“La plus forte saison touristique de tous les temps” selon le boss d'Expedia

La formule "Travel is back" résume l’actualité du tourisme, associée à la maîtrise du Covid. Le patron d’Expedia prédit euphoriquement une période estivale super-explosive. Cette grande libération post-pandémie, présente en Europe mais pas en Asie, serait associée à des budgets de vacances bien plus importants qu'auparavant. Le millésime 2022 s’annonce mémorable, avec un regain d’intérêt pour la ville.


Peter Kern, PDG d'Expedia Group © Expedia Group

La sortie de la crise sanitaire a des allures d’après-guerre (même si l'actualité nous ramène dramatiquement à une autre forme d'inquiétude...), avec d’énormes envies de rattrapage : après les privations (confinements, restrictions, masques, précautions), place au retour d’une certaine insouciance et d’une tranquillité d’esprit.

"Nous parlons depuis longtemps de demande refoulée mais jusqu'à présent, il y a eu trop de restrictions", affirme Peter Kern, PDG d'Expedia Group. Le patron de la première OTA rivale de Booking prévoit carrément que ==l’été 2022 sera "la plus forte saison touristique de tous les temps". Rien que ça !

L’hébergement touristique (au sens large) retrouve davantage de tonus que le secteur des croisières et du transport aérien, tandis que les voyages d’affaires continueront de fonctionner au ralenti.

Sur ce segment "business", "2022 est l'année de réajustement, la révolution est pour 2023" soutient William Edel, PDG de l’agence Wagram (Paris), spécialisée dans le voyage d'affaires.

Le pronostic audacieux de Peter Kern, prononcé le 17 février, complète l’estimation effectuée le 9 février par le World Travel & Tourism Council, selon lequel les réservations pour l'été 2022 dépassent déjà d’au moins 80 % les niveaux de 2021, tandis que les voyages et le tourisme dépasseront de 6,2 % les niveaux de 2019 dès cette année. Ces données à caractère mondial sont variables selon les pays : nous assistons à une "reprise en ordre dispersé", observe Le Monde du 24 février, au regard des niveaux de vaccination et des politiques de réouverture des pays variables.

En termes généraux donc, un fort vent d’optimisme souffle, à la faveur de la triple vaccination et du cash disponible dans les foyers. Si le regain des déplacements de loisirs se confirme depuis l’été 2021 (même si Omicron a perturbé l’entame de l’hiver), nous allons atteindre "un pic à l’été", soulignent les experts qui se sont confiés au "journal du soir".

Pour corroborer le tout, le bulletin publié le 10 février par l’European Travel Commission estime que le tourisme en Europe va atteindre cette année 80% des chiffres de fréquentation de 2019. Le rattrapage sera donc net, grâce à la demande de voyages intérieurs (supérieurs à 2019) et intra-européens, qui seront encore 35% inférieurs en volume à ce qu’ils étaient en 2019.

L’Europe en bonne forme, l’Asie en berne

Le retour du voyage n’est pas homogène selon les destinations : l’Organisation mondiale du tourisme observe en 2021 une augmentation globale de 4 % des déplacements internationaux par rapport à 2020, ce qui représente une baisse de 72 % par rapport à 2019.

L’agence rattachée à l’ONU constate une reprise "lente" et "inégale", comme le démontrent ces données consolidées.

Cette année, il est peu probable que l'Asie et l'Amérique latine retrouvent une dynamique décisive, en raison à la fois de protocoles plus stricts et "un nombre plus élevé de cas de cas de Covid en cours", estime Peter Kern, le "boss" d'Expedia.

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L’envie de ville est bien là !

Les annonces du PDG d’Expedia sont le fruit des statistiques de réservations reçues par la plateforme basée à Seattle et ce, au plan mondial.

Elles laissent entendre que le rural, fortement célébré durant le Covid en raison de l’évitement social (le brassage de population tant redouté), pourrait être un peu délaissé au profit de la ville en 2020.

"Les gens en ont assez d'aller dans les parcs nationaux. Ils veulent aller à New York et assister à un spectacle à Broadway", déclare-t-il au sujet de ses compatriotes américains. Pas sûr que les français suivent la même logique ...

