AirBnB marche sur des oeufs à la veille de son entrée en bourse

AirBnB marche sur des oeufs à la veille de son entrée en bourse

Une panne qui annule des centaines de comptes de propriétaires et des mesures anti-bruit qui relancent le débat sur la protection de la vie privée ... cette semaine, AirBnB goûte aux douceurs de la communication "sensible" à quelques semaines de son entrée en bourse.

Ça arrive même aux meilleurs ! Mercredi dernier, AirBnB a supprimé accidentellement des centaines de comptes de propriétaires (les fameux hosts) dans plusieurs pays dont la France, l'Australie ou encore le Costa Rica. Cette suppression intempestive a déclenché le courroux de nombreux propriétaires qui se sont vu imposer "mécaniquement" des annulations de clients et des courriels furieux de part et d'autres. AirBnB a rapidement réagi en expliquant qu'il s'agissait d'une erreur technique survenue au cours d'une opération courante de maintenance de ses serveurs et de ses bases de données. Après avoir restauré les comptes malencontreusement supprimés de ses hosts, AirBnB s'est engagée à rétablir les réservations annulées par erreur.

Selon la BBC qui a rapporté l'incident, plusieurs propriétaires se sont retrouvés bloqués pour re-libérer leur planning après que des annulations en rafale aient affecté leur propriété.

Cet accident arrive à un moment où le champion mondial doit éviter soigneusement toute forme de publicité négative. Et pour cause: c'est dans un contexte touristique particulièrement chahuté que la plateforme leader des locations de vacances a, enfin, décidé de se lancer en bourse.

Il faut dire que l'actualité du champion mondial est plutôt dense ces derniers jours avec le démantélement de plusieurs réservations où des dizaines de jeunes se réunissaient - au nez et à la barbe de AirBnB - pour organiser des fêtes "sans aucune distanciation" en marge totale des restrictions sanitaires gouvernementales.

Depuis cet été, AirBnB voit ce sujet prendre une ampleur préoccupante et a déjà pris le taureau par les cornes en déclarant que *"certains ont choisi de transférer ce qu'ils faisaient dans les bars et discothèques dans des maisons, parfois louées via notre plateforme. Nous pensons qu'une telle conduite est incroyablement irresponsable - nous ne voulons pas y être mêlés, et toute personne engagée ou autorisant ce comportement n'a pas sa place sur notre plateforme"*.

AirBnB guette le moindre dérapage et, ce, depuis au moins les fêtes 2019 de Halloween aux US qui avaient vu des "adresses AirBnB" devenir le théatre de situations extrêmement dramatiques.. Si les hosts pouvaient jusqu'à présent accepter qu'une fête soit organisée dans leur habitation, selon AirBnB, près de trois-quart d'entre eux interdisaient tout événement dans leur bien immobilier.

Sans rapport avec AirBnB, ci-dessous, les évènements de ce weekend, où un groupe de 300 personnes s'est réunie dans un loft de la région parisienne pour organiser une soirée hors-distanciation-sociale.

Des mouchards pour dénoncer les fêtes

Aux US, AirBnB prend le sujet des réservations trompeuses pour des fêtes clandestines très au sérieux. Cette semaine, la plateforme a même proposé à ses hosts américains des réductions importantes pour s'équiper sur des appareils détecteurs de bruits ... En cas de bruit inhabituel, les hosts sont prévenus pour se rendre sur place et mettre un terme aux pratiques prohibées si c'est le cas. Ces dispositifs - vendus de 39 $ à 149 $ - n'enregistrent ni ne stockent l'audio ou la vidéo mais ils surveillent le bruit et d'autres paramètres tels que la chaleur, l'humidité et le mouvement afin de détecter si une fête a lieu dans une propriété louée.

Déjà, en dépit des précautions de communication prises par AirBnB, certains opposants parlent déjà d'atteinte aux libertés fondamentales et à la protection de la vie privée car, d'une part, les guests (clients) craignent d'être écoutés à leur insu et, d'autre part, les propriétaires craignent d'être accusés de porter atteinte à la vie privée de leurs clients.

La solution Minut est l'une des 3 solutions préconisées par AirBnB pour contrôler les bruits anormaux d'un bien mis en location.

L'affaire des "fêtes clandestine", certes, prend un peu plus de relief dans ce contexte mondial de confinement mais elle pourrait aussi et rapidement devenir un facteur handicapant pour son entrée en bourse. De la simple fête incontrôlée à la tragédie sanglante (voir notre article), le modèle AirBnB - qui n'est pas basé sur la rigueur de l'organisation hôtelière - passe par des contrôles de plus en plus strict sur ses lieux de villégiature; une question d'image, mais aussi une question de régime de responsabilité dont les solutions (comme ces "mouchards") entrainent finalement d'autres débats, très sensibles aux US notamment, comme la protection de la vie privée ou les libertés fondamentales.