Un hiver 2021 aussi bon que cet été ?

Un hiver 2021 aussi bon que cet été ?

L’été 2021 a dépassé l’été 2019 en matière de dépenses des Français en vacances, selon l’Insee : 23 % de frais d’hébergement supplémentaires ! Comme l'on s'y attendait, la "revanche" sur les frustrations des confinements a été totale et les Français se sont défoulés sur leurs cartes bleues et leurs chèques-vacances. C'est maintenant au tour de l’hiver qui s’annonce sous les meilleurs auspices, car le tourisme domestique est (re)devenu la clé des plus gros succès ... en attendant la franche réouverture de l’international.

Le premier bilan consolidé de l’été 2021 officialise la superbe surprise de la saison passée ! Fourni par l’Insee le 6 octobre, il certifie que les dépenses touristiques en carte bancaire dans l'hébergement, la restauration et les loisirs en France ont dépassé celles de l’été 2019 en France. Dans l’hébergement, la hausse représente 23 %, en juillet comme en août (l’Insee ne précise pas les montants). Les aléas subis par la restauration ont modéré la hausse à plus de 15 % en juillet et à 10 % en août. Pour les analystes, l'instauration du pass-sanitaire pour accéder aux restaurants et autres lieux publics aura quelque peu freiné l'enthousiasme des aoûtiens ... Mais, qu'importe, à ce stade, la saison était déjà bel et bien sauvée !

Une reprise plus rapide qu'ailleurs

Dans la mesure où la crise sanitaire a favorisé le tourisme bleu-franc-rouge, le succès de la période juillet-août révèle autant le comportement des Français que leur fiabilité si un nouveau coup dur venait à se produire. Désormais, les voyageurs intègrent bien les mesures restrictives et s'en accomodent car ils savent qu'elles leur permettent de jouir plus facilement des plaisir du voyage et des loisirs. Donc, la consommation reprend sans trop de frictions ...

Autre motif de satisfaction, toujours selon l'étude Insee, la France s’en sort plus rapidement que ses voisins et concurrents : le redressement du tourisme international s'élève à 55,6% par rapport à 2019 dans l’Hexagone, contre 45% en Italie et 16% aux USA … Tous ces signaux rendent optimiste pour la suite; notamment pour la saison d'hiver au ski ou les escapades au soleil dans les destinations françaises ultra-marines.

Le "voyage vengeance", qui équivaut à une revanche sur les privations et les vacances contrariées de 2020, a donc fonctionné pleinement. Les 25 % de "revenge travellers" (parmi le total des voyageurs) prévus en avril par The Vacationer étaient une proportion juste. Fin mai, les montagnes de cash amassées pendant les confinements étaient supérieures de 142 milliards d’euros à l'ordinaire, selon la Banque de France. La mécanique du grand défouloir a donc fonctionné à merveille cet été, car l'épargne totale s'élèvait à 157 milliards en début de saison. Ce pactole accumulé depuis le début de la pandémie a permis aux Français de faire des folies cet été, avec un résultat immédiat sur la croissance. La destination France a été plus que sauvée par les Français, elle a été carrément dopée, puisque l’apport étranger, même plus faible qu'à l'accoutumé, n'a pas été négligeable. Une promesse tenue qui semble en voie de se renouveler cet hiver si l'on en croit les études d'opinion qui confirment une envie majoritaire de départs dès la fin du mois d'octobre.

Les Français restés et les étrangers venus ont produit des chiffres explosifs

IMG1_OK

Lire aussi :
Les touristes étrangers de retour en France, plus vite qu'ailleurs !
2021, année du "Voyage Vengeance"
25% des départs seront des "voyages vengeance" !

Nouveau call-to-action

L'hébergement marchand en grande forme

Cette performance générale (hébergement marchand et non marchand) ne doit pas être confondue avec un impact économique direct pour les hébergeurs, mais les 123 millions de nuitées de juillet 2021 prouvent que le tourisme en général a tourné à grande vitesse. L’Insee précise que l'hébergement non marchand (résidence secondaire, famille, amis ) a retrouvé son niveau de juillet 2019, probablement parce que les Français, moins soumis à des privations, ont eu moins besoin de voir leur famille et leurs amis.

IMG2_OK

Contrairement à juillet 2020, l’hébergement marchand a profité de l’apport soutenu de notre tourisme domestique et a dépassé ses résultats de juillet 2019, avec 60,7 millions de nuitées, soit 9,2 millions de plus. Une telle précision n'avait été effectuée par aucun observateur !

L’hôtellerie a été la grande gagnante de la palette touristique, dès juillet, grâce à cette hausse de la fréquentation nationale. La présence des touristes français a représenté 81 % du niveau de juillet 2019, contre 65 % en juillet 2020. La présence de touristes étrangers a beau avoir reculé de 57 % par rapport à juillet 2019, les 4,1 millions de nuitées qu’ils ont consommées ont fait la différence. Ce progrès par rapport à 2020 est dû aux Européens des pays limitrophes de la France (hors Britanniques), les autres (et le reste du monde) produisant des chiffres peu significatifs.

Nous vous ferons part des données consolidées du mois d’août courant novembre, lorsque l’Insee communiquera le bilan complet de l’été.

Lire aussi :
Il y aura bien une saison d’hiver 2021-2022 !

