Les "grands" hôteliers redéssinent leur futur
Il est toujours intéressant de regarder de près ce que se disent les big boss de l'hotellerie sur l'avenir de leur métier et la façon de s'y préparer. La semaine dernière, à Berlin, lors de l'International Hospitality Investment Forum, de nombreuses idées ont jailli des échanges entre investisseurs (ceux qui financent la "pierre") et exploitants (ceux qui gèrent les hôtels qui s'y implantent) ...
Pour Sébastien BAZIN, l'emblématique patron d'Accor, la priorité doit être donnée à la clientèle "locale" ! : ""Assurez-vous de prendre soin de vos clients de proximité, donnez-leur une raison de venir dans votre établissement, assurez-vous qu'ils utilisent le bar, le restaurant, les espaces publics pour se réunir ou travailler à distance ... ".
Pour le patron français d'une des plus grandes chaînes mondiales (dans le Top 5), cette façon de penser s'inscrit en rupture totale avec tous les concepts précédents liés à l'hospitalité : "Vous devez bouleverser toute votre vision de l'hospitalité d'il y a 40 ans ...". Pour Sébastien BAZIN, en effet, l'erreur serait de ne se soucier que du voyageur alors que la priorité devrait être placée sur le client "local": "Si la plupart des revenus d'un hôtel proviennent de clients locaux, c'est "le meilleur tampon" contre les chocs du marché comme la pandémie de COVID-19" a-t-il ajouté.
Le concept Mama Shelter (filiale d'Accor) pourrait même servir d'illustration parfaite pour ce propos compte tenu de sa capacité à fédérer une large clientèle locale dans ses restaurants, rooftops et brunches dominicaux ...
Outre cette invitation à recentrer ses efforts sur la clientèle "locale", les grands patrons de l'hotellerie identifient comme deuxième grande priorité la recherche de productivité et d'efficacité avec, par exemple, un recours plus fort encore à l'externalisation.
La semaine dernière, à Berlin, certains grands groupes ont ainsi dévoilé que le "stratégique" petit-déjeuner allait lui-même faire l'objet de ces intenses changements. Pas seulement de la sous-traitance (un petit déjeuner à votre marque réalisé par un partenaire extérieur avec ses matières premières et son personnel), mais carrémment, un recours absolu à l'externalisation: ==ainsi, le petit-déjeuner serait assuré sous une marque étrangère à votre hôtel, par des partenaires (qui n'agiraient pas en sous-traitance pour votre compte mais) qui exploiteraient (contre redevance) votre espace petit-déjeuner pour leur propre compte (avec, bien sûr, leur personnel ... pardon, leurs "talents").
Se digitaliser plus ... bien sûr
Pour les patrons de l'hotellerie internationale, déjà soumise à forte pression concurrentielle, dans un contexte inflationniste, la réponse n'est pas à l'augmentation du prix des nuitées, mais à une recherche d'une plus grande productivité pour maintenir nos marges sans augmenter nos prix ...". Et de citer, dans ce but, l'investissement dans le digital "qui est aujourd'hui un outil clé pour améliorer les performances", selon Simon Vincent, président de Hilton pour l'Europe et le Moyen Orient. "Notre objectif, maintenant, est de numériser les expériences pour éliminer les choses, les étapes, dont le client n'a pas besoin".
Se repositionner sur les voyages "business"
"Nous vivons tous un retour des revenus liés aux voyages d'affaires et il est bon d'être conscient que les loisirs pourraient diminuer à l'avenir ...". Selon ces "big boss", "les perspectives liées aux voyages d'affaires sont plus solides que beaucoup ne le pensaient. Même si les revenus ne sont pas encore aux niveaux d'avant-covid, les taux de remplissage liés au "business" sont de plus en plus bons ...". Dans cet esprit, les patrons de l'hotellerie mondiale annonçaient, la semaine dernière, un retour gagnant des voyages d'affaires et des réunions de moins de 20 personnes pour la fin de cette même année 2023 ... Ce segment représente déjà 75% des voyages d'affaires recensés en 2022-2023 par Deloitte, notamment.