Plus de moyens marketing pour les OTAs et des prix qui fluctuent sans l'accord des hôteliers.

Plus de moyens marketing pour les OTAs et des prix qui fluctuent sans l'accord des hôteliers.

En ce début d'année, les investissements marketing des OTAs (pour attirer à eux un maximum de réservations) n'ont marqué aucune pause (voir plus loin, notre encadré). Avec 4,5 Milliard $ investis par les "Big Four" (Booking, Expedia, Airbnb, Trip), les OTAs continuent de consolider leur leadership ... Dans une certaine mesure, ils privilégient les liens publicitaires pour afficher des tarifs plus compétitifs que chez l'hébergeur en direct ...

Mensuellement, la plateforme "123compare.me" analyse les tarifs affichés entre les OTAs et un panel assez consistant d'hôtels à travers le monde (6000 établissements pour près de 5 millions de tarifs comparés) et mesure ce que l'on appelle le BML pour Beat, Meet or Lose. Cet indicateur évalue quand un OTA affiche un prix similaire à l'hôtel (Meet, pour un prix "équivalent"), quand son prix est supérieur (Beat, pour "il se fait battre par l'hôtel !) ou lorsque l'hôtel affiche un prix supérieur à l'OTA (Lose, pour "l'hôtel perd sur l'affichage d'un prix plus performant).

Selon cet indice, le taux de "lose" – c’est-à-dire la fréquence à laquelle les tarifs proposés par les OTAs sont inférieurs à ceux affichés en direct par les hôtels – est plus élevé dans les espaces (publicitaires) payants que dans les résultats organiques (résultats naturels) des principaux moteurs de recherche (principalement, Google).

En clair, ce constat témoigne d’une stratégie commerciale plus agressive, de la part des OTAs, dans leurs campagnes sponsorisées: ils ne se contentent pas de promouvoir un hôtel à un prix "normal" (celui qui a été communiqué à l'OTA), mais ils "dégradent" en général leur marge (ils prennent sur leur commission, en quelque sorte) pour s'assurer que leur prix sera toujours inférieur à celui de l'hôtelier et donc, pour que leur investissement publicitaire ait plus de chances d'attirer l'oeil de l'internaute ...

Pour mai 2025, selon l'étude de la plateforme, le taux BML (Beat, Meet, Lose) moyen s’établirait à 30 %, soit une baisse de 5 points par rapport à avril, ce qui indique une légère amélioration de la position des hôtels face aux OTAs.

Source: 123compare.me (Juin 2025) (NDLR: Priceline est la maison-mère de Booking qui opère aux US, Hotels.com est la filiale d'Expedia).
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elloha pour vous afficher simplement sur les comparateurs de prix
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Selon le blog du channel manger elloha, les hôteliers européens commencent à jouer plus intensément avec la parité tarifaire et, dans plus d’un cas sur deux, d’offrir de meilleurs prix chez eux que sur les OTAs.

Les bienfaits de Google Direct

Cet état de fait souligne, en effet, la prise de conscience des hôteliers (et plus généralement, tous les hébergeurs "marchands") à se vendre de plus en plus "en direct", en privilégiant toutes les pistes possibles ... dont Google Hotel Direct (le lien de réservation Google sans commission).

Le fait que les OTAs pratiquent des politiques tarifaires plus agressives sur leurs liens publicitaires démontre bien qu'ils ont besoin de "tenir la comparaison" sur les pages les plus fréquemment consultées par les voyageurs à leurs premiers stades de recherche pré-réservation ... et la comparaison sur Google est au premier rang de celles-ci ! En clair, pour gagner la réservation, non seulement l'OTA doit financer de la publicité mais, en plus, il doit pratiquer un tarif plus compétitif que celui de l'hôtelier lui-même ... qui a tout intérêt à exploiter à fond le potentiel offert par les liens gratuits de Google !

Cependant, d'un OTA à l'autre, les straégies ne se valent pas et l'étude de la plateforme 123compare.me montre bien la différence de stratégies entre les "grands" OTAs et les plateformes plus modestes, plus spécialisées ou plus "locales".

Les grands OTAs plus "fair" ?

Du côté des stratégies tarifaires, en effet, (toujours selon l'étude), les grands groupes comme Booking et Expedia s'affirment moins agressifs que les autres intermédiaires. Ils afficheraient même une baisse de leur taux de lose par rapport au mois précédent (avril 2025).

Cependant, ces OTAs "majeurs" sont généralement plus compétitifs sur les prix dans les liens sponsorisés, avec des écarts de lose qui peuvent varier, selon la marque, de 1 % d'écarts pour Hotels.com à 15 % pour Agoda (plutôt localisé en Asie). Autant dire que cette "réduction forcée" est prise sur la commission qu'ils facturent à l'hôtel ...

En Europe, Booking conserve sa position dominante avec un taux de lose relativement faible (environ 17,6 %), sauf en Suisse où la concurrence s’intensifie. En Asie, la guerre des prix fait rage, avec des taux de lose beaucoup plus élevés pour Booking et Expedia. En Amérique latine, Expedia compense sa moindre visibilité par une politique tarifaire plus agressive, tandis qu’en Amérique du Nord, la concurrence reste modérée et le marché mature.

En Afrique, la compétition est forte même pour Booking, qui domine la visibilité mais affiche un taux de lose élevé. En Australie, le marché est plus équilibré, avec des stratégies moins extrêmes de part et d’autre.

Ces différences, entre l'Europe et les autres "régions" sont parfaitement compréhensibles: sur le Vieux-Continent, les réglementations se sont multipliées pour tenter de mieux protéger les hôteliers face aux OTAs. On peut donc en conclure que chacun d'entre eux y "file droit" ...

💡
Près de 5 Milliards $ investis en un seul trimestre ! Les géants du voyage en ligne—Airbnb, Booking, Expedia et Trip (Asie)—ont investi collectivement 4,5 milliards de dollars supplémentaires dans le marketing (principalement en achat de liens sponsorisés) lors du précédent trimestre ! En clair, les "mastodontes" de la réservation en ligne continuent d'augmenter leurs dépenses promotionnelles. En 2024, sur toute l'année, selon leurs différents rapports financiers, les OTAs auraient dépensé pas moins de 17,8 milliards $ en publicité ! Cependant, et plus en détail, leur stratégie semble avoir évolué: ils expérimentent de nouveaux canaux comme l'intelligence artificielle en vue de s'immiscer dans les résultats des principaux "bots" de la planète et ils continuent de mettre le turbo sur les réseaux sociaux avec un but évident ... réduire leur dépendance aux moteurs de recherche traditionnels comme Google. Booking, a lui seul, a ainsi vu ses dépenses marketing augmenter de 10 % sur un an, soit un total de 1,8 milliard $ au premier trimestre 2025. Expedia, de son côté, a augmenté ses dépenses de 6 % pour atteindre 1,76 milliard $ et, à noter, une présence accrue sur Instagram avec la possibilité, pour les voyageurs de réserver directement depuis le réseau social filiale de facebook. En 2025, selon sa directrice générale, Expedia devrait mettre aussi le turbo sur les outils d'IA de plus en plus fréquentés par les nouvelles générations de consommateurs pour organiser leurs voyages. Enfin, Airbnb a investi 563 millions $ en marketing au premier trimestre 2025, soit une hausse de 9,5 %, plutôt orientée sur la publicité télévisée et le lancement de sa plateforme Expériences. En conclusion, ces investissements massifs confirment l'ambition des acteurs majeurs du secteur de le rester ... en renforçant leur marque et en étant les premiers à conquérir les nouveaux marchés de l’ère numérique que sont ... les plateformes IA.