Nouveau call-to-action

Paris doit attendre le printemps 2022

L'Insee confirme que le bonus de consommation touristique a globalement profité à l'ensemble de la France métropolitaine, à l’exception de l'Ile-de-France. Paris, en particulier, est resté en marge de la reprise flamboyante, tandis que le reste de la France a joué avec vigueur sur la moyenne nationale.

L’absence des clientèles étrangères lointaines (Américains et Asiatiques et particulier), qui ne connaissent généralement de la France que Paris, est la cause de l'atonie estivale de la capitale. Mais "après une année et demie de désastre, nous voyons enfin une reprise se profiler, depuis septembre uniquement", observe l’hôtelière Delphine Prigent, directrice de l’établissement Signature Saint-Germain-des-Prés.

Pour la suite, à commencer par l'automne en cours, le regain du tourisme d’affaires, illustré par 213 salons entre septembre et décembre 2021 (33 de plus qu’entre septembre et décembre 2019) va rebooster l’activité touristique à Paris Région. Après ces signes de reprise, il faudra attendre 2023-2024 pour retrouver les performances de 2019, selon l'étude annuelle du réseau de cabinets conseil KPMG. Stéphane Botz, son directeur national Hospitality, estime que *"la reprise du tourisme international ne se fera pas avant mars 2022, avant le retour des grands salons"* tandis que "2023-2024 devraient permettre d'observer à nouveau les mêmes performances qu'en 2019".

Les conditions sont réunies pour un hiver magistral

Sur la lancée de l'été, rien de pourrait freiner un hiver réussi, hormis un retour fulgurant du Covid et une météo désastreuse. L’attitude de "revenge travel" devrait se poursuivre lors de cette charnière 2021-2022, car les amateurs de sports d’hiver n'ont pas rechaussé les ski depuis bien deux ans… de quoi avoir des fourmis dans les jambes !

À noter que "90% des habitués des sports d'hiver veulent skier cet hiver et manifestent même une grande impatience" selon une étude de l’agence Savoie Mont-Blanc dévoilée en septembre. Le pass sanitaire pourrait même n’être exigé dans les stations que si la situation épidémique s'aggrave, le port du masque (en intérieur ou dans les télécabines) est en discussion, mais l’essentiel est là : le redémarrage des télésièges est acté et "on skiera en France cet hiver", a clarifié le secrétaire d'État chargé du tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, le 29 septembre.

Bien sûr, le ski n'est pas tout, le tourisme hivernal n'est pas résumable aux seules stations. Mais Chamonix, par exemple, fait partie du top 10 des meilleures stations de ski du monde quand on n’aime pas skier, selon un palmarès de l'agence Reuters ... N'empêche que les sports d'hiver restent la locomotive de l'ensemble de l'activité touristique de la saison froide dans nos altitudes.

Man standing on rocky cliff looking out at ocean off coast of Martinique
La Martinique devrait revoir affluer de nombreux touristes cet hiver au même titre que les autres destinations ultra-marines françaises. Photo par Cameron Smith / Unsplash

Les destinations "soleil" françaises au rendez-vous !

Dans le même temps, la situation s'éclaircit chaque jour un peu plus du côté des destinations ultra-marines françaises. La semaine dernière, compagnies aériennes et pros du tourisme de ces territoires qui exposaient à l'IFTM (ex-Top Resa, l'un des plus gros salons du voyage au monde) affichaient un bel optimisme pour cet hiver 2021-2022: reprise des vols, augmentation des cadences, mise en avant des offres les plus originales, les côtes ensoleillées de l'hiver français devraient également faire le plein de touristes (français !) dès les prochains mois, au vu du compteur des réservations qui commence à s'affoler de part et d'autres.

En métropole, l'Industrie hôtelière française (incluant aussi les maisons d'hôtes) devrait profiter de la dynamique de la saison chaude, lors de laquelle "les taux d'occupation ont grimpé de 7 % dans les stations de montagne" par rapport à 2000, signale KPMG. Mais surtout, puisque le principal marché émetteur attendu reste le marché national, les Français ont encore de la ressource, leur "bas de laine Covid" n’est pas épuisé. La "surconsommation touristique" (comme l'appelle le quotidien Les Échos pour parler du phénomène estival) devrait continuer.

En résumé, 6 signaux qui indiquent un hiver réussi :

  • La confiance des ménages français est montée à 102 en septembre, contre 95 en avril et 88 en décembre 2018, selon l’Insee.

  • Le pouvoir d'achat moyen des Français progresse de 1,9 % malgré l’inflation.

  • "Les Français continuent à épargner plus que d’habitude, ils mettent de côté 17,5 % de leurs revenus disponibles", spécifie Le Monde du 5 octobre. "Les quelque 157 milliards d’euros accumulés pendant la crise sur les livrets d’épargne et les comptes courants ne sont toujours pas revenus dans les rouages de la machine économique". Tout est dit !

  • Le PIB français est en hausse de 6,3 % en 2021 et de 4 % en 2022 selon l‘Observatoire français des conjonctures économiques - OFCE.

  • Le budget consacré par Atout France à la promotion des montagnes françaises est passé de 600.000 euros à 2 millions d'euros.

  • les compagnies aériennes (FrenchBee, Corsair, AirCaraïbes et, bien sûr, Air France) cadencent un agenda de vols plus "costaud" vers les destinations ultra-marines comme un signe de reprise évident de l'offre ... et de la demande !