Le printemps-été 2022 serait le plus fort de tous les temps

Le printemps-été 2022 serait le plus fort de tous les temps

Les prévisions de reprise touristique pour 2022 sont excellentes ou carrément explosives selon les avis des "grands patrons" du touisme, de par le monde. Les PDG des grandes chaînes hôtelières lancent, eux-mêmes, des prévisions mondiales audacieuses, tandis que la France semble partie pour s'en sortir plus vite (et plus fort) que le reste de l'Europe et le UK. Le seul trouble-fête ? Qui ferait mentir les pronostics? Un retour du Covid en version "maxi". Si elle reste sous contrôle, la pandémie ne semble plus être une entrave massive au grand redécollage des voyages de loisirs et de business.

Paroles de big boss : un grand souffle d’optimisme caresse les grands groupes hôteliers pour 2022. Réunis le 8 novembre lors de la "NYU International Hospitality Industry Investment Conference" (New York), les grands patrons du secteur ont partagé leurs avis et communiqué leur enthousiasme.

  • Christopher Nassetta, PDG de Hilton : "Au 3e trimestre 2022, nous éclipserons le pic de 2019 à l’échelle mondiale".

  • Anthony Capuano, PDG de Marriott International : "Les voyages d’affaires vont monter en flèche, tous les pronostics de baisse seront démentis".

  • Keith Barr, PDG d'IHG Hotels & Resorts : "Les US connaîtront un record au 2e et 3e trimestres".

  • David Kong, PDG du groupe hôtelier BWH : "L'année prochaine sera une année record. Je suis sûr que d'ici la fin de l'année prochaine, nous serons de retour aux niveaux de 2019".

  • Sébastien Bazin, PDG d’Accor : "Je ne sais pas. Cela dépend des taux de vaccination"...

Hormis le dernier cas (frenchy), la grande industrie hôtelière prévoit une franche reprise ... et s'il ne faut pas prendre ces déclarations comme de la Méthode Coué, il faut cependant modérer la vision nord-américaine, habituée aux grands groupes plus qu’aux petites unités indépendantes. L’avis des mastodontes est donc précieux, mais il faut le relativiser. Le sentiment mitigé du PDG d’Accor s'explique justement par le fait que ce groupe est moins présent aux US qu'en Europe.

Toutefois, de son côté, Trivago annonce le retour à la normale "pour le printemps 2022 et le début de l’été 2022", mais sans excès, rattrapages et autres "revanches" de clients. Cette affirmation est contenue en commentaire de la publication de ses chiffres du troisième trimestre 2021. L’activité "revient lentement à la normale" en Europe et aux US, observe l’entreprise allemande, dont le C.A. de 2021 a augmenté de 129% comparé à 2020. "la demande et le comportement de voyage vont approcher des niveaux pré-pandémie en Amérique et en Europe, avec un fort rebond des voyages urbains et internationaux dans ces région".

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La France est (positivement !) à part

Puisque nous l’avons domestiqué, le variant Delta n'a pas entravé les bons résultats de l’hébergement au 3e trimestre 2021, notamment en France, ce qui laisse augurer une année 2022 sur cette même lancée.

A l’heure des bilans, le secteur des voyages et du tourisme aura progressé de plus d'un tiers chez nous cette année, selon l’étude du WTTC. Le spécialiste du calcul de l'impact économique du tourisme dans 185 pays observe que l’Hexagone se requinque plus vite que le Royaume-Uni et l'Europe en général. Pour Julia Simpson, "le secteur français du voyage et du tourisme commence à se redresser plus rapidement que ses voisins, bien qu'il reste encore un long chemin à parcourir".

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Ce classement (l’Europe inclut le Royaume-Uni) met en évidence une forte inégalité au bénéfice de l’Hexagone. Pour la suite, alors que le tourisme a généré 211 milliards d'euros en France en 2019, puis 108 milliards en 2020, le pays pourrait connaître une augmentation de 21,8% en 2022, soit une progression de 32 milliards d'euros. Cet envol prévisible du secteur semble être dû à la consolidation du tourisme domestique (révélé et boosté par le Covid en 2020 et 2021), dont les dépenses devraient progresser de 9,9%, tandis que celles des voyageurs étrangers devraient présenter une hausse de 67,8% ! (cette année 2021, les dépenses nationales ont augmenté de 56,6 % et les dépenses internationales ont diminué de 1,9 %).

En somme, la France gagnerait sur les deux tableaux en 2022 : elle stimulerait un accroissement des revenus du tourisme national (dans une sorte d’auto-découverte), tout en retrouvant des dépenses importantes de clients extérieurs, qui sont restés attirés par la première destination touristique du monde, malgré près de deux ans d’empêchements.

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L’Europe traîne la patte

L'état de l'industrie hôtelière est différent à l’échelle européenne, nous venons de le voir… Les niveaux de voyages pré-pandémie n'y seront pas atteints avant 2024 sur le continent, selon le dernier rapport trimestriel "Tendances et perspectives du tourisme européen" publié par la Commission européenne des voyages (ETC). A cause du Covid, bien que la demande de voyages en Europe soit sur le point de connaître une reprise majeure en raison des taux de vaccination élevés en Europe, les volumes en prévision sont encore loin de 2019. Luís Araújo, président d'ETC, juge que "les efforts de vaccination ne suffiront pas" et qu’il est "impératif que l'Europe s'efforce de restaurer davantage la liberté de circulation à l'intérieur et à l'extérieur de l'UE".

L'Europe présente le taux de vaccination le plus élevé du monde, ses destinations ont connu une saison estivale plus forte que prévu grâce à des programmes de vaccination efficaces. Mais l'absence de standard de validation des vaccins non reconnus par l’Agence européenne des médicaments peut pénaliser les destinations dépendantes des voyages intercontinentaux, estime le rapport de l’ETC (qui rejoint là l’étude du WWTC).

Le certificat digital Covid-19 de l'UE a rendu les déplacements secure, mais il reste un long chemin à parcourir : les voyages en Europe ont progressé en 2021, mais les revenus assurés par les touristes internationaux représentent 60 % de ceux de 2019 (les flux US ont baissé de 90%, les vacanciers chinois ont été à près près absents).

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En 2022, les voyages d’affaires à deux tiers des niveaux de 2019

D’ici la fin 2022, les dépenses liées au business travel devraient retrouver les deux tiers de leurs niveaux d'avant la pandémie, d’après le rapport du WTTC titré "Adaptation à la pandémie de Covid-19 : perspectives pour les voyages d'affaires". La reprise sera plus rapide au Moyen-Orient et en Asie-Pacifique pour ce secteur dont les dépenses mondiales se sont effondrées de 61% en 2020, avant une reprise de 26% cette année, précédant un regain de 34% en 2022.
La demande de voyages d'affaires tarde à se rétablir par rapport aux voyages de loisirs, mais les budgets mobilisés par les entreprises à cet effet progressent.

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Ce pré-bilan place l’Europe à 36%, le Moyen-Orient à 49%. Cette région du monde est la seule où le business travel a dépassé les voyages de loisirs (36%).

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Ces prévisions positionnent l’Europe à 28% et les US (en forte reprise) à 35%. L’Asie-Pacifique prend le leadership planétaire, à 41%.

Les voyages d'affaires représentaient 21,4% des voyages mondiaux en 2019, mais ils généraient les dépenses les plus élevées. Cet avantage les rend indispensables à la reprise de l'ensemble du secteur.