Un jour (vraiment) sans fin ?
Par Bruno DELMAS, fondateur et CEO de elloha
Si l'on devait définir l'état d'esprit des voyageurs à l'aube de 2022, ce serait bien celui-ci : "Partir, oui, absolument ! Et même, dès que possible !"
Rien de neuf sous le soleil (qui continue de briller)
Et surtout, "en étant sûr de pouvoir revenir !". Car, dans cette situation instable - qui plus est, lorsque l'on vise de partir à l'étranger - personne ne veut plus prendre le risque de se trouver trop loin de chez soi et, dans le cas des plus prévenants, trop loin d'un écosystème-santé digne de ce nom. Donc, partir, oui, mais avec un maximum de précautions. Et, comme les deux années précédentes, ce sera certainement en restant "au pays" que l'on craindra le moins. 2022 sera donc une troisième année de "grand tourisme bleu-blanc-rouge", selon l'expression convenue (comme si l'on oubliait que la France est, historiquement, une terre de tourisme "domestique"; à ceci près qu'il s'agit d'une expression moins sexy...).
Optimisme et prudence
Ce n'est pas encore en 2022 que sera décrétée la fin (irréversible) de la pandémie même si les propos des spécialistes sur la "bonne surprise" d'un Omicron moins dangereux et donc, potentiellement, annonciateur d'une décrue mondiale semblent souffler un très très léger vent d'optimisme. Pour beaucoup d'entre nous, ce sera donc "Wait and See" tout en se disant que la vie - à défaut d'être normale - se verra de moins en moins contrainte d'ici la fin de l'année. Et que les grands "carrefours" de vacances ne sont - a priori - plus menacés. Pas plus que les weekends en amoureux où hôtels, maisons d'hôtes, restaurants et sites culturels ne semblent plus, a priori, menacés de fermeture ou de trop fortes contraintes ... pour peu que les pros aient pris suffisamment de précautions pour bien gérer ces flux.
En clair, quelque soit le nom du variant, les voyageurs ont désormais pris acte de la situation: le jeu consistera à passer "entre les gouttes". C'est-à-dire, à s'organiser pour partir au bon endroit et au bon moment ... et, avec les bonnes personnes. Ce ne sera donc pas forcément en pleine période de vacances scolaires où les regroupements favorisent aussi les flambées épidémiques. Si l'on en croit ce qui se vit aux Etats-Unis, où les voyageurs passent leurs vacances d'un état à un autre (les US en comptent 50) et prennent souvent l'avion pour cela, Omicron ou pas, l'envie de voyager est là et les réservations ne subissent plus la même déferlante d'annulations. Comme si les voyageurs avaient intégré qu'il leur fallait désormais vivre dans une forme d'équilibre instable, de situation où rien n'est acquis ... un peu aussi, grâce aux conditions de réservation hyper-flexibles qu'ont adoptées l'immense majorité des professionnels du tourisme.
Des conditions qui sont devenues hyper-flexibles, mais des prix qui restent ... à un niveau élevé (notamment, dans l'aérien ou chez les croisièristes qui affichent des taux de réservation supérieurs à 70% à l'heure actuelle), signe que la demande est toujours là, forte, déterminée et disposée à payer ce qu'il faut pour profiter d'une expérience inoubliable. ==Une envie que les spécialistes ont définie sous l'acronyme GOAT pour Greatest Of All Trips, ou Le meilleur de tous mes voyages. Encore une fois, "qui sera forcément pas loin de chez moi ...".
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En Europe, c'est la même histoire : voyager, aller voir ailleurs, quitter le quotidien, etc ... Omicron ou pas, l'envie de repartir anime - en permanence - plus de 56% des habitants du Vieux Continent.
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Jamais, comme en cette période digne du film "Un Jour Sans Fin", le voyage (ou, tout simplement, l'escapade du weekend) n'aura été autant plebisicté comme "besoin vital". C'est dire, les attentes des voyageurs en ce début d'année 2022.
Un besoin vital à satisfaire "quoi qu'il en coûte"
Car oui, le voyage - au sens large du terme, c'est-à-dire, incluant les petites escapades en weekend ou les breaks de milieu de semaine - est désormais classé au rang des besoins vitaux. Et ce n'est pas un excès de langage. Netflix, Disney+, Amazon déversent chez vous tous les contenus videos dont vous avez besoin, Amazon, Deliveroo et Uber Eats apportent chez vous tout ce dont vous avez besoin en quelques heures ou quelques minutes ... bref, si "tout le monde" peut venir à vous, ce qui vous manque le plus maintenant "c'est d'aller vers le monde".
