Pas de date pour les restaurants, un été sous surveillance en prévision

Pas de date pour les restaurants, un été sous surveillance en prévision

Fin de réunion entre le Président de la République, les ministres concernés et les représentants des professionnels de l'hôtellerie, la restauration ... et du tourisme. C'était ce matin, à l'Elysée. Voici les principales annonces ...

La question centrale de la ré-ouverture n'a toujours pas trouvé de réponse à ce jour et à cette heure. Selon Bruno LE MAIRE, ministre de l'économie: "Le Président de la République a indiqué que rien ne serait pire que de faire une réouverture dans la précipitation...". Donc, aucune date, aucun horizon à cette heure... en tous les cas, pour les restaurateurs, qui se trouvent dans l'oeil du cyclone. Pour le gouvernement, il est important de scruter comment le dé-confinement se déroulera à compter du 11 mai et, d'ici la fin du mois. En clair, si ce déconfinement est bien géré dans les transports, dans les écoles et les entreprises (surtout en région parisienne et les régions très touchées). Et si, bien sûr, la France ne contracte pas un deuxième risque épidémique comme on l'a malheureusement constaté à Singapour, par exemple, qui vient de repartir en confinement.

Pour le ministre de l'économie, Bruno LE MAIRE: "L'activité doit redémarrer dans des conditions de sécurité et sanitaire totale ...". C'est dire si le travail sur les bonnes pratiques et les protocoles de sécurité sera déterminant dans les prochains jours. Accor, par la voix de Sébastien Bazin, son CEO, mais aussi le Collège Culinaire de France, emmené par Alain Ducasse, ont partagé leurs travaux sur le sujet et l'Etat s'est engagé à valider ces protocoles pour qu'ils deviennent vite des références. On sait, d'ores et déjà, que les restaurants (s'ils rouvrent) devront limiter leur capacité d'accueil à 50%, séparer chaque table de 1 m et que les groupes ne pourront pas venir se restaurer à plus de 8 personnes sur une même "tablée". D'autres contraintes, comme le port du masque pour les employés ou encore l'évolution de leurs contrats de travail pour se soumettre aux nouvelles exigences sanitaires sont aussi à l'étude pour les prochains jours.

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La prudence est donc de mise et, donc, aucune date de ré-ouverture n'a été donnée aux restaurateurs ... qui sont réduits, pour certains, à ne pouvoir faire que de la vente à emporter. Rappelons, aussi à ce stade, que les hôtels et les hébergeurs marchands ne sont pas fermés ni interdits de recevoir du public. Ils sont juste limités dans leur exploitation par l'interdiction de déplacement faite aux français et par un principe de prudence légitime qui les incite, aujourd'hui, à travailler sur de stricts protocoles de sécurité.

"Le secteur qui prend le plus la crise de plein fouet"

Pour Bruno LE MAIRE, l'hôtellerie et la restauration sont les secteurs qui prennent le plus la crise de "plein fouet" pour reprendre son expression et, comme cela était annoncé, des mesures complémentaires à celles décidées en faveur des entreprises (générales) ont été décidées :

  • au titre des charges sociales et fiscales, l'annulation est effective à compter de ce jour pour toutes les entreprises du secteur et un report des charges patronales et de l'impôt "société" pour juin a déjà été acté. Pour le secteur, cette annulation représente un montant de 1,4 Milliards € dont 500 Millions € seront remboursés aux entreprises qui, entre temps, avaient déjà réglé leurs charges lors du trimestre dernier. Au-delà du mois de juin, des reports (et pas forcément des annulations, sur ce point les déclarations divergent) seront prolongés avec des assistances particulières pour les entreprises de plus de 250 salariés qui rencontreraient durablement des difficultés fiscales ou sociales.

