Airbnb note aussi un ralentissement cet été
Comme pour Booking (lire notre article de la semaine dernière), l'été 2024 ne sera pas à marquer d'une pierre blanche pour Airbnb. Selon son dernier rapport trimestriel et ses prévisions pour le trimestre en cours (juillet-août-septembre), le leader mondial s'attend à un ralentissement continue cet été ...
Les (nouveaux) grands distributeurs du voyage (Booking, Airbnb) verraient-ils l'été 2024 comme un "retour à la normale" ? C'est-à-dire, avant le covid et avant l'épisode - ô combien faste - du "voyage revanche" où, après les deux années de confinements et de restrictions, les voyageurs n'ont pas vraiment regardé à la dépense pour s'échapper (pas très) loin et (plus) longtemps ? À en lire les derniers rapports financiers trimestriels des deux plus gros (Booking et Airbnb), la croissance de l'an dernier fera bien partie des records ... les plus difficiles à renouveler, en particulier pour le second trimestre de 2024 et probablement pour la fin de cet été:
- +11% de revenus contre +18% en 2023 à la même époque
- +9% de bénéfices (EBITDA) contre +15%, l'an dernier à la même époque,
Passons les détails financiers pour nous intéresser, somme toute, aux réalités plus opérationnelles, plus commerciales, qui intéressent l'évolution même de l'activité touristique sur l'Europe, notre marché "domestique" et tâchons de tirer de ce rapport ce que peut nous enseigner ce rapport financier.
Pari réussi pour Paris !
Si les résultats du 2eme trimestre n'ont pas de quoi déclencher une joie olympique, ceux du trimestre en cours (juillet-septembre) ne suscitent pas non plus d'enthousiasme particulier dans les rangs de la plateforme californienne qui annonce déjà une "modération séquentielle des nuitées et des expériences réservées" pour la période en cours. En clair, une baisse significative de la croissance attendue, là aussi, pour ce trimestre estival décisif.
D'ailleurs, Airbnb mesure ce ralentissement en cours par un raccourcissement encore plus fort que prévu de sa fenêtre de réservation: en clair, les voyageurs réservent de plus en plus tard, comme s'ils étaient à l'affût des "dernières bonnes affaires" pour se décider à partir "pour de bon" car, pour l'heure il est vrai, les prix sont encore très (trop ?) élevés par rapport à ce que semble supporter le marché ... en France et dans le reste du monde. La probabilité que de nombreuses chambres restent vides en raison de prix trop peu "phasés" avec le marché semble donc des plus fortes à la fois, si l'on en croit les "retours terrain", mais aussi les constats publiés par les deux plus gros OTAs, coup sur coup, à une semaine d'intervalle.
Paris restera, somme toute, une exception puisque le rapport trimestriel publié par Airbnb y note un doublement (rien que ça !) des réservations reçues un an plus tôt, durant le 2ème trimestre ! Pour la plateforme qui s'est imposée comme l'un des sponsors principaux des JO, le pari semble donc gagné de ce côté.
+16,2% sur les prix par rapport à 2022 !
Pour autant, cette situation de ralentissement va devoir se régler d'une manière ou d'une autre et l'on peut lire entre les lignes que Airbnb va:
- investir plus lourdement en marketing d'ici la fin de l'année: pour relancer les réservations ?
- appuyer sur l'accélérateur sur sa "verticale" Icons qui lui permet de proposer des produits exclusifs et tellement "disruptifs" qu'ils ne sont finalement pas trop influencés par la saisonnalité,
- enfin, la plateforme continue de travailler à sa montée en gamme: après avoir supprimé 200.000 annonces qui ne correspondaient pas à ses standards de rapport qualité-prix, Airbnb annonce avoir passé le cap de 8 millions d'adresses à louer,
Son objectif, désormais, est de faire monter en profesionnalisation ses loueurs "particuliers" en les aidant, notamment, à fixer les bons niveaux de prix:
- pas trop cher, pour ne pas rebuter les clients,
- pas trop bas, pour ne pas déséquilibrer le marché
Car, si l'on peut expliquer (aussi) les contre-performances de l'été 2024 par une mauvaise météo de début de saison ou encore, en France, un climat perturbé par l'actualité politique, la véritable raison reste un niveau de prix anormalement élevé dans les hébergements (et les restaurants !) qui a constitué le principal coup de frein aux réservations de cet été ...
Si les prix des nuitées n'ont augmenté que de 2,3% par rapport à 2023, selon MKG Consulting, ils seraient littéralement envolés de 16,7% par rapport à 2022 ! (voir plus bas). Ceci explique peut-être cela ...