainable Travel" vient de le retirer suite à une attaque en règle de l'autorité de la concurrence néerlandaise qui le jugeait un peu trop "souple" pour les hébergeurs et donc, potentiellement "trompeur" pour les voyageurs ...
Son label retiré depuis le 25 mars
Dans un communiqué publié la semaine dernière, l'autorité néerlandaise de la concurrence a annoncé que "suite à des discussions avec Booking, la plateforme lui annoncé qu'elle avait décidé de retirer le programme "soi-disant durable Travel Sustainable" à partir du 25 mars".
Pour l'autorité néerlandaise, "la présentation de ce programme était trompeuse, car le terme « Travel Sustainable » pouvait donner à tort l'impression que voyager est durable, sans clarifier suffisamment à quels aspects cette affirmation se réfère, ce qui pourrait fausser l'impression des efforts de durabilité réels des hébergements".
Booking a donc retiré son label de durabilité dans le monde entier et a aussitôt annoncé le lancement d'un nouveau système de labellisation amélioré en recourrant, notamment, à des systèmes de labellisation produits par des tiers de confiance. Selon l'ACM, *"le programme Travel Sustainable de Booking ne répondait pas aux exigences légales, notamment parce qu'il donnait une impression déformée des hébergements non affiliés au programme, n'expliquait pas clairement sur quoi étaient basés les scores et ne proposait pas toutes les mesures qualifiées de bénéfiques pour la durabilité".==
Depuis le 25 mars, Booking s'est donc engagé à supprimer le label de ses pages ainsi que les scores qui y sont liés, et à ne plus utiliser d'icônes telles que les feuilles vertes lors de la présentation des hébergements.
Booking ne reste pas sans réagir - ni sans communiquer ! - sur le sujet: "Notre ambition a toujours été de rendre plus accessibles et simples les choix de voyage plus durables pour toutes et tous. Nous restons déterminés à offrir des options de voyage plus durables à toutes et tous, tout en accompagnant nos partenaires d’hébergement dans l’obtention de certifications par un organisme tiers. Même si nous mettons à jour la façon dont nous présentons les choix d’établissements plus durables, en retirant le nom, le logo et les niveaux de notre badge Établissement Voyage Durable, les voyageurs seront toujours en mesure d’identifier et filtrer les hébergements certifiés par un organisme tiers et connaître les bonnes pratiques mises en place que nous ont indiqué nos partenaires".
L'Italie enquête aussi
Après les néerlandais, les italiens s'attaquent aussi à Booking puisque, la semaine dernière, l'Autorité italienne de la concurrence (AGCM) a annoncé avoir lancé une enquête sur la plateforme... en employant les grands moyens puisque des perquisitions ont même été lancées dans les locaux de la plateforme aux Pays-Bas, en collaboration avec la Guardia di Finanza italienne.
Selon les limiers de l'autorité de la concurrence, les soupçons porteraient sur un possible abus de position dominante de Booking sur le marché, notamment via son programme "Partenaires préférés", qui offre une visibilité accrue aux hébergeurs moyennant une augmentation des commissions.
L'AGCM craint que cette gestion du programme ne restreigne la concurrence et n'entraîne une hausse des prix et une réduction des choix pour les consommateurs. De son côté, Booking a affirmé coopérer pleinement avec les autorités italiennes dans l'optique, très probable, de "calmer le jeu" car cette investigation ressemble de près à ce qui est arrivé à Booking, en Espagne, notamment ...
Cette nouvelle enquête s'inscrit, en effet, dans une série de litiges antérieurs avec les autorités de la concurrence dans plusieurs pays européens, notamment la récente amende de 486 millions d'euros infligée par l'Espagne ou encore le blocage, par la Commission européenne, du rachat du groupe suédois eTraveli par Booking en septembre 2023.
Cependant, pour Booking, toutes ces procédures lancées pays par pays sur le thème de la concurrence devraient être traitées au niveau de l'Union européenne afin de permettre à la plateforme de se défendre dans une législation unique et non pas selon les nuances d'appréciation et d'application pays par pays. L'année 2024 risque donc fort d'être très active pour les juristes européens de Booking...