AirBnB verse 24 Millions de taxes de séjour en France et gagne de l'argent pour la 2ème année consécutive
Dans quelques jours, les comptes des villes touristiques françaises seront crédités de 24 Millions € supplémentaires de taxes de séjour directement collectées par AirBnB en 2018, auprès des voyageurs. Cette somme, plus que le double de celle de l'an dernier, devrait connaître une envolée record en 2019 avec la généralisation de la taxe de séjour à la source depuis le 1er janvier dernier ...
Ce mois de janvier sera celui des étrennes pour les villes françaises à qui AirBnB va reverser la taxe de séjour collectée ces douze derniers mois auprès de ses "guests". En tout, 24 Millions d'euros vont être reversés à quelques unes des 23.000 communes françaises sur le territoire desquelles AirBnB applique la collecte "à la source" de la taxe de séjour. Preuve de sa montée en puissance (en élargissant la collecte de 50 à 23.000 villes) mais aussi de la croissance continue de son activité en France, AirBnB va verser cette année 11 Millions d'euros de plus que l'an dernier (13,5 M€ reversés en 2018 au titre des taxes collectées en 2017).
Pour 2018, ces 24 Millions € auraient été collectés auprès de 400.000 hôtes, soit une moyenne de 60€ par hôte et par an, en taxes de séjour. Vu comme cela, on voit bien que la pression fiscale exercée ne connaît pas, elle, de vacances ...
En considérant que ces 24 Millions représentent une valeur moyenne de 3% des locations reçues (la taxe de séjour moyenne en France varie de 1 à 5%), cela reviendrait à considérer qu'en 2018, AirBnB aurait généré au moins 760 Millions € de réservations chez les différents propriétaires français. Voilà aussi pourquoi, désormais, la totalité des communes (36.000) demandent maintenant l'extension de la collecte à la source aux différentes plateformes concernées ...
Avec 550.000 annonces (dont 65.000 à Paris) et 16 millions de voyageurs en 2018 (+40%), la France constitue depuis toujours le deuxième marché d'AirBnB dans le monde après les États-Unis.
Pour les communes, ces étrennes de début d'année sont une aubaine puisque des villes comme Paris (7,5 M€), Nice (1,1 M€) et Marseille (1M€) récupère des sommes "nettes" sans avoir mobilisé de coûteux services de collecte. De quoi apaiser certaines communes jusque là dans un rapport d'affrontement avec la plateforme californienne.
Pour la direction d'AirBnB, ce procédé est vertueux à plus d'un titre :*"Seules 7000 communes disposent d’hébergements de type hôtelier mais 23 000 communes françaises ont au moins une annonce sur Airbnb. Le développement d’Airbnb bénéficie donc chaque année à de nouveaux territoires, y compris des communes qui ne percevaient jusqu’ici aucun revenu du tourisme, faute notamment d’offre d’hébergement traditionnel.*
Avec 23 Millions collectés et reversés, AirBnB dépasse ses prévisions du mois de juin dernier où sa direction pensait ne reverser en 2019 "que" 20 Millions d'euros. Par ailleurs, cette somme représenterait près de 6% du total de la taxe de séjour collectée en France; ce qui donne une idée encore plus précise du poids d'AirBnB dans l'ecosystème touristique (et désormais fiscal) français.
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En bonne voie ... mais des difficultés quand même ...
Avec la réforme de la taxe de séjour applicable depuis ce 1er janvier, certaines difficultés sont toutefois à craindre. En effet, jusqu'à présent, les plateformes comme AirBnB ont appliqué le prélèvement à la source de la taxe de séjour mais selon un système de double-collecte. En clair, ces dernières appliquaient le taux forfaitaire applicable dans votre commune (même si vous êtiez assujetti au taux réel) et reversaient son montant à votre mairie. Si votre mairie constatait que vous deviez payer plus (car bénéficiant d'un classement qui vous impose un taux supérieur), elle pouvait vous adresser un ajustement de votre taxe de séjour à lui payer directement, sans pouvoir engager la responsabilité de votre plateforme "collectrice".
Ce système de double-collecte est abandonné depuis ce 1er janvier prochain mais, compte tenu de la complexité des taxes à collecter (avec ou sans abattement), les plateformes semblent maintenir, de leur côté, un prélèvement par défaut calculé sur un taux forfaitaire. Or, si les communes n'appliquent pas la ré-évaluation des taxes dues, il y a fort à parier, qu'à terme, elles y perdent financièrement.