Et cela est valable pour tous, sur tous les continents ! Les recherches de séjours et d'idées d'évasion atteignent des sommets sur Google et sur les réseaux sociaux; signe d'une impatience incontrolée des êtres humains pour quitter leur "chez soi", leur "poste de télétravail", etc ... L'envie de partir est donc là, prégnante, quasi compulsive.
Ce qui veut dire aussi que votre communication doit changer !
Un marketing revu de fond en comble
C'est donc en ce moment que les voyageurs cherchent, comparent, consultent ... les sites de voyages, les avis des voyageurs, les recommandations de leurs amis sur les réseaux sociaux. Même si les inconnues sont nombreuses sur la date, le lieu, les conditions, les envies sont colossales ... et les besoins d'information aussi.
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En 2020, dans un contexte de confinement strict, la date du 11 mai (jour du déconfinement en France) a vu les réservations exploser d'une minute à l'autre ! Les voyageurs n'étant pas sûrs de partir et les professionnels n'ayant pas forcément "agilisé" leurs conditions de réservation, tout s'est fait en l'espace de quelques heures.
En 2021, avec une meilleure préparation sur la flexibilité des réservations notamment, les professionnels ont réussi à déclencher les décisions de réservation plus tôt sur l'avant-saison : sans baisser forcément les prix, mais en offrant plus de souplesse, ils sont parvenus à "sécuriser" leur planning de réservation bien plus tôt qu'en 2020.
En 2022, ce sera encore plus le cas. Selon tous les observateurs, les réservations se feront encore plus tôt sur l'avant-saison (ne l'oubliez pas, les recherches commencent maintenant !) et les durées de séjour seront plus longues. On peut même dire que l'envie de départ étant très très forte, le budget moyen des dépenses sera encore plus élevé. À une condition, offrir une information plus précise aux voyageurs et donc, différente de celle que vous avez construite ces dernières années ...
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Certes, le voyage doit faire rêver et cela signifie de communiquer grâce à - de plus en plus ... - de belles photos et de belles videos.
Du côté de l'écrit, ne lésinez pas non plus ! Faites-en des tonnes si nécessaire mais donnez un "max" d'informations sur les conditions d'accueil de vos clients. Ne faites pas comme si le covid n'existait pas (ou du moins, de nouvelles vagues de restrictions), mais continuez à montrer comment vous vous êtes organisé pour offrir l'accueil que méritent vos clients et cela, "quoi qu'il en coûte".
Bien sûr, continuez d'éviter le style compassé et médicalisé des circonstances covid, mais montrez bien que vous maîtrisez le sujet et que votre établissement - sans sacrifier à la qualité des expériences proposées, ne lâche rien sur la sécurité de ses clients ... Enfin, que votre entreprise joue aussi son rôle d'entreprise citoyenne en faisant respecter les protocoles qui s'imposent.
Car les voyageurs de 2022 sont d'abord des internautes exigeants: ils veulent tout savoir au moment où ils bâtissent leur projet d'évasion (c'est-à-dire, en ce moment et pour les prochaines semaines). Comment s'organisera leur accueil, de quelle manière est organisé le petit-déjeuner, comment garantissez-vous une véritable convivialité même si les restrictions persistent, où pourront-ils se rendre pour vivre des moments sympas ou découvrir des lieux inspirants sans se mêler aux grandes foules, comment leur confort sera-t-il garanti, y compris chez les plus jeunes, etc ?..
Car, après des mois et des mois de "montagnes russes émotionnelles" et de frustrations, les voyageurs de 2022 voudront un itinéraire "balisé" dès qu'ils franchiront la porte de votre établissement. Cela vous semble too much ? En tous cas, très exigeant ? Vous n'avez pas tort, mais ce sera la réalité du marché des prochains mois. Alors, mieux vaut s'y préparer pour en tirer le maximum d'opportunités. Le voyageur de 2022 a des envies (immenses !) mais il est aussi un individu éclairé et prudent, prêt à payer plus cher si nécessaire pour s'assurer une évasion d'un weekend ou de plusieurs jours sans la moindre ombre au tableau.
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Et une très belle année à vous tous !
Soyons confiants pour 2022 ! Ce sera encore une année qui mettra à contribution votre formidable capacité d'adaptation et qui nous apportera à tous des occasions nombreuses d'évoluer sans arrêt.
Sur un plan plus personnel, permettez-moi de vous souhaiter la meilleure santé possible pour vous et les vôtres, de vrais moments de bonheur avec ceux qui comptent le plus pour vous, une espérance jamais entamée y compris dans les grands moments de doutes et une joie quotidienne d'exister et d'accomplir ce magnifique métier de l'hospitalité.
Bonne Année 2022 !
Fidèlement,
Bruno et toute l'équipe de elloha