3 français sur 4 partiront en voiture cet été ... moins loin, moins longtemps
Inflation ou pas, la voiture sera encore cet été "le meilleur ami de l'homme (et de la femme) en vacances"... Selon le dernier sondage Ipsos, 73 % des vacanciers vont privilégier la voiture pour partir cet été et ce, même si 55 % déclarent avoir dû changer leurs plans du fait de l’inflation...
Même avec des prix à la pompe qui ne semblent pas déterminés à revenir sous la barre des 2 euros, les français (et par extension, les européens habitués à se rendre chez nous pendant l'été) continueront de privilégier la voiture dans les prochains jours. Et, sur ce front, le ministère des transports prédit toujours un premier weekend "noir c'est noir" (sur les routes) dès les 8 et 15 juillet prochains.
Il faut dire que la montée subite du prix du carburant n'a pas permis aux français de "changer de pied" question transport... Toujours ce sondage Ipsos (pour le club d'automobilistes Roole), 55% des français déclarent avoir changé leurs plans de vacances pour cet été (voir plus loin), mais ils déclarent que ce changement n'affecte pas leur moyen de transport ... juste leur budget, et donc la longueur de leur séjour, ou la valeur (à la baisse) des nuitées réservées. Toujours selon ce sondage, en effet, seuls 11% des français interrogés ont déclaré pouvoir changer de moyen de transport du fait de l'inflation: pour ces derniers, ce sera donc train, bus ou covoiturage ...
Moins loin, moins longtemps
Comme cela a été démontré lors de notre webinaire du 30 juin sur les "Tendances de l'été 2022", "ce contexte inflationniste combiné au regain épidémique qui inquiète les français a une conséquence immédiate sur les budgets vacances ... A priori, selon Bruno DELMAS, fondateur de elloha qui animait ce webinaire, les chiffres démontrent que les français dépenseront ou partiront moins longtemps pour contenir malgré tout leur budget ...".
Tendance confirmée par l'enquête Ipsos qui démontre que : 25% des français assurent, d'ores et déjà, qu'ils partiront moins loin que prévu, tandis que 19% affirment qu'ils ont déjà pris toutes leurs dispositions pour partir moins longtemps ...
"Compte tenu de l'attentisme que l'on constate sur les réservations (avec la réduction comme peau de chagrin des fenêtres de réservation), il y a fort à parier que les départs se décideront au dernier moment pour une part croissante de voyageurs en fonction des budgets et des moyens de transport disponibles..." souligne Bruno DELMAS.
Cette situation, selon IPSOS, concernerait déjà 65% des français dits "à bas revenus" et 62% des jeunes de 18 à 34 ans ... Un été totalement inédit par sa façon de démarrer, en conséquence, même si les prévisions d'activités et de remplissage restent encore très positives !
Le bonheur des loueurs de vélos
Pris de court par l'inflation, tous les français ne pensent pas pouvoir se rabattre sur d'autres moyens de transport. D'où, selon IPSOS, à date, un taux de départ en voiture personnelle de l'ordre de 65% (pour seulement, 20% en avion et 24% en bus, car ou covoiturage)... Pour rappel, en 2022, 84% des français possèdent une voiture.
C'est donc sous la contrainte d'un budget carburant largement augmenté que les français vont partir au soleil, à la mer, en ville ou à la campagne ... Sur place, 19 % prévoient de poser la voiture et de recourir à la location de vélos. Mais, d'ici là, il leur faudra aussi trouver une place dans les moyens "alternatifs" s'ils se décidaient à ne pas partir avec leur propre voiture ... et là aussi, ce n'est pas si évident que les autres années.
La lutte des places ... dans le train et les bus
Même si la SNCF n'a pas encore communiqué sur le "niveau de charge" de ses trains pour les prochaines vacances, on sait déjà que la surfréquentation menace. Outre les traditionnelles menaces de grève (la prochaine est prévue le 6 juillet) qui transforment les gares en fourmillières en surchauffe, le prix à la pompe a déjà boosté les ventes de billets de trains: au 1er juillet, la compagnie nationale avait déjà vendu quelque 10 millions de billets pour la période juillet-août et 1,2 million de clients sont déjà attendus durant le premier week-end de juillet, puis 1,3 millions pour le week-end suivant. Pour le reste de l'été, la tendance devrait encore s'alourdir.
Selon des experts du transport ferroviaire, à ce jour, le trafic estival des TGV serait déjà supérieur de 10 % cette année par rapport au dernier été record de 2019; une telle croissance représenterait donc un bond de +25 % par rapport à 2021 ! Du jamais vu du côté de la compagnie nationale qui ne cachent pas sa crainte de "manquer de trains", selon un des cadres du transporteur national.
Bus surchargés, locations de voitures qui explosent !
À ce phénomène inflationniste lié au cours du carburant, s'ajoute celui des conséquences de ces deux dernières années sur les équipements en circulation cet été.
Après deux années "noires" où les loueurs de voitures se sont délestés d'une partie non négligeable de leurs parcs, la pénurie de véhicules de locations guette ... et cela a un effet immédiat sur les prix.
Selon le comparateur de prix Carigami, en moyenne en France cet été, il faudra débourser 494 euros pour une semaine de location entre le 1er juillet et le 30 août, soit 19 % de plus que l'an dernier ... et le double par rapport à 2019.
Dans toutes les villes touristiques, la hausse est du même acabit : de l'ordre de 20% en moyenne, juste pour juillet; Août promettant des hausses encore plus fortes ... Reste les villes "les moins chères" pour la location de voitures avec Tours, Saint Etienne, Orléans et Chambery.
Autre solution pour partir en vacances ? Se rabbatre sur les cars ! Si leur trafic avait chuté de 62 à 67 % lors des années covid, le rattrappage est là ! Selon les spécialistes de Flixibus, "L'été 2022 sera historique en matière de transports en bus !". Même son de cloche chez son rival français BlaBlaCar qui annonce d'ores et déjà une hausse de 20% de sa fréquentation dans ses 300 bus (en manque de chauffeurs) !
C'est sans compter sur l'embellie qui secoue l'univers du covoiturage dont on estime, pour cet été, qu'il pourrait - discrètement - transporter de 2 à 3 fois plus de voyageurs que les bus.
L'été 2022 sera donc très ... particulier et très porteur. Les français (et, plus largement les européens) sont décidés à partir en vacances et cela profitera encore une fois aux destinations "domestiques"; ce qui est plutôt positif. Toutefois, aux craintes liées à la reprise épidémique se greffe la menace d'une inflation non contrôlée qui entame sérieusement les budgets (ou les durées) des séjours. Avec près de 1 européen sur 2 qui n'a encore rien "bouclé" pour juillet (et 2 sur 3, pour août), l'incertitude sera forte jusqu'au dernier moment pour voir les plannings se remplir... Les nerfs (ds professionnels) seront donc aussi mis à rude épreuve ... autant ques les porte-monnaies des voyageurs.