L'inflation va-te-elle contrarier la saison d'été ?
Aux US aussi, l'inflation commence à galoper et à faire réflêchir de nombreux consommateurs sur leurs choix à court terme. Selon la seule étude du genre au monde - l'Europe et la France n'ont pas encore mesuré l'impact de l'inflation actuelle sur les intentions de départ en vacances - près de 7 américains sur 10 envisageraient de revoir sérieusement leurs plans pour cet été ... Et en Europe ?
Ce qui se passe aux US finit toujours par se reproduire chez nous et, dans une économie de plus en plus globalisée, le risque de propagation d'un phéonomène d'un continent à l'autre n'est plus une théorie. Selon la dernière étude de Bankrate (une plateforme de conseil aux épargnants et emprunteurs créée en 1976), le niveau d'inflation actuel pousserait 69% des américains à revoir leurs plans pour l'organisation de leurs vacances cet été.
Prix de l'essence à la hausse, pénurie de certaines matières premières (liée aux impacts directs de la recrudescence de covid dans les régions exportatrices chinoises), mais aussi risque de blocages sur des denrées majeures comme les oléagineux ou le gaz naturel ... ces phénomènes, qui affectent l'Europe en premier lieu, touchent aussi les US.
Comme à la suite des premiers confinements de 2020, pourtant, ces circonstances n'entament pas l'envie de partir en vacances, mais semblent pousser les voyageurs à "re-calibrer" les contours de leur prochain départ.
Personne ne peut dire si l'étude de Bankrate préfigure l'opinion des voyageurs français et européens (ce genre d'étude n'existe pas encore ici pour mesurer l'impact de l'inflation sur les intentions de départ en vacances, même si l'étude Raffour 2022 esquisse un peu la question), mais les causes de l'état d'esprtit "prudent" des voyageurs américains sont relativement similaires aux situations inflationnistes rencontrées en France et dans le reste de l'Europe.
À défaut de donner une prédiction sûre, ces conclusions peuvent permettre de se projeter en mode "défensif" en fonction des aléas qui pourraient se manifester (dans le portefeuille des français) d'ici cet été.
En effet, comme en Europe, selon l'étude Bankrate, l'inflation et le coût du carburant inciterait les voyageurs à faire moins de trajets (25%) et donc, à parcourir des distances plus courtes (25 %). Comme en France, depuis 2020, l'inflation devrait donc avoir un impact "positif" sur le maintien d'un tourisme domestique largement supérieur aux années pré-covid.
Autre effet de cette inflation galopante, pour les prochaines vacances, 23% des voyageurs considèrent d'ores et déjà qu'ils vont réserver des activités (loisirs) moins chers tandis que 22% d'entre eux ont déjà décidé d'annuleur leur hébergement pour aller réserver un séjour moins cher que le précédent.
Toutefois, à ce stade, pas d'alerte majeure, selon les analystes de Bankrate, malgré l'inflation élevée et des perspectives pessimistes (menace de guerre, blocage sur les matières premières, etc ...), l'envie de partir l'emportera sur le reste ... comme un arrière-goût du phénomène du voyage-revanche que nous décrivions le printemps dernier (et qui s'est confirmé dans les chiffres publiés après l'été).
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"Alors que beaucoup de voyageurs indiquent qu'ils pourraient réduire leurs projets de vacances d'été, je soupçonne que la demande refoulée l'emportera sur les prix plus élevés", Ted Rossman, le principal analyste du secteur Voyages chez Bankrate.
Selon ce spécialiste, les voyageurs ont dépensé "de manière agressive malgré une inflation élevée et des statistiques pessimistes" et la plateforme a commencé à observer une transition massive "des dépenses en biens vers les dépenses services comme les compagnies aériennes, les hôtels, les bars et les restaurants" qui, malgré ce climat, signalent tous une forte demande.
Donc, inflation ou pas, selon ces spécialistes (et cela devrait être de même en Europe), après deux ans de pandémie et des étés "sous contrainte", les voyageurs sont prêts à repartir cet été, "même si cela signifie payer des prix plus élevés et potentiellement réduire leurs économies ou s'endetter".
Cependant, comme l'affirme l'étude, la remise en question du budget est bel et bien avérée:
- rester au pays,
- partir moins loin de chez soi,
- revoir son budget "hébergement",
- être plus aiguisé pour trouver des attractions bon marché.
Question détermination à partir, selon l'étude Bankrate, plus on est jeune, plus on est susceptible de partir cet été:
- 72% pour les 18-25 ans,
- 65% des millénials (26-41 ans),
- 61% des Gen X(42-57 ans),
- et 58% des baby-boomers (58-76 ans).
Evidemment, la probabilité de prendre des vacances d'été augmente aussi avec le niveau de revenu et la plage reste la destination la plus courante (37%) avant la campagne (28%) et les villes (27%). Enfin, conséquence confirmée, en raison de l'inflation, seulement 12 % voyageront à l'étranger.
Même si nous avons à coeur de cultiver de nombreuses différences avec les américains, les tendances économiques directement liées à l'inflation ont un grand intérêt à la veille du lancement de la saison estivale. Dans un contexte qui pourrait se confirmer (sinon s'aggraver), mieux vaut donc anticiper à la lumière de ces indications "consuméristes":
- ajustez au mieux la présentation de vos prix : ne les cassez pas, mais sachez leur "mettre plus de valeur" car les voyageurs vont être très regardants sur les avantages que vous procurez ou non en contrepartie d'un prix qui sera forcément trop élevé pour eux. Le petit-déjeuner à prix d'ami (ou "offert") sera particulièrement apprécié chez les hébergeurs ou encore "3 entrées achetées, la 4ème offerte" pour les activités, etc
- gardez l'oeil sur l'évolution des prix de votre concurrence immédiate: un non-professionnel ne voyant pas son planning se remplir comme il le souhaitait n'aura aucune hésitation à casser les prix dans votre région. Là aussi, ne cédez pas à la panique, et augmentez la valeur de vos offres. N'oubliez pas que "à la fin des vacances, on se souvient de l'expérience vécue et non du prix payé ...",
- enfin, sachez proposer des conditions de paiement et de réservation plus souples que vos concurrents : prepaid partiel ou "3 fois sans frais" devraient connaître un succès majeur pour cet été en raison des tendances avérées des voyageurs à "lisser" leur risque et leur budget.