Un tiers des bailleurs quittent la location "courte durée" façon AirBnB
Le mouvement de fond du retour à la location "longue durée" pour des bailleurs qui avaient massivement tenté leur aventure dans la "location courte durée façon AirBnB ou Abritel" semble se confirmer. D'après une récente étude conduite par le site PAP auprès de 2350 propriétaires (interrogés entre le 8 et le 18 septembre), 1/3 d'entre eux est déterminé à retirer leur bien des listings de locations saisonnières ...
"La location courte durée ça eut marché ...", c'est ce que disent certainement les propriétaires interrogés par PAP et qui - pour 1 sur 3 d'entre eux - ont renoncé à poursuivre leur aventure sur AirBnB, Abritel (Vrbo), LeBonCoin et autres portails dédiés. Selon l'étude PAP, la principale explication serait économique: pour 70% des "renonçants" de la région parisienne et 58% des autres agglomérations, à cause du covid, leurs réservations se sont effondrées et cela n'a pas du tout - mais alors, pas du tout - fait leurs "petites affaires". Si tous les acteurs du tourisme ont subi les conséquences de la crise, cet été, les locations de vacances ont connu des destins très variés : évitées par les voyageurs qui cherchaient des lieux "sûrs" pour leur séjour (avec garantie d'application d'un protocole sanitaire précis) ou, au contraire, prises d'assaut par des voyageurs craignant de se retrouver en surnombre dans les campings ou encore les halls d'hôtels ... Rien de très sûr, ni de très rationnel qui a valu de sérieuses déconvenues à de très nombreux propriétaires qui misaient sur la "rentabilité locative" de leur bien.
En fait, ce repli massif de propriétaires déterminés à revenir à la location "longue durée" ou au "bail estudiantin" concerne principalement les bailleurs non-professionnels; les derniers arrivés, en somme, sur ce marché en pleine effervescence sous l'effet des OTAs comme AirBnB ou de portails très populaires comme LeBonCoin. Pour les bailleurs "professionnels", le repli n'est pas aussi marqué et il y a lieu de croire qu'ils vont continuer sur ce marché potentiellement débarrassé d'une concurrence qui avait atteint son paroxysme. Idem pour les autres pros de l'hébergement (hôtels, maisons d'hôtes, gîtes et campings ...) qui voient plutôt d'un très bon oeil le résultat de cette étude en termes de "régulation darwinienne de leur concurrence".
Cette étude vient confirmer les nombreux constats effectués de-ci, de-là partout en France et, même si elle semble marquer un mouvement de fonds très clair dans les grandes agglomérations françaises, elle ne semble pas épargner non plus les zones plus "périphériques" où la location saisonnière devient trop contraignante à gérer quand les flux se raréfient.
La crise sert souvent de révélateur et de régulateur d'une situation anormalement concurrentielle. L'essor de la location saisonnière avait connu un rythme très anormalement élevé ces dernières années et le phénomène semble se confirmer dans à peu près toutes les régions du globe. Aux US, par exemple, berceau du champion mondial AirBnB, les migrations de bailleurs vers la longue durée sont largement confirmées. Le géant mondial n'est, toutefois, pas en reste d'explications : pour lui, pas d'hémorragie de la "courte durée" vers la "longue durée" même si son explication semble largement motivée par sa communication pré-introduction-en-bourse. Selon AirBnB, en effet, si l'on voit apparaître plus d'offres de longue durée que de courte durée, cela serait lié au fait que de nombreux investisseurs avaient reporté leur arrivée sur le marché après le confinement. Sur ce point PAP et AirBnB sont en désaccord total puisque l'étude menée en France démontre bien qu'il s'agit de bailleurs déjà présents sur le marché de la "courte durée" et non pas de nouveaux entrants.