Le gel des prix devrait sauver la saison ...
La raison et le sang froid l'ont manifestement emporté ... en ne relevant pas leurs prix (en raison de l'inflation), les professionnels du tourisme auraient-ils sauvé leur prochaine saison ? C'est, a priori, ce qu'il ressort des dernières analyses du marché, en France comme à l'étranger ...
Nous l'avons écrit depuis les débuts de la nouvelle séquence inflationniste, en prévision des prochaines vacances d'été, il ne fleurait pas bon suivre le mouvement général (dans l'alimentation, les carburants, etc) de relèvement des prix. Toujours aussi motivés pour partir en vacances (en raison, notamment, du caractère "vital" qu'ils leur confèrent), les voyageurs restaient sérieusement vigilants sur une éventuelle remontée de prix qui aurait pu contrarier leurs projets. Cependant, de nombreux professionnels ont tenu bon et "gelé" toute augmentation qui aurait pu les disqualifier aux yeux des voyageurs.
Cette tendance se confirme désormais, partout dans le Monde, selon la plateforme d'analyse KeyData qui estime que le nombre de nuitées réservées au second trimestre de cette année a progressé de 16% par rapport à celui de 2022. Selon les analystes, cette croissance représenterait une augmentation de 22,6 millions de nuitées vendues de plus par rapport à la même période l'an dernier. A priori, donc, tous les indicateurs sont au vert et ce, grâce à une réelle modération tarifaire car, dans le même temps, le prix moyen des nuitées n'aurait pas augmenté depuis l'an dernier ou, si peu, soit un minuscule 1,4%.
Selon KeyData, cette modération aurait contribué à générer un meilleur taux d'occupation (+15,7%) et donc, une augmentation substantielle des revenus par chambre (RevPar) de l'ordre de 17,4% au plan mondial.
Ce constant vient, par conséquent, contredire le récent mouvement de "mini-panique" des investisseurs de tous bords qui ont provoqué une baisse de 12% des actions d'Airbnb en se basant sur des rumeurs de ralentissement des réservations (à l'échelle mondiale) chez le leader mondial de la location de vacances.
Selon KeyData, la tendance est donc plutôt bonne sur l'ensemble des destinations du globe, la France en tête; une "trajectoire" confirmée, récemment, par les chiffres communiqués par ADN Tourisme (le groupement qui réunit offices de tourisme et comités départementaux et régionaux).
Selon cette entité, sur l'hexagone, lors des vacances de ce printemps (Vacances de Pâques), 6 destinations françaises sur 10 se déclarent en progression de fréquentation par rapport à l'an dernier (elles n'étaient que 3 sur 10, l'an dernier, à émettre un tel avis).
Pour les "observatoires" locaux, la tendance touche tous les marchés, de la clientèle "domestique" à la clientèle étrangère (+15% par rapport à 2022) auprès desquelles 5 destinations sur 10 se déclarent en progression, contre 3 sur 10 en "stabilité". La tendance de ces dernières semaines laisserait donc augurer d'un bel été 2023 ...
Ces chiffres sont, à la fois, issus du recueil du "sentiment" des professionnels par les observatoires locaux et des données agrégées par FluxVision, un service d'analyse produit par Orange qui mesure les déplacements des propriétaires de mobiles d'une région à l'autre et donc, de ceux qui sont assimilés à des vacanciers ou à des résidents secondaires.
Cependant, si l'on regarde de près les chiffres publiés par KeyData en Europe, la tendance de nuitées réservées est à peu près similaires à la moyenne mondiale (+15,4%) mais ... dans un contexte particulièrement plus inflationniste, puisque les prix auraient augmenté de 13,2% depuis l'an dernier !
Cette augmentation - très supérieure à la moyenne mondiale (moins de 2%) - se traduit par une augmentation du taux d'occupation plus faible que dans le reste du globe (10,2% contre 15,7%): ce qui pose la question de la stratégie qui préside à cette tendance très différente du reste du monde. Une explication pourrait se porter sur la question des ressources humaines et de la difficulté de trouver des salariés. Ce à quoi, certains patrons préfèreraient donc privilégier une occupation moindre (nécessitant moins de personnel) compensée, du coup, par des prix supérieurs à ceux de l'an dernier ...
La tendance s'inscrit donc clairement dans le "positif" et c'est une bonne nouvelle. Attention, toutefois, les voyageurs restent vigilants en cette période de pré-réservation compte tenu des fortes tensions qui pèsent sur leur budget quotidien. Un conseil ? Restez dans cette modération tarifaire pour réussir votre prochaine saison pour vous garantir un mix RevPar et Taux d'Occupation optimum pour vos finances.