Pour Airbnb, l'avenir passe aussi par les hôtels. Dans les destinations "courues", notamment, là où l'offre locative vient à manquer (pour des raisons historiques ou réglementaires), la plateforme californienne cherche désormais à valoriser une offre supplémentaire basée sur les hôtels...
Et si Airbnb devenait un concurrent (encore) plus frontal à Booking sur l'offre hôtelière ? En tous cas, c'est le sens des commentaires formulés par Brian Chesky (cofondateur et CEO) lors de la présentation de ses résultats financiers du premier trimestre: "Dans des destinations très fréquentées, les logements Airbnb sont souvent complets et, pour satisfaire nos guests, nous devons nous ouvrir à d’autres options d’hébergement comme les hôtels qui sont un excellent complément à notre offre historique".
Autre point majeur, toujours selon le big boss, "quand une personne réserve un "airbnb", neuf autres réservent directement un hôtel". En clair, non seulement, le marché hôtelier fait face à une plus grande demande mais, de plus, il répond à des standards de qualité qui ne trompent que très rarement.
En revanche, toujours selon Brian Chesky lui-même, les locations de courte-durée peuvent avoir leur lot (important) de vilains petits canards: sur les 12 derniers mois, d'ailleurs, pas moins de 450.000 hébergements ont été supprimés du catalogue du leader mondial !
Des résultats en demi-teinte ? Entre le 1er trimestre 2025 et celui de 2024, le revenu global des réservations reçues par Airbnb n'aura progressé que de 6% (à 2,3 Milliards $) en raison, notamment, d'une baisse "relative" du prix moyen journalier. Durant ce trimestre, c'est le bénéfice d'Airbnb qui a été le plus impacté (164 Millions $ contre 264 Millions $ un an auparavant) en raison, selon Brian Chesky, des coûts de recrutements supplémentaires et de la "la hausse des charges liées aux rémunérations en actions" puisque la société a racheté pour plus de 817 Millions $ d'actions à ses investisseurs.
Hôtels et maisons d'hôtes en ligne de mire
Ce retournenement de situation reste notable car Airbnb est d'abord connue pour sa forte identité de "location chez le particulier". Cependant, de nombreuses études ont démontré que les voyageurs les plus exigeants recherchent aussi à bénéficier de la qualité d'une hospitalité (quasi) hôtelière (ménage, petit-déjeuner, bagagerie, etc) et d'une présence humaine rassurante.
C'est pour cela que de nombreux hôtels et maisons d'hôtes bénéficient largement d'une exposition supérieure dans les listings d'Airbnb.* Sans compter que, d'une manière générale aussi, les voyageurs (et les autorités gouvernementales, sous leur pression) ont obtenu la mise en œuvre généralisée du prix tout-compris (voir ci-dessous) et plus seulement des prix d'appel (hors options, hors frais, etc) comme cela fut le cas pendant de nombreuses années.
Dans ces conditions - en plus des restrictions légales qui fleurissent un peu partout dans le monde contre les locations de courte durée - l'offre des hôtels et des maisons d'hôtes devient une offre éminemment stratégique pour Airbnb ...
La Loi 18 inefficace ? Selon ses dernières communications officielles, Airbnb considère que la loi (locale) numéro 18 votée et appliquée par la ville de New York aurait "un impact décevant sur l’accès au logement et le tourisme". Selon la plateforme, plus de 20 mois après son entrée en vigueur, le bilan serait donc loin d’être positif pour les professionnels du tourisme et pour les voyageurs. Pour Airbnb, "cette réglementation, censée améliorer l’accès au logement pour les résidents et rendre la ville plus abordable, n’a pas tenu ses promesses". Ainsi, selon Airbnb, malgré la loi, le loyer médian à Manhattan a franchi la barre historique des 4 000 dollars par mois, soit une hausse de 4,1 % depuis l’application de la mesure. Les taux de vacance n’ont pas évolué, signe que la disponibilité des logements ne se serait pas améliorée. Les locations courte durée, quant à elles, seraient bien en chute libre … mais les hôtels explosent les compteurs ! Selon Airbnb, le prix moyen d’une nuit d’hôtel à New York aurait atteint un record de 320 dollars sur les 12 derniers mois, rendant la destination encore moins accessible pour de nombreux visiteurs. En conclusion, cette loi aurait provoqué un véritable effet boomerang pour l’économie locale et les acteurs du tourisme: les leaders communautaires et commerciaux des cinq "boroughs" (grands quartiers) tirent la sonnette d’alarme et, selon Airbnb, appellent à des ajustements pragmatiques, comme autoriser les hôtes à louer leur logement pendant leur absence et assouplir les restrictions d’occupation.