C'est ce que notait déjà le rapporteur de la loi de finances rectificative : *"Le choix d’appliquer par défaut (au niveau des plateformes) le tarif prévu pour les meublés non classés, s’il est poursuivi à compter du 1er janvier 2019, risque de complexifier fortement le dispositif de collecte au détriment des logeurs d’hébergements classés. Ce choix est d’autant plus dommageable que la plupart des collectivités renoncent à la collecte différentielle de la taxe de séjour auprès des hébergeurs classés, ce qui induit une perte de recettes non chiffrée à ce jour par l’administration fiscale. Le Rapporteur général considère que la taxe de séjour doit être collectée par les opérateurs numériques au tarif applicable à chaque hébergement tel que fixé par la délibération de la collectivité. Il rappelle que la base légale permettant ce mécanisme de double collecte est supprimée à compter de 2019."*
En clair, les hébergeurs "classés" comme les hôtels ou les maisons d'hôtes, les gîtes et les campings doivent se préparer à gérer quelques écarts plus ou moins importants et des discussions plus ou moins orageuses avec leurs collectivités ...
Sur ce point, en effet, les plateformes ont déjà prévenu qu'elles n'étaient pas "outillées" pour traiter la complexité du système français de calcul et de collecte de la taxe de séjour en vigueur depuis le début de cette année ...
Rendre possible l'impossible ...
Finalement, avec cette annonce, AirBnB se distingue du reste des plateformes de location qui jugeaient, en début d'année dernière, la collecte de la taxe à la source « techniquement impossible à mettre en œuvre ». Ces plateformes avaient demandé, en vain, le report de cette procédure report au 1er juillet 2019; ce qui n'avait pas manqué de susciter l'ire des organisations d’hôtelières "dont les représentants collectent la taxe de séjour à la source depuis des décades" selon leurs communiqués respectifs..
Depuis ce début d'année, la loi Élan (Évolution du logement, de l’aménagement et du numérique) prévoit des sanctions financières importantes en cas de non-collecte de la taxe de séjour par ces plateformes. Certaines sanctions peuvent aller jusqu’à 50.000 euros en cas de non transmission du décompte des nuitées durant lesquelles le logement est loué ou proposant dans le cas de résidences principales réservées plus de 120 jours par an.
Autre front ouvert, si les plateformes rentrent dans le rang sur le plan de la taxe de séjour, les hôteliers et leurs syndicats ne désarment pas pour autant. Pour le Groupement National des Indépendants de l’hôtellerie et de la restauration (GNI) et l’AhTop, l’Association pour l’hébergement et un tourisme professionnels, reste aussi à clarifier le sujet des impôts sur les sociétés payés par ces plateformes: selon ces organisations, Airbnb France n'aurait payé "que 161.000 euros, au titre de 2017, pour un chiffre d’affaires estimé en France à 200 millions d’euros ».
De la rentabilité pour la 2ème année consécutive
S'avançant petit à petit vers une probable introduction en bourse, AirBnB commence aussi à adopter les usages communs des sociétés cotées et communique de plus en plus souvent sur ses résultats financiers. Même si la transparence totale n'est pas encore de rigueur, son porte-parole a indiqué, cette semaine, qu'AirBnB avait généré des bénéfices pour la seconde année consécutive en 2018.
Selon Bloomberg et quelques spécialistes financiers, en 2017, donc sa première année bénéficiaire, AirBnB aurait généré 93 Millions $ de profits pour un revenu global de 2,6 Milliards $.
Avec une valorisation proche des 31 Milliards $, au terme de dix années d'existence, AirBnB devrait finaliser son entrée en bourse avant 2020. L'arrivée, au poste de directeur financier, de Dave Stephenson, ancien manitou des finances d'Amazon en février dernier, en est un des signes avant-coureur des plus évidents.
Selon ses représentants, à la fin du premier trimestre 2019, AirBnB aura réussi à faire voyager 500 Millions de personnes en dix ans; ces derniers ayant généré près de 250 millions d'avis et de recommandations diverses qui ont également concourru au succès fulgurant de la plateforme de location.