91 % des voyageurs veulent le passeport vaccinal

91 % des voyageurs veulent le passeport vaccinal

C'est un plébiscite ! L’écrasante majorité des voyageurs du monde entier acceptera le passeport de santé si ses voyages en dépendent. Le précieux sésame pourrait bien sauver l’été et même le prolonger. Cette nouvelle inclusion technologique dans le tourisme va démontrer que le digital - car, ne l'oublions pas, le passeport sera digital - devient vital et obligatoire. L’angoisse du contrôle électronique devrait être vaincue par le retour de la liberté des déplacements.

Le projet de “health passport” a été présentée le 17 mars, dans la promesse d’une mise en circulation pour l’été. La France (pays de la défense des libertés) reste notoirement discrète sur ce sujet, mais il y a fort à parier qu'elle se rangera derrière la cohorte des pays (européens ou non) pro-passeport vaccinal ...

Ce “certificat vert” est promis pour juin par la Commission européenne, afin de voyager, et peut-être plus selon les États (en réalité, il ne faudrait plus l’appeler “passeport vaccinal”, car on peut être “sain” sans avoir reçu l’injection de Moderna, Pfizer etc). Le principe rappelle la Carte Vitale : le certificat stocke les informations sur la santé d’une personne liées à Covid-19, telles que les dossiers de vaccination et les résultats des tests. Sur un check-point d’aéroport ou à l’entrée d’un hébergement, une personne assure le filtrage en scannant le code barre présenté par le candidat au départ, ou au séjour. La machine fait le reste, en donnant le feu vert si tout va bien. L’Association internationale du transport aérien (IATA) a déjà mis au point le “Travel Pass”, qui contient des informations sur les tests et les vaccins obligatoires pour les pays de destination, mais aussi des certificats de tests PCR ou antigéniques et de vaccination du passager.

La mise en route de cette carte d’identité sanitaire est précédée d’avancées nationales : le Danemark exige un "coronapas" pour accéder aux salons de coiffure, le Royaume-Uni étudie un certificat vaccinal permettant de voyager, de séjourner dans des hôtels ou d’assister à des spectacles. Aux USA, l’État de New York a lancé un "passeport" sur smartphone, en partenariat avec IBM, pour que les clients de magasins et spectateurs de théâtre (etc) donnent des preuves de vaccination. En somme, un gage pour être libre. Le seul hic est de taille : l’Europe finance un système central, avec des normes précises, mais les terminaux de checking seraient à la charge des entreprises ...

Dernier avatar en date: Joe Biden, la semaine dernière, a proposé que le passeport (de santé) américain fasse la place à un passeport "universel"; ce qui implique l'accord de toutes les grandes puissances; à commencer par la Chine, la Russie et l'Europe.

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L’enquête sans appel : pour le public, c’est oui

Une étude menée, ces toutes dernières semaines, par Amadeus (distribution et vente de services de voyages) auprès de plus de 9000 voyageurs en Europe certifie que 91 % des voyageurs en puissance approuvent un laissez-passer de santé digital. Ils se sentiraient à l'aise avec ce document qui satisferait leur besoin d’évasion et réactiverait l’industrie du voyage. Pourtant, ils sont 93% à redouter le stockage de leurs données de santé lors des voyages, selon cette enquête baptisée “Rebuild Travel Digital Health”.

Que deviendra cette réticence d’ordre éthique lorsque la reprise potentielle des voyages sera effective ? C'est un peu comme le vaccin : après une première réaction de défiance, les populations s'y sont ensuite pliées de bonne grâce ...

Une analogie moins polémique ? Le phénomène à prévoir est identique à celui de la téléphonie mobile ou du paiement par carte bancaire : votre téléphone et votre CB sont de vrais mouchards, car vous êtes potentiellement pistés partout à cause d’eux, mais ils sont tellement pratiques que cet aspect prend le dessus.

Les éventuelles controverses seront vaincues par le principe de réalité et l’immense besoin d’aération mentale. Pour l’heure, l’organisation britannique “Liberty” (défense des libertés fondamentales) estimait en mars qu’il est "impossible de mettre en place un passeport d’immunité sans violer les Droits de l’Homme". En France, les attentats de 2015 ont entraîné un contrôle renforcé des individus, grâce à la surveillance digitale, mais les oppositions ont été rapidement dissoutes par la nécessité nationale. La crainte de Big Brother - Big Data, même si elle est fondée, n’a pas vocation à durer si le plaisir de chacun en dépend.

