Locations européennes: plus de discussions, moins de réglementations ?
Alors que la Commission européenne propose une nouvelle loi sur les locations de courte durée pour 2026, les acteurs du tourisme appellent d’abord à appliquer la réglementation déjà votée. Réunis au sein du lobby "Eu Travel Tech", ils affirment qu'il s'agit là d'une question de cohérence et d’équilibre économique ...
Cette année, Bruxelles a présenté son Plan d’action pour le logement abordable avec une ambition forte : endiguer la crise du logement en Europe. Parmi ses principales propositions, des mesures fortes (voire, radicales pour les professionnels, voir plus bas) sur les locations de courte durée (STR) prévu pour fin 2026.

Mais pour les professionnels du tourisme, cette annonce sonne comme une (nouvelle) alerte rouge qui leur fait réclamer haut et fort que l'Europe mette d'abord en œuvre la réglementation STR déjà adoptée en 2022, mais toujours pas appliquée à l’échelle européenne.
Pour rappel, la réglementation européenne 2024/1028 sur les locations de courte durée a été adoptée dans le but de faciliter la collecte de données fiables sur les hébergements touristiques, de permettre aux autorités locales de mieux comprendre leur impact sur le marché du logement et d'instaurer un cadre juridique commun à l’échelle de l’UE.
Problème selon le principal lobby de plateformes en ligne ? Elle n’est toujours pas entrée en vigueur ! Et c'est bien parce que sa mise en œuvre est attendue pour mai 2026, que les acteurs de l'UE Travl Tech dénoncent la mise en discussion d'une nouvelle loi ? Incohérence ou mesure prématurée ?
Pour ces derniers, le risque d’un empilement réglementaire ne peut que "créer de l’instabilité juridique ... menacerait l’activité de milliers de familles qui tirent un revenu complémentaire de leur hébergement et (...) intervient sans données fiables, alors que la précédente réglementation avait justement pour but d’apporter des chiffres concrets et comparables".
Pour Emmanuel Mounier, secrétaire général d’EU Travel Tech: "Comment peut-on réclamer plus de prévisibilité, tout en annonçant une nouvelle législation sans attendre les résultats de la précédente ?".
En fait, derrière ce débat, se cache une vraie question pour les pros du secteur : quel est le vrai poids des locations courte durée dans la crise du logement ? Pour ces derniers, sans données fiables, toute décision risque d’être fondée "sur des perceptions locales, parfois injustes ou incomplètes".

Il n'en fallait donc pas plus au lobby pour demander, dans son dernier communiqué, d'attendre la mise en œuvre complète du règlement STR 2024/1028, de collecter - pour de bon - et d'analyser les données issues de cette première salve de régulation ... et de concevoir ensuite, si besoin, "des mesures ciblées, proportionnées et fondées sur les faits". Bref, pour le lobby, stop à la surenchère de réglementations !
D'autant plus que, selon les leaders de ce groupe de pression, la location de courte durée n'a pas que des bienfaits pour les plateformes en ligne. Selon eux, "elle offre plus de choix aux voyageurs et permet à des particuliers de compléter leurs revenus. Sans compter qu'elle dynamise l’économie touristique locale, surtout en zone rurale ou semi-urbaine".
En clair, pour ces acteurs, sans aller plus loin dans l'inflation de réglementation, appliquer la régulation actuelle des STR (Short Term Rentals ou Locations de Courte Durée) permettrait probablement d'arrêter de stigmatiser le rôle des locations de courte durée dans le marché du logement. Et dans ce but, selon eux, mieux valent des discussions, des partages de données ... que d'ajouter des réglementations.

