"Small & Rural" is beautiful

"Small & Rural" is beautiful

L'heure est aux premiers bilans de l'été (ou plutôt du premier semestre) à tous les niveaux de la pyramide : de l'hebergeur jusqu'aux OTAs. De cette période sans précédent, les "big bosses" du voyage prédisent deux fortes tendances : pas de retour à la normale avant trois ans et une propension évidente vers les "petits" hébergements et les zones plutôt rurales ... Si vous êtes dans ce cas, c'est plutôt Bingo !

Pour Glenn Fogel, le patron de Booking, la pandémie a laissé de sérieuses traces puisque ce dernier a dû se résoudre à licencier 25% de son staff. Mais, pas que ... pour le big boss du premier OTA au monde, la pandémie a durablement changé la manière de voyager et de trouver son hébergement. Délaissant les villes et les "grands hôtels", ses clients ont préféré revenir vers les zones rurales et les hébergements de taille plus "humaine" (hôtel de charme, maison d'hôtes et, bien sûr, locations de vacances): "Au cours de notre deuxième trimestre, nous avons enregistré plus de 40% de nos nouvelles réservations sur ces types d'hébergements, soit peut-être le double de ce qu'il était auparavant". Pour le patron de Booking, cette consommation exponentielle sur les "Small & Rural" a ancré de nouvelles habitudes chez les voyageurs : "Il est probable que ce mode d'hébergement reste de mise dans l'esprit des voyageurs (au détriment des hôtels de plus grande taille) même en en cas d'une reprise normale après la pandémie ...". D'où l'intérêt croissant porté par Booking sur les hébergements de taille plus modeste et les locations de vacances ... qui représentent désormais 7 Millions d'adresses dans le catalogue Booking.

En ce qui concerne les hôtels de centres urbains (et de tailles plus importantes) que les prévisionnistes imaginent désertés pour quelques temps encore par leur clientèle centrale que sont les "hommes d'affaires", le patron de Booking pense que leur avenir passera par une reconversion partielle de leur parc "business" vers un parc "loisirs" pour attirer une clientèle en majorité liés aux agréments plus qu'aux soirées étapes. Là aussi, Booking veut y jouer sa part et son patron imagine déjà de nouveaux services en la matière.

40% d'annonces en moins cet été sur AirBnB

Cet avis - sur le renouveau des hébergements hôtels de centres urbains - est partagé par Brian Chesky, le fondateur d'AirBnB. Pour lui: "Les hébergements urbains ne sont pas morts mais ils vont soufrir pendant les cinq prochaines années avant de se réinventer, avec des prix potentiellement plus abordables et une pression moindre en matière de sur-tourisme ...". Pour le fondateur du leader des locations de vacances, "il existe une tendance irréversible des voyageurs à découvrir les petites villes et les petites communautés..."
D'ailleurs, selon une étude de Edison Trends qui publie des chiffres que AirBnB n'a pas souhaité rendre publics ou confirmer, il semblerait que la saison 2020 ait été bien meilleure que 2019. Selon cet organisme, en juillet, les dépenses de consommation ont augmenté de 22% d'une année sur l'autre et pendant la semaine du 17 août, elles étaient de 75% en hausse par rapport à la semaine équivalente en 2019.
Selon cette même étude - qui porterait sur un total de 465 000 transactions - ==ce sont bien les hôtels qui ont subi la plus forte baisse d'activité à mesure que le coronavirus se propageait dans le monde avec une reprise post-covid plus lente que les adresses inventoriées chez Airbnb. En mars, le cabinet a enregistré des dépenses en baisse de 75% chez Marriott, de 68% chez Hilton, contre une baisse de 56% (seulement) pour Airbnb. En août, le champion californien aurait reçu 34% de réservations en plus que ses premiers rivaux ...

Certes, ces résultats s'expliquent aussi par le nombre colossal d'hôtels fermés, la fermeture des frontière et la baisse vertigineuse du nombre de voyages d'affaires, mais aussi par la fluctuation désormais permanente des inventaires des grands distributeurs (OTAs): les hébergeurs ne restent pas "collés" à l'OTA tout au long de l'année et, sous le principe de reprendre en main leur distribution directe, ils attribuent de moins en moins de disponibilités aux grands distributeurs selon les périodes. Pour AirBnB, par exemple, de nombreux "hosts" (propriétaires) ont fermé leurs hébergements à la location, soit pour des raisons de sécurité, soit parce que le marché n'était pas suffisamment attractif pour couvrir leurs charges ... Selon AirDNA, cette baisse atteignait 5% de l'inventaire en juillet-août (par rapport à 2019) tandis que, durant cette même période, les nouvelles "annonces" (des propriétaires se décidant à rejoindre AirBnB) étaient en baisse de 40% par rapport à l'année précédente.

C'est tout le paradoxe du marché : des clients (voyageurs) en demande d'adresses "Small & Rural" partout en France et en Europe, loin des grands centres urbains et à des prix abordables, service hôtelier inclus quand même ... et des propriétaires de biens qui se font de plus en plus timides pour mettre leurs biens en location sur les grands portails alors que les OTAs en font désormais leur priorité, plus que l'hôtel. Là encore, le format "intermédiaire" qu'est la maison d'hôtes ou l'hôtel de charme (ou familial) à tout à y gagner !

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