Les villes américaines à l'assaut de AirBnB
On pourrait penser que les US, pays du libéralisme assumé, laisseraient se développer aimablement les plateformes collaboratives comme AirBnB. C'était sans compter sur les grandes villes américaines qui taxent désormais les propriétaires qui louent plus de 30 jours sur AirBnB...
La semaine dernière, AirBnB a mis fin au bras de fer qui l'opposait à la ville de New York. Le géant mondial de la location a stoppé ses poursuites contre les dernières règlementations mises en place dans la ville qui ne dort jamais.
Rappel des faits: sous la pression des syndicats hôteliers et des associations de résidents qui ne trouvaient plus de logements à prix décent, la ville de NYC avait publié une réglementation interdisant de louer un appartement plus de 30 jours par an. A la clé pour les propriétaires en infraction avec la loi locale: des amendes allant de $1500 à $7500 par infraction constatée.
Il faut savoir que, selon un rapport édité par AirBnB, à NYC, sur 42.000 appartements "listés" près de 54% étaient loués plus de 30 jours par an; une situation due, notamment, à l'afflux d'investisseurs privés qui acquièrent de nombreux logements pour les transformer en appartements destinés à la location "courte durée" ... ou, selon les syndicats hôteliers, à la création d'hôtels "fantômes", c'est-à-dire non soumis aux mêmes taxes et aux mêmes contraintes que les hôtels mais relevant d'une même concurrence, sinon plus agressive.
Concentration du listing AirBnB sur NYC
Cette réglementation, on le comprend, n'était pas du goût de AirBnB qui avait interjeté appel de son application. La mairie de NYC, ne souhaitant pas reculer, a modifié sa loi jusqu'à la rendre quasiment inattaquable par AirBnB ... qui a donc fini par jeter l'éponge la semaine dernière.
D'autres villes américaines suivent le mouvement: San Francisco a limité le volume de location (et d'échange) par propriétaire à 90 jours et Miami à 60 jours. Avec, toujours à la clé, pour ceux qui dépassent des amendes sévères pouvant atteindre $20.000 à Miami, par exemple.
Cette tendance des villes à taxer la location de "courte-durée" - qu'elles considèrent comme une menace pour leurs hôtels et pour les citoyens confrontés au manque de logements libres - pousse AirBnB à revoir son modèle et son positionnement. A La Nouvelle Orléans, par exemple, le géant mondial a accepté de partager ses données avec la mairie en transmettant les noms et adresses des propriétaires des appartements mis en location sur son site. L'autre étape consistera à communiquer le montant des revenus enregistrés via le site afin que ces derniers soient taxés avec plus de précision par la ville.
Inutile de dire que ce mouvement devrait s'amplifier aux US mais aussi en Europe: à Barcelone, par exemple, la mairie compte amplifier ses mesures "anti-AirBnB" dans les prochains mois.