  • au titre des aides immédiates, le gouverment a décidé du renforcement du fonds de solidarité à compter du 1er juin et au-delà, dans un premier temps, pour les entreprises du secteur qui seront fermées au-delà du 11 mai (alors que commerces et artisanats vont rouvrir le 11 mai). Le seuil des aides sera relevé pour les entreprises de l'hôtellerie et de la restauration qui réalisent jusqu'à 2 M€ de chiffres d'affaires (et jusqu'à 20 salariés, au lieu de 10). Dans ce cas, l'aide de solidarité sera portée de 5 à 10.000 euros pour les entreprises qui la demanderont.

  • au titre du chômage partiel, le dispositif sera proloné pour tous les secteurs du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration compte tenu des incertitudes qui pèsent sur la réouverture estivale ... pour les restaurants.

  • enfin, l'Etat annonce travailler sur la création d'un fonds d’investissement qui investira dans les restaurants, les hôtels, les bistrots, etc ... et ce, sur le long terme, pour les aider à se redresser. Le ministre annonce que l'Etat demandera aux assureurs et aux banques de participer à ce fonds pour contribuer à faire redémarrer cette économie au plus vite. Toutefois, l'expression "long terme" fait déjà frémir plus d'un entrepreneur qui craignent des décisions et des moyens qui risquent d'arriver trop tard ou qui seront compliquées à mettre en oeuvre. Tous les professionnels de la restauration, par exemple, n'ont pas de structure en société permettant d'accueillir un fonds d'investissement dans leur capital. Il y a donc lieu de penser que ces mesures concerneront plutôt les structures plus imposantes de la restauration et de l'hotellerie.

Une médiation sur la question des loyers

Sur l'épineuse question des loyers, le ministre de l'économie a rappelé que des "grandes foncières" (généralement, propriétaires de centres commerciaux) avaient consenti des remises gracieuses sur 3 mois et qu'il espérait que des bailleurs particuliers en fassent autant ... ce qui est moins évident, de suite.

Pour cela, Bruno LE MAIRE a annoncé que l'Etat avait nommé un Médiateur pour aider les restaurants et les hôtels à négocier avec leurs bailleurs soit, dans un but d'annuler la charge purement et simplement, soit de l'étaler dans le temps ou alors de baisser durablement les loyers. Pour Bruno LE MAIRE: "Au mieux, un restaurateur va tourner à 50 ou 60% de ce à quoi il tournait avant et il ne pourra pas payer le même loyer … mieux vaut être (pour les bailleurs) solidaire que d’avoir des multiplications de faillites ..." a prévenu le ministre.

Le ministre du tourisme annonce un comité pour le 14 mai

Enfin, Jean-Baptiste LEMOYNE, le secrétaire d'Etat au tourisme a rappelé que: "Le tourisme est une véritable priorité nationale. Nous sommes aujourd'hui dans l'étape de la résistance qui consiste à préparer la reprise pour le moment venu. Avec les acteurs de la filière, on se revoit fin mai pour évoquer les calendriers des réouvertures (sites, etc …), les protocoles sanitaires, les accompagnements économiques et, au-delà de l’urgence, travailler sur la relance et la reconquête...". Le secrétaire d'Etat a rappelé que le Président de la République souhaitait que l'industrie touristique "garde la place de Numéro 1 Mondial et que l'on fasse un travail sur notre offre : plus durable, plus digitale ..."

Pour les 3 ministres :"Aujourd'hui, c'était la réunion d’une équipe de France du tourisme à travers ses chefs, de la crêperie jusqu’à « l’étoilé ». Nous avons fait ce serment pour donner une perspective ...", sans en dire plus si cela serait effectif ou non cet été (mais on comprend pourquoi, s'agissant des questions sanitaires).

Une seule chose est certaine, la date du 14 mai qui réunira le Comité Interministériel au Tourisme sous la présidence du Premier Ministre avec, à l'ordre du jour, un plan de relance construit avec les acteurs du secteur et, d'ici fin mai, un nouveau rendez-vous pour travailler sur les calendriers d'ouverture (ou pas).

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