Booking, de plus en plus en mode "prepaid" pour les réservations ?
Le "prepaid" est le modèle selon lequel "je paie au moment où je réserve". À la différence du "postpaid" et son fameux "Réservez maintenant, payez à l'arrivée !", ce modèle était plutôt la spécialité d'Expedia. Selon les derniers résultats financiers de Booking, il semblerait que le paiement immédiat ait désormais le vent en poupe chez le champion des réservations de chambres ...
Longtemps, Booking a prospéré sur le modèle du postpaid et son fameux "Réservez maintenant et payez à l'arrivée" mais il semblerait que, de plus en plus, ce soit "Réservez maintenant et payez de suite !". Si l'on s'attarde sur les résultats trimestriels de Booking (voir quelles leçons tirer des résultats trimestriels de TripAdvisor), on s'aperçoit que la part des réservations enregistrées en mode "prepaid" a bondi de 53,4% ! Pour un revenu de 1,05 Milliards $. Rien que cela ...
N'en déduisez pas, pour autant, qu'il faut vous précipiter sur votre moteur de réservation et passer, vous aussi, du mode postpaid au mode prepaid: voici pourquoi ...
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Pour Booking, en volume de chambres vendues, l'impact de ce changement de mode serait énorme puisque les volumes vendus en mode prepaid aurait bondi de 65,7% contre seulement 2,3% pour le modèle postpaid ou modèle Agent.
Deux raisons expliquent principalement cette (r)évolution :
- d'abord, Booking intègre de plus en plus d'offres en provenance de loueurs de meublés (déjà plus de la moitié de son catalogue) et ces derniers ne disposent pas toujours de terminal de paiement pour encaisser les cartes bancaires transmises par Booking. Il leur est donc proposé par le géant néerlandais d'encaisser les réservations à leur place et de leur reverser les montants nets, c'est-à-dire soustraits du montant de la commission due à Booking. La forte croissance de locations de vacances réservables sur Booking serait donc l'un des facteurs majeurs de cette évolution,
- d'autre part, Booking se développe de plus en plus en Asie où le modèle du paiement cash des nuitées est très fort. Avec sa filiale sur place, Agoda, dont le développement est exponentiel sur l'Asie (où sa rivale n'est autre que le géant chinois CTrip), Booking voit s'accroître mathématiquement le poids des réservations réalisées en Asie dans son business international et donc, assez logiquement, la part des réservations effectuées en mode prepaid...
Au total, compte tenu de ces évolutions, le modèle prepaid aurait donc pesé pour 21,6 % des 4,85 Milliards $ de réservations enregistrées sur le dernier trimestre par Booking ! Autant de cash que les analystes financiers considèrent comme de "l'argent pas cher" pour que Booking puisse financer sa politique de croissance.
Autre phénomène financier positif pour Booking, le modèle prepaid lui rapporte plus d'argent en commissions puisque le fait d'encaisser pour le compte du propriétaire n'est pas un service rendu gratuitement mais, en général, suppose de lui facturer une commission supérieure. Là aussi, le rapport trimestriel est éloquent: un hôtel ou une maison d'hôtes en mode postpaid règle une commission moyenne de 18,6% à Booking contre 20% (soit + 1,4%) en mode prepaid: sur un volume de 5 Milliards (voir plus haut), le gain est remarquable puisqu'il représente 70 Millions $ !
Pour certains analystes, si cette méthode s'amplifiait chez Booking, 1% de commission en plus représenterait, sur un an, un gain net supplémentaire de 900 Millions $ ! Autant d'argent en plus permettra à Booking d'amplifier ses importants investissements publicitaires : selon le rapport, 160 Millions $ ont été dépensés, durant le dernier trimestre, pour simplement promouvoir la marque (TV, etc ...) tandis que 1,3 Milliards (+7%) ont été investis en achats de mots clés sur les moteurs de recherche; principalement, Google. Autant dire que "le match est plié" en terme de domination du marché : définitivement, en raison de ces efforts colossaux, Booking mais aussi Expedia, TripAdvisor et AirBnB sont les "Big Four" du marché et passer par eux deviendra incontournable pour conserver une certaine visibilité en ligne.
Ces chiffres - au-delà du vertige qu'ils peuvent provoquer - en disent long sur la puissance de feu des OTAs que les résultats trimestriels successifs ne démentent pas. Les quatre acteurs se battent désormais quasiment tous sur les mêmes fronts : AirBnB veut vendre des hôtels tandis que Booking veut vendre de plus en plus de locations de vacances et de maisons d'hôtes. Toujours selon son rapport, cet "inventaire" a encore gagné 21% d'adresses en plus sur le dernier trimestre.
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