Les sites de locations de vacances attaquent Google devant Bruxelles

Les sites de locations de vacances attaquent Google devant Bruxelles

Rien ne va plus entre les plateformes de locations de vacances (dont Expedia, TripAdvisor, eDreams, HomeToGo, etc ...) et Google. Dans une plainte adressée la semaine dernière à la Commissaire européenne, Margrethe Vestager, en charge du digital, les 34 plateformes et 6 fédérations d'entreprises du milieu accusent Google de se placer en position dominante dans l'univers très lucratif des "hébergements alternatifs" ou, pour parler plus prosaiquement, des locations de vacances. AirBnB et HomeAway ne seraient pas signataires de la plainte ...

Pour Expedia et les 39 autres entreprises et associations en lien avec les locations de vacances, Google aurait des vélléités de vouloir "plier le match" dans le domaine des locations de vacances. En cause ? Son moteur de recherche dédié aux locations de vacances qui serait en train de prendre de plus en plus d'importance dans cet univers d'âpre compétition. Pour les signataires de la plainte, Google priviligerait dans ses résultats de recherche les locations de vacances (ou les compagnies) qui auraient potentiellement investi plus d'argent que les autres dans la mise en avant de leurs adresses ... et non pas les listings des plateformes traditionnelles. Quand on sait que 89% des voyageurs débtutent la préparation de leurs vacances sur Google, on comprend mieux ce qui inquiète ces plateformes ...

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Dans leur lettre adressée à la très redoutée commissaire européenne, les "plaignants" expliquent qu'ils assistent "à une tentative, de la part de Google, d’étendre sa domination dans la recherche en ligne pour les locations de vacances. Cette stratégie vise à nous réduire, nous et notre industrie, à de simples fournisseurs de contenu pour le “One Stop Shop” développé par Google"

Le "One Stop Shop" est ni plus ni moins le service qui permettrait de ne rester que sur Google pour réserver à la fois son avion (ou son train), son hôtel ou sa location de vacances mais aussi, ses activités ! Même si l'on en est encore loin, les entreprises du secteur ont raison de s'inquiéter: si Google n'a pas encore mis en place ce service, c'est bien parce qu'il ruinerait ses relations avec ses meilleurs annonceurs que sont, entre autres, Booking et Expedia. Donc, pour l'instant, Google se contente seulement d'adresser des sommations à ses "partenaires et clients". Du moins, c'est ce que pensent les portails plaignants devant la Commission Européenne...

Pour les entreprises "historiques" du secteur, " le classement et l'affichage des locations de vacances par Google est évidemment plus favorables à ceux qui acceptent de payer son service publicitaire (Hôtel Ads a été étendu aux locations, NDLR). De telles positions aussi favorables assurent au service de Google plus d’attention et de clics de la part des utilisateurs que n’importe quel service concurrent, même si ceux-ci sont plus pertinents pour la requête de recherche de l’utilisateur". Pour les rivaux de Google, si l'Europe laisse faire, à terme il en sera fini de leur propre activité. En effet, on pourrait parfaitement imaginer qu'une majorité d'internautes n'aille pas chercher au-delà (et donc, sur d'autres sites) que ce qui leur est proposé par Google ...

Le choix de Margrethe Vestager n'est pas neutre: non seulement, cette commissaire est en charge du digital mais elle aussi déjà infligé d'importantes amendes Google. Pour l'heure, aucun commentaire ne transpire mais Google affirme que cela ne l'empêche pas de travailler régulièrement à la manière de présenter le maximum d'offres en relations avec le tourisme et les loisirs sur ses propres pages. Autant dire que l'année 2020 risque d'être très riche en nouveautés et en occasion de plaintes certainement.

Une partie de la plainte est portée par l'avocat allemand Thomas Höppner, qui s'est aussi chargé de défendre avec succès les e-commerçants qui accusaient Google de privilgier son propre système de comparateur de prix. Suite à sa précédente plainte, l’UE a sanctionné Google d'une amende de 8,2 Milliards €; ce qui ne préjuge en rien du succès de sa nouvelle plainte dans l'univers des locations de vacances.