Les plateformes vont devoir indiquer ce qui motive l'ordre d'affichage de leurs établissements

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A compter du 1er janvier prochain, les sites d'annonces et de voyage en ligne (et aussi, les sites d'avis) seront soumis à de nouvelles contraintes légales. Le gouvernement français vient de signer 3 décrets en ce sens ... Le premier d'entre eux est une mini-révolution puisqu'il oblige les plateformes et les OTAs à indiquer ce qui fait que telle ou telle adresse se classe en tête des autres ...

Imaginez les pages de Booking où il sera bientôt indiqué en vertu de quoi tel ou tel hôtel (ou tout autre type d'hébergement) est classé en 1ère position des résultats affichés ... C'est ce qu'exige le 1er décret n°2017-1434 signé la semaine dernière par le Premier Ministre, Edouard Philippe:

"Tout opérateur de plateforme en ligne (...) précise dans une rubrique spécifique les modalités de référencement, déréférencement et de classement. Cette rubrique est directement et aisément accessible à partir de toutes les pages du site (par l'internaute)".

Cette page devra donc indiquer :

  • Les conditions de référencement et de déréférencement des contenus et des offres de biens et services, notamment les règles applicables pour être référencé et les obligations dont le non-respect conduit à être déréférencé: en clair, est-ce que tel hôtel est référencé à titre gracieux ou doit-il s'acquitter d'un abonnement ou d'une commission pour s'afficher sur le site en question ...
  • Les critères de classement par défaut des contenus et des offres de biens et services, ainsi que leur principaux paramètres: le site devra donc indiquer si un hôtel apparaît 1er car "il le vaut bien ..." ou si sa position est la contrepartie d'une commission plus élevée, par exemple,
  • La plateforme devra indiquer l'existence (d'un lien capitalistique ou) d'une rémunération entre l'opérateur de plateforme et les offreurs référencés dès lors que ce lien ou que cette rémunération exercent une influence sur le référencement ou le classement des contenus, des biens ou des services proposés ou mis en ligne: là, on ne peut être plus clair, la plupart des plateformes devront indiquer qu'elles classent les établissements présentés dans leur listes en fonction des taux de commission (plus ou moins élevés) qu'ils paient à ces plateformes,

Lire aussi : 3/4 des internautes croient les comparateurs indépendants

Et comme si ce n'était pas assez clair, le décret précise que, pour chaque résultat de classement, à proximité de l'offre ou du contenu classé, tout opérateur de plateforme en ligne fait apparaître, par tout moyen distinguant ce résultat, l'information selon laquelle son classement a été influencé par l'existence d'une relation contractuelle, d'un lien capitalistique ou d'une rémunération entre l'opérateur de plateforme et l'offreur référencé.

Cette indication devra apparaître sur chaque page de résultats, le critère de classement utilisé ainsi que la définition de ce critère. Inutile de dire que ce décret est une "mini-révolution" pour les principales plateformes en ligne car il vient mettre "le doigt là où ça fait mal": en clair, que l'hôtel apparaît dans les premiers de liste non pas pour ses qualités intrinséques mais seulement parce qu'il paie plus cher pour être vu en tête de tous ses confrères, sur sa destination.

Nul doute que ce décret (qui ravit les hébergeurs) risque de susciter de nombreuses réactions chez les plateformes d'annonces (et les OTAs) qui préparent très certainement une réplique à cette vague de mesures radicales.

Outre ce décret et [un autre sur le contrôle des avis, le gouvernement a publié un 3ème décret](GHOST_URL/2017/10/16/en-2018-les-avis-seront-suivis-a-la-trace/) imposant aux plateformes recueillant plus de 5 Millions de visiteurs uniques par mois (mais sans préciser s'il s'agit de leur trafic mondial ou le seul trafic computé sur le territoire français ...) de publier un guide des bonnes pratiques (en matière de clarté, transparence et de loyauté) à l'image de celui publié par Booking ces derniers mois, en France.