Les 3 tendances qui dessinent le tourisme post-été 2021

Les 3 tendances qui dessinent le tourisme post-été 2021

Non, on ne sortira pas de l'été 2021 avec la même insouciance qu'en 2020 (où l'on n'imaginait pas repartir dans les vagues successives et voir, entre temps, la montagne privée de ses amoureux ... En cette prochaine fin d'été 2021, on garde un oeil avisé sur la possibilité de vivre une année 2021-Bis, mais avec une progression certaine vers une activité "quasi-à-la-normale" comme le définissent ces trois tendances que nous avons résumées pour vous ...

Avec 90 millions de touristes étrangers à l’été 2019, 35 millions en 2020 et une prévision de 50 millions rabaissée à beaucoup moins, la France rebondit convenablement après avoir connu la pire période du Covid. Ses visiteurs sont surtout européens, car la clientèle internationale lointaine attend l'apaisement (la dernière enquête Travelzoo sur les tendances de voyages, présentée début août, indique que la sécurité personnelle inquiète 56 % des Chinois et 34 % des Nord-Américains).
C’est une confirmation inédite, le dernier baromètre Orchestra confirme que juillet 2021 a été moins bon que juin : les ventes de voyages réalisées ont reculé de 31% par rapport à juillet 2019, alors que juin avait été marqué par 6% de hausse du volume d’affaires (comparé aussi à 2019). Amélioration en juin, recul en juillet… La mention “peut mieux faire”, connue des écoliers, illustre l’été en cours. La pandémie, c’est l’incertitude sur le calendrier, de sorte que toutes les analyses doivent être prises avec des pincettes. Nous faisons donc le choix de parler de "tendances".

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Tendance 1 pour 2022 : moins et "mieux" de touristes

Comparatif juillet 2021 vs juillet 2019 Flux reçus Panier moyen
Grèce +10% +8%
France métropolitaine +13% +22%
Espagne +0% +15%
Finlande 92 % -10%
Italie -52% -6%

Source : NG Travel /Boomerang / L’Écho touristique

Selon cette évaluation issue des principales agences de voyages, la France a réussi juillet, et dessiné une tendance à surveiller : les touristes ont dépensé bien plus qu’en 2019, un phénomène présent en moindre mesure en Espagne, pays qui a connu des flux constants. Malgré une hausse à peine croyable, en Finlande, les visiteurs ont moins dépensé.
Absente du classement, mais déterminée, la Thaïlande vise le top 5 mondial dès 2022 en termes de fréquentation, selon le conseil stratégique de son Autorité du tourisme, réunie début août. Au mieux, le pays obtiendrait 48 milliards d'euros de retombées touristiques en stimulant les voyages intérieurs et les dépenses, grâce à la création d’expériences de voyage, afin que ses flux nationaux soient équivalents à ses flux étrangers. La marque "Amazing Thailand" visera les "touristes de qualité", c’est-à-dire aisés, venus en particulier de l’étranger.

En France, un tourisme plus qualitatif est dessiné par Emmanuel Macron, sans excès : Le "plan de reconquête" annoncé le 2 juin par le chef de l’État doit dynamiser le tourisme français par une "montée en qualité des infrastructures". Cette stratégie, qui doit s’appliquer jusqu’en 2026, inclut l’offre hôtelière. Le Président a qualifié les campings de "force de la France dans l'Europe", mais a évité de parler du profil des touristes. Début août, le secrétaire d'État chargé du Tourisme Jean-Baptiste Lemoyne espérait encore accueillir les fameux 50 millions de touristes étrangers (là non plus, sans considération de profils, c'est-à-dire de chiffre d’affaires induit). "On sera loin" de cet objectif, a déclaré Patrick Viceriat, président de l'Association française des Experts du Tourisme, le 16 août.

Quantité vs qualité, le débat tabou

Le débat "quantité ou qualité" s’entrouvre discrètement au niveau national, tout en étant tranché plus localement : Nice, entrée au patrimoine mondial de l'Unesco, le 27 juillet après avoir protégé plus de 300 bâtiments depuis sa candidature, espère maintenant attirer des touristes haut de gamme venus pour la culture ou les affaires et se "protéger du tourisme de masse", selon son maire, Christian Estrosi. Sans ambages ni gêne sociale, c’est en Espagne que l’on trouve une synthèse tranchant avec l’évolution en cours : "La Catalogne mise sur un tourisme de qualité et non de quantité", affirme Patrick Torrent, directeur exécutif de l’Agence Catalane de Tourisme, qui se réjouit d’une lente disparition du tourisme de masse : "Le tourisme rural, en maison d’hôte par exemple, est en train de croître fortement".

