Des tarifs en hausse qui vont durer tout l'été sur Airbnb et ailleurs...

La confiance est de retour chez les hébergeurs, avec comme indicateur les tarifs Airbnb et PapVacances, en hausse cet été, spécialement en France. Le marché du logement à court terme va se refaire une santé et persister sur la lancée. Le must, ce sont les grandes maisons au bord de la mer ou à la campagne, mais attention, les annulations ne font plus l'objet d'aucune discussion.

Difficile de mesurer parfaitement le moral des hébergeurs à l’approche des prochaines grandes vacances. L'heure est aux derniers préparatifs de la saison et à la gestion (acrobatique) des nombreuses annulations-réservations qui font faire le yoyo aux états d'âmes depuis quelques semaines. Mais, en réalité, les tendances sont plus-que-bonnes et cette situation d'instabilité n'est rien de plus normal durant cette période de grande incertitude où les voyageurs ne savaient pas dans quelles conditions, quand et jusqu'où ils pourraient partir.

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Toutefois, certains indicateurs en disent long sur les tendances estivales. Les tarifs d’été pratiqués chez Airbnb en Europe permettent de deviner le niveau de confiance des propriétaires, car les prix progressent, parfois spectaculairement, après l’instabilité de 2020. En préfiguration de l’après-Covid, les locations de courte durée européennes sont placées sous observation. Et il faut dire que ça monte niveau tarifs. Oui, mais à quel degré ? En consultant les données relatives à juillet 2021, produites par la plateforme communautaire en partenariat avec le fournisseur de données Transparent, on peut facilement percevoir et de manière indubitable que l'été sera bon ... et ce, quelle que soit la météo (annoncée caniculaire, par ailleurs).

+112 % à Nice, +159 % à Chamonix

Ce premier comparatif prend appui sur les tarifs journaliers moyen (ADR) de juillet 2021 et ceux de juillet 2019, année pré-pandémique considérée comme normale ou, carrémment pour certains, comme "plus haut historique" des dix dernières années.

On constate que la France est le pays le plus cher sur la zone d’étude, avec Chamonix en tête, tant en 2019 qu'en 2021. La progression tarifaire y est spectaculaire, avec 159 % en deux ans, contre 106 % pour Paris et 112 % pour Nice. Si la tendance vers le rural est fortement marquée sur Airbnb, on peut voir avec ces chiffres que l'envie de villes françaises "iconiques" reste encore très vicace.

Pour autant, la France ne se résume pas à ces trois points de chute habituellement favorisés et adossés à un certain standing voire au luxe. La tendance est générale, car la sortie du climat anxiogène enduré depuis mars 2020 provoque un mouvement de balancier (nous avons anticipé dès décembre : "L'épargne hivernale devrait profiter aux vacances du printemps et de l'été"). Ailleurs, les hausses sont davantage dans la moyenne, mais les pays (Espagne et Italie) restent moins chers que la France. Les 9 destinations scrutées connaîtront toutes une augmentation cet été et le reste de l’année. Les destinations alentour ... aussi.

Comment mettre à profit ces chiffres et leur donner un sens stratégique ?
En premier lieu, il convient de parler du sentiment des hébergeurs, moins moroses, car les affaires reprennent, peut-être mieux qu’avant
. Chaque marché analysé souligne un changement radical, qui doit ramener une grande confiance chez les professionnels "dans un climat de demande amplifiée", précise Transparent.
En France, les prix dans le rural augmentent de 32 % (comme en Espagne), mais en Europe, cette hausse est limitée à 25 % (contre 19 % en ville).

Prix en hausse, tendance durable ! Cette embellie générale des prix fait dire à Transparent que "cela suggère que la demande persistera, avec des taux plus importants".

Photo by ben o'bro / Unsplash

La location de maisons rurales progresse de 11%

Il n'y a pas que sur Airbnb que la tendance est à la hausse. Pour PAP (de Particulier à Particulier), après un recul au 1er trimestre, les réservations pour l’été sont en très nette hausse depuis avril. ==Pour la période du 1er juillet au 31 août, comparée à son équivalent en 2019, au niveau général, on relevait 30,7% de réservations supplémentaires au 31 mai, par rapport à la même période en 2019, et 65,1% pour les seules maisons (incluant les maisons chez les particuliers et les maisons d'hôtes). Un véritable boom ! Selon PAP, le format préféré est le logement à la campagne, plus grand et moins cher que sur le littoral. Ces maisons à la campagne sont particulièrement recherchées par ceux qui considèrent l’été comme un moment de retrouvailles après les privations de ces derniers mois.

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  • 77 % de réservations concernent la mer, avec une hausse moyenne de 24 % (mais 47 % pour la Côte d’Azur, 46,2 % pour la Corse, 35,3 % pour l’Atlantique Sud. La Normandie recule de 12,7 %).

  • 17 % des réservations concernent la campagne, avec une progression fulgurante de 82,4 %. Destinations phare : Dordogne, Lot, Vaucluse, Drôme, Ardèche. Ces lieux très en vogue capitalisent l’envie de ruralité, de vrai, le soleil, de patrimoine et de produits du terroir.

Sur ce marché rural, les grandes maisons sont très appréciées, avec un prix en progression de 11% depuis 2019. Elles restent toutefois moins chères que sur la côte et permettent d’accueillir une moyenne 6,5 personnes (contre 5,8 à la mer) pour 172 euros par personne et par semaine, contre 207 euros à la mer.

Le volume des maisons est un paramètre déterminant pour leur prix. Ainsi, les prestations de ces grands logements d’allure familiale sont invitées à évoluer, car, pour cet été, les réservations effectives qui les concernent portent sur une moyenne de 5,8 occupants, contre 5 en 2019. L’intérêt porté par les clients sur les grandes maisons est à même de relancer un marché, voire de le développer pour les années à venir. Cette appétence peut facilement révéler ou relancer des villages, des vallées et des terroirs méconnus, par effet d’addition.

L’été des annulations ?

Après les bonnes nouvelles, il n’est pas question d'abattre le moral des hébergeurs, mais d’évoquer tout le contexte de l’été 2021. Cette saison verra la progression du phénomène des annulations, en progression depuis 2017. Le dernier pointage Net Affinity, publié le 10 juin, confirme que la culture du "réservez maintenant, payez plus tard" est férocement installée. "En tant qu'hébergeur, il est important que vous soyez conscient des tendances car cela vous aidera à déterminer comment lutter contre ce phénomène croissant".

Augmentez vos prix et resserrez vos conditions de paiement et d'annulation

La compréhension du comportement et des attentes des clients est la clé du succès face à la concurrence. Votre site web propose-t-il des conditions d'annulation favorables ? Si c’est le cas, cela favorise les réservations directes et permet de gérer les taux d'annulation, car ceux qui réservent directement, avec une relation directe avec l'établissement sont "moins susceptibles d'annuler" que lorsqu'ils réservent via un OTA.

Autre préconisation pour réduire les annulations : ==Si vous êtes sûr que votre établissement peut facturer un acompte sans que cela n'affecte négativement vos revenus, c’est une bonne stratégie. L'idée est de le faire de manière progressive; c'est-à-dire, au fur et à mesure que vous vous avancez vers et dans la saison. Votre offre, même si elle n'est pas réservée, finira par l'être dès que la cohue des voyageurs va se former. A vous de jouer sur ces curseurs (prix et modalités de paiement et d'annulation) au fil de l'eau: vous avez tout à y gagner ... Cet été encore, ce sera du pilotage à vue 👀 ...