Grise mine pour le mois de juillet même pour Booking
Ce mois de juillet se sera terminé comme il avait commencé: dans une certaine grisaille ! Fréquentation et, donc résultats économiques, ne sont pas fameux y compris pour le leader du marché qui n'a pas vu de grands bouleversements en matière de nuitées
Juillet 2024 n'aura probablement pas la médaille d'or de la fréquentation touristique ... en France. Aux quatre coins du pays, à l'exception notable de l'Ile de France avec les JO, les professionnels font grise mine à l'évocation du bilan de leur premier mois de haute saison estivale: ==avec des reculs pouvant aller jusqu'à 14% par rapport à 2023, la plupart des régions touristiques françaises accusent une baisse historique de leur fréquentation en cette période. Tout en gardant espoir que ce mois d'août qui démarre - mais, surtout, exceptionnellement septembre - permette un rattrappage salutaire.
Certes, la météo facétieuse de début juillet ferait office d'un coupable idéal, mais la principale cause tiendrait plutôt à l'état de santé du porte-monnaie des touristes (français, en tête !) qui ont quelques difficultés à se remettre des longs mois d'inflation survenus dans le prolongement de la crise ukrainienne ... mais, pas que. En effet, il semblerait que le reflux des prix élevés n'ait pas foncièrement touché tous les acteurs économiques: en matière d'hébergements et de nuitées, les prix affichés restent d'un niveau anormalement élevé ... comme si nous étions encore au stade du "voyage revanche post-covid" durant lequel les européens ont sacrifié leur bas-de-laine pour se payer des vacances hors-normes, sans trop y regarder question prix ... Hélas, ce n'est manifestement pas le cas cette année et il y a tout lieu de croire que les finances d'une majorité de vacanciers potentiels soient bien "rincées"; d'où des taux de remplissage bien plus bas que la moyenne en raison de prix qui n'ont pas été réajustés à la baisse suffisamment tôt. Toujours dans le registre des prix, les coûts annexes (restaurant, épicerie, etc) ne semblent pas non plus avoir été marqués par le reflux de l'inflation. Résultat ? Pour ceux qui finissent par réserver un hébergement, c'est bien grise mine aussi dans les assiettes du midi et du soir (moins de restaurant, moins de sorties, etc). Bref, juillet 2024 est un mois "blanc" pour de nombreux professionnels qui espèrent pouvoir se rattrapper en août; ce qui reste encore très incertain ...
3 fois plus de "3 fois sans frais" !
Dans ce contexte - où l'inflation continue de marquer les prix des nuitées - les consommateurs adoptent deux types de comportements:
- le plus visible et, malheureusement, le plus économiquement impactant: ils attendent encore plus tard pour réserver (voir, plus bas, ce qu'a relevé le patron de Booking) pour voir si les hébergeurs ajustent leurs prix à la baisse et, si ce n'est pas le cas, ils décident purement et simplement de ne pas partir en vacances (outre le prix des nuitées à des niveaux anormalement élevés, les coûts annexes font également figure d'épouvantails),
- l'autre type de réaction consiste à trouver des moyens de financer leurs vacances de manière moins douloureuse et, pour cela, de plebisciter les sites et/ou les hébergeurs qui proposent le "3 fois sans frais". Sur le mois de juillet 2024 (versus 2023), les transactions de "3 fois sans frais" liées aux hébergements ont carrémment été multipliées par 3 rien qu'en France !
Les OTAs ne s'y sont pas trompés en proposant aussi cette "facilité de paiement" par anticipation sur un marché qui devenait plus réfractaire aux prix élevés. De leur côté aussi, le "3 fois sans frais" fait littéralement un carton !
Booking note une baisse importante des nuitées
Lors de la présentation de ses résultats trimestriels (avril-mai-juin), la semaine dernière, le patron de Booking a dû concéder une croissance plus faible que prévu du nombre de nuitées réservées (7% au lieu de 9%) et selon toute vraisemblance, ses équipes ne misent pas sur un été "explosif" puisque le troisième trimestre (donc, cet été) n'afficherait qu'un 3% de croissance (au mieux, 5%) par rapport à 2023 ! Cumulée à une baisse du tarif journalier moyen (ADR), Booking affirme même que : "En ce qui concerne le troisième trimestre, nous pensons que la croissance du nombre de nuitées sera affectée par une fenêtre de réservation qui s’étendra moins qu’au deuxième trimestre, ainsi que par la croissance plus modérée du marché que nous avons constatée en Europe, où notre croissance est restée stable de mai à juillet" déclarait Glenn Fogel, le patron de Booking. Selon lui, son entreprise s'attend aussi "à ce que cela se traduise par une certaine décélération de la croissance du nombre de nuitées par rapport au deuxième trimestre" ... Bref, ce ne sera pas la joie cet été non plus pour le leader de la distribution d'hébergements en Europe, principalement, et dans le reste du monde.
Ces chiffres confirment un état des lieux assez bien établi en France: sur la base de nos constats, ce premier mois de juillet, les prix moyens journaliers ont augmenté de 6% en moyenne (par rapport à 2023, soit près de 3 fois plus que l'inflation du moment) alors que les taux d'occupation, dans le meilleur des cas, n'ont gagné que 3% ... L'effet inflation versus taux d'occupation semble évident.
Autre paramètre et pas des moindres: l'arrivée sur le marché, de manière toujours aussi massive, d'offres dites "alternatives" que sont les locations de vacances. Une chose est claire, avec leurs "petits prix" les meublés saisonniers ont tendance à créer une concurrence perturbée sur un marché donné et à provoquer des comportements de réservation peu maîtrisables. Booking le reconnaît aussi dans ses rapports trimestriels même si le leader mondial a besoin de gonfler son catalogue avec ses types d'offres pour mieux tenir la concurrence face à Airbnb: cet été, le nombre d'offres de courte durée a carrémment augmenté de 11% dans son "inventaire" (7,8 millions d'adresses de par le monde); ce qui placerait Booking à 66% du volume d'offres (dans ce registre) déjà présentes chez Airbnb !