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Tendance 2 : Delta en 2021, variant colombien en 2022, vraie reprise en 2023 ?

Sans être catastrophistes, en se basant simplement sur l’expérience Covid vécue par tous, il est évident que le variant Delta aura été le frein à la progression estivale pourtant bien prometteuse dès mai dernier.

Il est logique de supposer que le variant colombien (0,5% des cas au niveau mondial), identifié dans une trentaine de pays et (encore) marginal en France, pourrait jouer les trouble-fête en fin d’année ou l’année prochaine même si l'on croit ferme que, cet hiver, les stations rouvriront (certes, sous contraintes).

L’OMS affirme que ce variant devrait s'imposer dans les prochains mois. Une personne déjà infectée par le passé ou bien vaccinée pourrait même être plus facilement contaminée par cette souche potentiellement plus transmissible que le Delta. Le paramètre "virus" reste donc le seul véritable déterminant en matière de flux et de revenus touristiques, de sorte que c’est l’actualité pandémique qui décide de l’actualité touristique, notamment pour 2022.

Tout porte à croire, donc, que l’année prochaine sera meilleure que 2021, car la sécurité et la confiance seront retrouvés, vaccination aidant. Cette condition sanitaire capitale doit contribuer à une reprise de la demande internationale en 2022... ou au plus tard en 2023, selon les conclusions de l’International Congress Center ICC Berlin, tenu en mars dernier.

Le scénario le plus raisonnable pour 2022 semble être celui d’une reprise timide, c’est-à-dire une progression qui ne sera pas spectaculaire, mais une progression quand-même : les recherches effectuées sur les datas d’Expedia montrent que 27% des voyageurs envisagent l'international l'année prochaine et que 71% sont à l'aise de montrer un passeport vaccinal.

En attendant, les US ne tablent plus sur 2022 et ils repoussent à plus tard les prévisions de croissance qu’ils avaient envisagées pour leur tourisme. Les fournisseurs de datas et d'infos stratégiques hôtelières STR et Tourism Economics estiment désormais que la "reprise complète" est pour 2023, mais c’est en 2024 que le RevPAR (revenu par chambre disponible) dépassera les performances de 2019. Les années 2023-2024 sont une "ligne d’arrivée", a résumé Amanda Hite, présidente de STR, à l’occasion de l’Hotel Data Conference, organisée du 11 au 13 août à Nashville.

2022 serait donc une année charnière, mais pas une année de gros succès. Les (dé)confinements et les variants imposent un temps en dents de scie, qui prive les professionnels de visibilité à moyen terme. Le long terme est promis comme radieux dans 12, 24 ou 36 mois, cette drôle de crise est contrôlée par la vaccination et les technologies sans contact et d’identité digitale, mais le besoin de reprise durable dépend du sentiment de sécurité que les destinations sauront transmettre aux voyageurs.

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Tendance 3 : le tourisme domestique s’installe

Aux US, en attendant l’immunité collective qui permettra de sortir du territoire, le Covid invite le pays tout entier, depuis l'été dernier, à peaufiner son tourisme intérieur pour l’année prochaine.

C’est ainsi que se multiplient les formules de voyages basées sur l’héritage national, la musique et la nourriture américaines, dans les hôtels les plus historiques d'Amérique, à consommer en 2022.

Cette redécouverte aux accents patriotique fait partie des phénomènes programmés. En Thaïlande, le chiffre d’affaires touristique ambitionné pour l’année prochaine vise aussi les nationaux. La marque "Amazing Thailand" est aussi faite pour eux, dans une sorte de pédagogie sur les fondamentaux du pays. Cette dernière tendance auto-touristique, née du Covid, faisait dire au Président Macron "Les vacances, c’est en France", le 2 juin. Amorcée en 2020, prolongée en 2021, la découverte de son propre pays, comme tendance des années à venir, peut devenir une habitude, voire un comportement ancré dont il va falloir tenir compte dans votre modèle économique, votre stratégie marketing et, surtout, votre arsenal digital !

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