La folle journée de AirBnB

1 million de réservations a été effectué le 8 juillet chez Airbnb. Les chiffres détaillés de cette journée à succès sont une photographie des grandes tendances. Profitez-en ici.

Pour la première fois depuis le 3 mars (début du confinement dans de nombreux pays), la clientèle du champion mondial de la location de vacances a réservé 1 million de nuitées en une seule journée. C'était le 8 juillet... quand on parlait d'ultra-dernière-minute, c'est dire !
Les clients ont réservé dans plus de 175 pays et régions différents. Le mastodonte parmi les OTAs (agences de voyage en ligne) voit dans cette performance certains des “signes encourageants” dans le contexte de la crise éco-sanitaire, qui ne l’a pas épargné.
La lecture des chiffres de la folle journée du 8 juillet, fournis directement par la plateforme, est une aubaine, un formidable gisement de données big data. Ce n’est pas un sondage, c’est la réalité fournie par 1 million de réservations.

On part en voiture, à (seulement) 50% près de chez soi

Le premier constat modère la grosse tendance de l’été 2020 : le Covid n’empêche pas les vacances, il les rapproche, mais à hauteur de 50 % des réservations du 8 juillet chez Airbnb. Il n’y a pas là l'écrasante majorité de séjours d’ultra-proximité signalée par la récente étude de SiteMinder, selon laquelle 68% des Français déclarent vouloir séjourner tout près de chez eux ... mais on reste quand même dans des valeurs voisines aux prévisions.
Attention ! AirBnB envisage la proximité dans un rayon de 480 km, ce qui constitue tout de même un périmètre très large. Pour moitié, on ne voyage pas “très loin”, mais environ 30 % de réservations ont concerné un rayon de 800 km et plus. Les deux rayons observés sont généralement couverts en voiture, ce qui permet d’éviter les transports en collectivité, perçus comme des vecteurs de de propagation du Covid-19. La prudence des voyageurs reste donc de mise ...

Fuir (toujours) la ville et se mettre au vert, pour pas cher

Les réservations que nous avons citées contiennent deux tiers de séjours en dehors des villes (les zones rurales comportent moins de 100 habitants au km2 selon les critères Airbnb). L’envie de prendre l’air et d’éviter l’entassement des pôles touristiques habituels semblent faire leur effet. “Se mettre au vert” n’est pas qu’une expression imagée. Mais on ne dépense pas plus de 88 euros par nuit dans un peu plus de la moitié des réservations passées au crible. La recherche de prix abordables est à considérer, tout comme la typologie des séjournants : grande surprise, les familles et les groupes ne sont pas majoritaires, car plus de 60% des nuitées achetées vise des voyages effectués par des personnes voyageant seules ou en couple.Photo by Aldrin Rachman on Unsplash

Paris va plafonner à 30 le nombre de nuitées Airbnb ?

En marge de ce “sondage” réel, l’actualité française d’Airbnb, c’est la tenue, cet automne, d’un référendum au sujet de la plateforme communautaire de location et réservation de logements de particuliers, à Paris. La question devrait être “Êtes-vous d’accord pour réduire la durée maximale de location autorisée ?”. Le nombre annuel de nuitées autorisées, soit 120 actuellement, pourrait être réduit à 60, voire à 30, cete dernière option étant la favorite de la maire, Anne Hidalgo, à l'origine de cette initiative.
Airbnb, plébiscité par le public depuis sa création en 2008, fait l’objet de frondes locales, pas seulement dans la capitale. A Saint-Malo, où 3000 logements de particuliers figurent sur la plateforme, certains habitants s’agacent des allées et venues sur leurs paliers, dans une ville qui perd chaque année des habitants en raison notamment de la flambée des prix de l'immobilier. La location entre particuliers est pointée du doigt. De façon radicale, Amsterdam a banni le 1er juillet les locations de type Airbnb dans tout son coeur de ville. Dans les autres quartiers, cette activité sera autorisée seulement 30 jours par an et à des groupes de quatre personnes au maximum.

En se faisant le chantre des vacances à la campagne, AirBnB tente certainement de conjurer le (mauvais) sort que lui réservent les grandes villes (qui pour l'heure, lui apportent l'essentiel de son business) dans l'espoir de bâtir un modèle de revenu alternatif ... mais sera-t-il suffisant ?