Airbnb exige l'extinction des caméras au 30 avril !
Un "host" qui continuerait de laisser branchées ses caméras dans sa villa ou son appartement risque de voir son adresse rayée des listings d'Airbnb dès le 1er mai prochain ... pas de répit pour les voyeurs !
Certes, la tentation est grande, lorsqu'on loue son bien, de tout faire pour le tenir en sécurité: prévenir le risque de dégradation, vérifier à distance si les plaintes des voisins qui vous appelent pour nuisances sonores sont fondées, etc ... Sauf que, dépassées ces questions de ré-assurance, il arrive souvent que les caméras intérieures soient utilisées à d'autres fins, notamment un voyeurisme malsain, dont de nombreux "guests" de la plateforme se plaignent sur les réseaux sociaux ou dans des reportages télés potentiellement préjudiciables à Airbnb.
D'où l'annonce, cette semaine, faite par Airbnb d'interdire, dans toutes les régions du monde, l'utilisation de caméras de sécurité à l'intérieur des logements mis en location sur sa plateforme.
Certes, jusqu'à présent, l'utilisation de caméras intérieures était tolérée dans les parties communes des logements: pour cela, le propriétaire (ou le loueur) devait quand même en divulguer la présence aux "invités". Ils devaient ensuite les rendre visibles (identifiables) et garantir que ces caméras, en aucun cas, ne filmaient pas les espaces privés comme les chambres, la salle de bains ou les toilettes.
La nouvelle politique annoncée par Airbnb est désormais plus catégorique: elle interdit purement et simplement l'utilisation de caméras intérieures, même si elles sont divulguées.
Pour contrer les "petits mains", Airbnb vient également d'annoncer que les caméras de sécurité extérieures ne sont tolérées que si elles se contentent de filmer l'extérieur et uniquement l'extérieur et, en aucun cas, de ne plus être positionnées de manière à capturer des vues à l'intérieur de la résidence.
Sur un autre plan, cependant, les moniteurs de bruit restent autorisés, mais avec des règles strictes de divulgation et d'utilisation. Par exemple, ils ne peuvent mesurer que les niveaux de décibels et, en aucun cas, ne sont autorisés à enregistrer les conversations ni être installés que dans les espaces communs des logements comme la salle à manger ou la cuisine.
Pour AirBnb, cette annonce doit satisfaire les nombreuses demandes (on parle de plus d'un million) émises par les voyageurs; des demandes corréllées par les avis d'experts en matière de confidentialité ... mais aussi, motivées, par les nombreux cas de plaintes (et de révélations médiatiques) sur cet usage détourné de la caméra de sécurité vers un voyeurisme malsain ...
Matthieu Bonhoure
Quid du contrôle ?
Cependant, est-ce que la mesure a des chances de porter et d'être suivie par les millions de loueurs (6 millions, tout de même) ? Selon Airbnb, la majorité des annonces ne déclarent pas, à ce jour, la présence de caméras de sécurité ce qui laisse à penser que cette décision aura un impact sur un petit nombre d'annonces seulement. La présence de caméras étant déclarative, est-ce la réalité qu'elle ne concerne qu'une si petite part de son parc ?... Rien n'est moins sûr !
Perçues, à juste titre, comme une intrusion dans leur vie privée par les clients, les caméras (pour celles qui ne correspondent plus aux standards de Airbnb et de sa communauté) devront être retirées avant le 30 avril prochain. En cas de non-respect de cette décision, les propriétaires dénoncés par les clients seront soumis à une enquête dont les conclusions pourront aboutir à leur suppression de leur compte.
Cette décision permet à Airbnb de se ranger dans le groupe des plateformes très à cheval sur la vie privée (Vrbo et Booking.com ont également interdit l'utilisation de caméras de surveillance à l'intérieur et dans des espaces extérieurs clos comme les piscines et les saunas) et de rassurer des clients de plus exigeants sur la qualité des adresses proposées. Dans le même ton, Airbnb a également annoncé qu'elle aurait bientôt vérifié près de 1,5 million d'annonces soit 20 % du total de son "catalogue". La normalisation continue !
Thomas