S'agissant des voyageurs américains, ce dernier observe que les villes européennes dotées de nombreuses attractions culturelles (Florence, Paris et Londres) sont déjà très demandées. Il s’agit cependant d’une vision extérieure, que l’on peut contrebalancer par les prévisions d’Airbnb, qui s’attend à une confirmation de la nouvelle passion des voyageurs pour la ruralité française, tout en s’engageant très concrètement pour développer la campagne.

Dans ce même sens, le désir accru de nature, à 30 %, va persister, selon une étude sur les intentions et les attentes des voyageurs, présentée par Accor début février. Les escapades citadines monteront à 26 % du total des destinations à mesure que les touristes seront tranquillisés. Mais, en France, le désir de "vert et d'espace" est réel !

Il faut mettre cependant un bémol sur le succès immédiat de Paris, car la clientèle asiatique, qui constitue un gigantesque contingent de touristes, reste absente pour un moment encore.

La Chine continue de dissuader les déplacements de ses nationaux, de sorte que la manne représentée par cette clientèle à Paris (avec 1000 euros de dépenses par séjour, hors transports, contre 900 € pour les Américains) ne sera pas disponible immédiatement. La non-reconnaissance des vaccins chinois s’ajoute au problème. Et les difficultés de survol du conflit russo-ukrainien ne devrait rien arranger à la chose ...

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Une augmentation des prix assumée

Le scénario d'une inflation à 5% cette année dans la zone euro, selon la Commission européenne, concerne aussi l’hôtellerie et l’industrie touristique en général.

Mais les voyageurs sont optimistes et veulent injecter du budget dans leurs loisirs : l’étude Accor révèle que la clientèle touristique a l'intention de dépenser en moyenne 39 % de plus en voyages en 2022 qu'en 2019 (et de s’offrir 4 voyages dans l’année).

Ces clients privés de liberté, souhaitant dépenser des sommes importantes, sont également repérés par Peter Kern d'Expedia : "Les prix seront élevés, les gens sont prêts à payer ce qu'il faut pour voyager et aller où ils veulent".

Le boss d’Expedia affirme qu’une partie de la demande refoulée "est constituée d'épargne accumulée" par des personnes "lassées de dépenser en biens matériels ménagers" et "déjà prêtes à payer pour de nouvelles expériences".

À noter aussi que ce rapport analytique évalue à 14 % la proportion d’Européens qui prévoient de s’offrir du luxe comme jamais. En parallèle, une enquête mondiale dévoilée en décembre 2021 par les hôtels Voco d'IHG Hotels & Resorts révèle que 78% des voyageurs recherchent un service d’hébergement de haute qualité. Ce faisceau d’indices sérieux invite à garder fermement le sourire.

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Le défi : préserver les acquis du Covid

La levée des obstacles aux voyages mis en place pendant la pandémie semble devoir précéder un retour à la case départ de 2019. Avec des modifications durables dans le comportement et les choix des voyageurs.

Pour la France, par exemple, ces améliorations concernent la montée en puissance des destinations de campagne et de petites villes, le tourisme à échelle humaine et le partage de valeurs de proximité, relation humaines et même d’implication dans les territoires au travers des achats chez les producteurs et artisans locaux (l’impact du voyage sur la planète est important pour 87% des personnes, selon Accor.

Cet esprit du voyage conscient, moins évident en ville, pourrait faire (partiellement) les frais d’un redémarrage du tourisme à une vitesse plus forte (plus folle ?) que jamais.

Le défi général est de préserver son attrait envers la clientèle qui a fait la découverte du rural de façon "opportuniste", dans les circonstances de crainte du virus. Le contexte anxiogène disparaissant, le retour à la normale ne doit pas entraîner un effet de reflux. Pour les propriétaires de logements indépendants, l’enjeu est donc de rester séduisants (et non plus seulement utiles), en amorçant une période qui conservera uniquement les bons côtés de la parenthèse pandémique en matière d’accueil, de convivialité et de bien-être mental, de technologie et d’approche de leurs logements.

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