La guerre commerciale affecte-t-elle déjà l'économie du tourisme ?

La guerre commerciale affecte-t-elle déjà l'économie du tourisme ?

Même si, dans un premier temps, les yeux sont rivés sur l'avenir des produits directement touchés par l'augmentation des tarifs douaniers (tarrifs) suite aux décisions de Donald Trump, l'impact sur l'économie du voyage ne devrait pas tarder à se faire sentir, en mal comme en bien ...

Les témoignages affluent depuis ces derniers jours via des posts effarés ou encore des videos glaciales: des voyageurs canadiens ou européens arrivant dans les aéroports US se font contrôler de manière plus-que-musclée ... car venant de pays "en guerre commerciale" avec ls US.

Depuis janvier dernier et l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, les contrôles aux frontières se sont radicalement renforcés en raison de nouveaux décrets anti-immigration qui imposent des contrôles plus stricts aux arrivées. Contrôles musclés, mise en celulle pour plusieurs heures (ou plusieurs jours) ... ces faits se sont à ce point mulitpliés que les ministères des affaires étrangères français et européens ont revu leur notice en ligne sur les précautions à prendre avant tout départ vers les Etats-Unis ... c'est dire si les conditions peuvent être cauchemardesques une fois arrivé sur place !

Dans un récent message posté sur ses réseaux sociaux, le ministère des affaires étrangères allemand a même indiqué que "avoir un visa ou une exemption d'entrée ne garantit plus l'entrée après que plusieurs allemands, pourtant munis de ces titres, ont été détenus à la frontière récemment". Flippant ...

Résultat ? La bonne nouvelle serait que les européens (avides des grands espaces américains pendant les mois d'été) seraient de moins en moins à se risquer à prendre l'avion pour se rendre aux US ... et donc, préfèreraient rester sur le vieux continent ou regarder du côté de l'Asie.

Chez Accor, selon des déclarations récentes, les réservations des établissements américains seraient même en chute historique de 25% par rapport à l'an dernier. La probabilité que la destination US s'affaisse cette année est donc au niveau le plus élevé.

D'ailleurs, les recherches de voyages vers les États-Unis depuis la France ont chuté de 20 % à 26 % selon les mois, avec une baisse marquée pour des villes comme New York, Los Angeles et San Francisco, ces derniers jours. Ce recul est attribué à l'augmentation incompréhensible des prix des billets d'avion et au contexte anxiogène des contrôles aux frontières américains.

Pour l'avocat Michael Wildes, spécialisé dans les questions d'immigration, cité par Les Echos: "Aux US, avec ces nouvelles dispositions, vous avez plus de droits en tant que criminel qu'en tant que ressortissant étranger même avec un visa". Et d'expliquer que, dans ces cas, tout un chacun peut être considéré comme un "arriving alien" destiné à un traitement particulier ...

De la même manière, avec un dollar qui s'érode face à l'euro (1 euro pour 1,13 dollars hier), le fléchissement du tourisme américain vers l'Europe entre désormais en phase de certitude: -3% pour les congrès (-3 %) et -4% pour le tourisme d'affaires. Cependant, et c'est aussi là une bonne nouvelle: ces baisses sont partiellement compensées par une augmentation des visiteurs en provenance du Canada, qui se détournent des États-Unis pour privilégier des destinations européennes comme la France.

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Perturbations ferroviaires pour les ponts de mai ? La CGT-Cheminots appelle les conducteurs et contrôleurs de la SNCF à une grève dès le 5 mai 2025, rejointe par Sud-Rail et le Collectif national ASCT (CNA), à l’origine de mobilisations très suivies par le passé. Ces mouvements, qui coïncident avec les ponts du 8 mai et de l’Ascension, visent à dénoncer la dégradation des conditions de travail, les plannings instables et une revalorisation salariale jugée insuffisante. Les revendications incluent notamment une augmentation des primes de traction pour les conducteurs et de 100 € par mois pour les contrôleurs. La direction de la SNCF se veut rassurante, mais des perturbations importantes sont redoutées. Les voyageurs sont invités à consulter les prévisions de trafic en temps réel et à anticiper leurs déplacements pour limiter les désagréments.

Plus d'assurances annulation

À quelques mois des grands départs, les incertitudes économiques, les tensions liées à l'immigration et l'instabilité des marchés financiers poussent donc à une prudence de sioux. Si tous les voyageurs n'entendent pas renoncer à leurs vacances, de plus en plus d'entre eux seraient sur le point de souscrire davantage aux assurances-annulation. Entre février et mars dernier, ces souscriptions dédiées aux voyages auraient même connu une augmentation de 20 % des ventes de produits d'assurance voyage entre février et mars 2025.

Le grand assureur international, IMG, aurait même enregistré une augmentation de 25 % des ventes de son produit "Cancel for Any Reason" au premier trimestre 2025 par rapport au dernier trimestre 2024.

La fébrilité semble donc atteindre tous les protagonistes du voyage, jusqu'aux OTAs eux-mêmes que les analystes financiers recommandent d'observer avec prudence tant le contexte actuel ne leur semblerait pas favorable à l'exception notoire de Airbnb (voir plus bas).

Un "effet réseau" encore puissant

Ce weekend, l'analyste-vedette du Morningstar pour l'univers du tourisme, de l'hospitality et des expériences, Dan Wasiolek, dévoilait ses prévisions financières sur les principaux acteurs du marché en mentionnant de sérieuses baisses de valorisation boursière:

Pour ce dernier, les tarifs douaniers instaurés par l'administration Trump amplifient les inquiétudes économiques au point, qu'aux États-Unis, l'indice de confiance des consommateurs a chuté pour le troisième mois consécutif en mars pour atteindre son niveau le plus bas depuis novembre 2022. Selon le spécialiste, cette baisse reflète des perspectives financières dégradées, notamment en matière d'emploi et d'inflation; un contexte qui pourrait donc freiner la demande de voyages, comme cela s'est produit lors de précédentes crises économiques.==

Selon ce spécialiste, l'impact économique touchera tous les marchés et pas seulement les US; au point que les acteurs "globaux" comme les OTAs pourraient sérieusement être impactés: "Les agences de voyages en ligne ressentent déjà les effets des turbulences économiques. Les estimations de juste valeur pour des entreprises majeures comme Booking (-3 à -4 %), Airbnb (-5 %), Expedia (-3 %) et Tripadvisor (-4 %) ont été revues à la baisse".

Malgré cela, toujours selon cet analyste, Airbnb se distingue grâce à son avantage réseau et ses offres alternatives qui devraient stimuler une croissance moyenne des revenus de 11 % entre 2026 et 2034.