Selon l'étude d'Amadeus, les voyageurs français sont, certes, enthousiastes, mais plus réservés :

  • 81 % veulent le passeport sanitaire.
  • 65 % acceptent le stockage de leurs données de santé si cela permet de passer plus vite à l’aéroport (72 % chez l’ensemble des Européens).
  • 64 % acceptent ce principe si cela leur permet de voyager vers davantage de destinations (74 % chez les Européens)
  • 59 % sont "OK" si cela leur permet de voyager plus tôt.
  • 44 % utiliseront un passeport digital s’il est accepté par la plupart des pays, selon des normes internationales,
  • Enfin, 35 % jugent qu’une appli de voyage centralisant leurs données de santé, utilisée tout au long de leur périple, améliorerait fortement leur expérience globale.
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En attendant la mondialisation du passeport sanitaire...

Le passeport Covid est un avantage pour rouvrir les frontières et relancer l’économie touristique, mais certains redoutent que ce principe ne discrimine les personnes qui n’ont pas encore pu se faire vacciner (ou encore, les femmes enceintes, par exemple, qui sont temporairement exclues du dispositif).

De plus, la campagne de vaccination est inégale selon les pays et les régions et tous les vaccins ne sont pas autorisés dans les mêmes pays. L’exemple extrême est la Chine, qui prévoit de réserver les visas aux seules personnes immunisées par un vaccin chinois ! La réouverture touristique du monde est encore loin, au mieux elle fonctionnera par continents. Le passeport digital européen couvrira d’abord les vaccins approuvés par l’UE, mais l’UE acceptera les personnes vaccinées avec les vaccins chinois et russe. Aux USA, les vaccins étrangers ne sont pas encore homologués.

La mise en place d’un passeport vaccinal à l’échelle mondiale est un énorme défi, qu’il faudra bien finir par vaincre, tout comme les passeports (tout court) sont valables sur toute la planète. En attendant, si le tourisme en France devra compter sur la France dans les prochains mois, il pourra au mieux compter aussi sur les États membres de l’Union européenne. Selon Drummond Reed, directeur du service fiduciaire de la société de “confiance digitale” Evernym: "Il a fallu 50 ans pour mettre au point le système de passeport mondial… Aujourd’hui dans un délai très court, nous devons produire une pièce d’identité digitale aussi universellement reconnue qu’un passeport, et qui nécessite un niveau de confidentialité encore plus élevé car elle est digitale" ... et qu'elle concerne des données aussi sensibles que celles relatives à notre santé.

Par ailleurs, si le “corona” venait à durer, jusqu’à devenir un risque modéré permanent, le certificat d'immunité dépasserait l’univers du voyage. Le modèle est donné par Ticketmaster, entreprise américaine spécialisée dans la vente de billets de spectacles, qui étudie un système couplant les tickets à une preuve de vaccination.

Christophe-Bousquet-Amadeus
Christophe Bousquet, Directeur des nouvelles technnologies chez Amadeus © Amadeus

Encore plus de technologie dans les voyages

La sécurisation digitale des séjours touristisques a fortement augmenté en 12 mois, depuis le début du Covid. Le changement est souvent une avancée rassurante : nous retiendrons la double authentification des paiements, l’outil de prédiction hôtellière Google et, pour approcher les portes de l’extrême, l’hôtel zéro contact, proche de la science fiction).

L’implication du digital dans la vie privée, avec le passeport vaccinal, est inévitable, même si l'enquête Rebuild Travel Digital Health (réalisée auprès de 9000 personnes, entre autres en France, Allemagne, Espagne, Royaume-Uni, USA et Singapour) indique que 38 % sont préoccupées par le piratage d'informations personnelles, 30 % par un manque de transparence et de contrôle sur le partage de leurs données.

Enfin, 41 % affirment que l’appli à l’étude va réduire leur stress lié au voyage. Les ,"plus" l'emportent sur les "moins". "Cette étude souligne une fois de plus le rôle clé que la technologie va jouer dans la reconstruction du voyage", affirme Christophe Bousquet, Directeur des nouvelles technologies chez Amadeus. Il ajoute : "Nous avons constaté une évolution depuis notre dernière enquête, puisque les voyageurs accordent désormais plus d’importance aux technologies mobiles et sans contact, des domaines primordiaux qui vont clairement renforcer leur confiance. Il est également très significatif de voir qu'ils sont ouverts aux passeports sanitaires digitaux et au partage de leurs données au cours de leur voyage, une fois que les bonnes garanties de sécurité seront en place".

Le passeport pour ailleurs connaîtra ses réfractaires, puis deviendra une évidence dont nous ne parlerons plus. Le président du département "voyages" chez Amadeus, Decius Valmorbida, conclut pour nous en appelant de ses voeux "la bonne technologie pour permettre un voyage vraiment connecté et sans contact". La seule question est… à partir de quand ?

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