Les 4 défis du tourisme culinaire en 2024

Les 4 défis du tourisme culinaire en 2024

Dans les régions à forte identité culinaire (agriculture et produits locaux, cuisine locale, vins et boissons locales ...), selon la World Food Travel Association, le tourisme culinaire pèserait pour 25% des revenus générés sur une destination. En 2024, ce tourisme semble quelque peu perturbé par une perte d'authenticité (trop galvaudée aux yeux des experts), une obligation d'aller plus loin dans l'hyperlocal et une perte d'influence ... des influenceurs.

Le tourisme culinaire (aliments et boissons) serait la "pierre angulaire" du tourisme pour la World Food Travel Association. Si selon les régions - et leur histoire et patrimoine culinaires - ce tourisme peut peser jusqu'à un quart des dépenses locales, il n'en reste pas moins menacé par des "galvaudeurs" et des risques climatiques qui peuvent peser sur de nombreuses productions. Raison de plus pour considérer ce tourisme comme une matière (une science !) à part entière dont chacun doit se faire le dépositaire, du professionnel local jusqu'au gestionnaire de la destination.

La marchandisation de l'authenticité

Pour le conseil mondial du tourisme culinaire, "aujourd'hui, de nombreuses expériences qualifiées d'"authentiques" ne le sont plus...". C'est dire si le succès de ce "marché" touristique a attiré de nombreux "profiteurs", au point de le dénaturer dangereusement.

"Selon une étude récente de notre association, les termes "local" et "authentique" ont été tellement galvaudés dans le marketing des destinations gastronomiques qu'ils sont devenus dissonants et n'ont plus l'influence qu'ils avaient auparavant sur les voyageurs..." déplore l'association.

Selon ces experts venus de toute la planète, la "cuisine authentique" connaît le même phénomène que les cafés et les restaurants "où une esthétique universelle a été copiée dans le monde entier, de sorte que ces types d'établissements ont commencé à se ressembler les uns les autres".

Pour Fabio Parasecoli, professeur d'études alimentaires à l'université de New York, auteur de "Global Brooklyn : Designing Food Experiences in World Cities", rares sont les opérateurs qui ont vraiment compris que "les voyageurs amateurs de nourriture et de boissons veulent découvrir le patrimoine culinaire local ...Pour cela, vous devez prouver ce que vous avancez avec les premières images ou dans le premier paragraphe de vos supports de marketing...". C'est dire si la déception est souvent au rendez-vous de "l'authentique" ! Raison de plus, si vous avez ces qualités, à les mettre en avant au maximum dans tous vos supports marketing. En clair, les voyageurs en ont assez d'être pris pour les lapins et, à la différence des temps anciens, ils ont désormais le pouvoir de le faire savoir et faire porter très loin leur déception grâce aux avis clients postés sur Google, notamment ...

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Une attention "hyperlocale"

Pour les spécialistes mondiaux du tourisme culinaire, plus que jamais, ==2024 sera l'année où "les voyageurs amateurs de gastronomie recherchent une expérience hyperlocale".

Concrètement, non seulement, les voyageurs veulent avoir la certitude de consommer des boissons et des aliments locaux mais, de plus, "ils veulent être certains d'avoir un impact plus significatif sur les communautés locales dont ils consomment les produits" souligne la WFTA.

Pour les spécialistes, "l'accent mis sur le bien-être des résidents locaux relie deux des trois piliers de la durabilité, à savoir socioculturel et économique. En montrant un intérêt sincère pour le bien-être des habitants et en prenant les mesures de soutien appropriées lorsque c'est nécessaire ou opportun, les voyageurs peuvent faire partie de la solution plutôt que du problème du surtourisme".

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La "part belle" au local : Pour la WFTA, "il peut sembler irréaliste, voire impossible, de soutenir les entreprises locales de produits alimentaires et de boissons, mais en fait, cela n'a jamais été aussi facile. Tout d'abord, prenez l'engagement d'acheter au moins un nouveau produit local par mois, et faites en sorte que vos achats soient réguliers. Les produits locaux faciles à acheter de cette manière sont les fruits et légumes de saison, le miel, les thés, les produits de boulangerie, les œufs, les savons, la bière, le vin, etc. Ensuite, prenez l'engagement de partager vos produits locaux préférés avec vos amis et votre famille. En les partageant, expliquez à votre public pourquoi vous avez choisi d'acheter plus localement et quel impact majeur cela a sur l'économie locale, sans parler de son impact sur la réduction des émissions de carbone".

La fin des influenceurs ?

Selon le rapport annuel du WFTA, "la plateforme d'engagement communautaire EnTribe a publié une étude en avril 2023 dans laquelle il était annoncé que 81% des consommateurs interrogés déclarent que l'utilisation d'influenceurs par une marque n'a aucun impact voire un impact négatif sur leur perception".

Toujours, dans la même étude, 42 % des consommateurs ont carrément regretté un achat promu par un influenceur. Hormis le fait qu'ils ont tendance à coûter de plus en plus cher - selon la WFTA - il semblerait aussi que le monde de l'influence commence de plus en plus à recourir à "des influenceurs de l'IA: ils ne mangent pas, ne dorment pas, ne demandent pas de paiement et font ce qu'on leur dit de faire". Comment, dès lors, considérer leur influence sur le tourisme culinaire ?

Lil'Miquela est une influenceuse complètement créée par l'IA mais compte déjà plus de 2,6 Millions de "followers".

Un patrimoine menacé par le climat ?

Selon la WFTA, "personne ne peut affirmer que le climat ne change pas: les étés, par exemple, sont de plus en plus chauds ... Mais les consommateurs et les voyageurs ont moins l'impression que les terroirs changent eux aussi. Pourtant, l'évolution du climat signifie que votre patrimoine culinaire, et par extension le tourisme culinaire dans votre région, est de plus en plus et rapidement menacé".

Selon les spécialistes mondiaux du secteur, il est temps, désormais, d'armer votre communication sur cette notion de sauvegarde (ou de "goûtez avant qu'il n'y en ait plus ...") et de montrer comment vous-même et vos voisins et partenaires, travaillez à la protection de votre patrimoine culinaire.

Maintenir la motivation en 2024

Selon la WFTA, "la cuisine reste le premier facteur de motivation des voyageurs, où qu'ils se trouvent. Tout le monde mange et boit en voyage, mais tout le monde ne visite pas les musées ou les casinos, ne fait pas de shopping ou ne s'adonne pas à des activités de plein air".

Pour ces experts, la gastronomie devrait donc être la pierre angulaire de la stratégie de développement et de marketing de la plupart des destinations. Pourtant, selon le président du conseil, "de nombreux offices de tourisme sont obsédés par le gourmet et commettent l'erreur de vouloir séduire par tous les moyens cette très petite minorité de voyageurs. Qu'il s'agisse d'une perception de prestige, de préférences personnelles ou d'autre chose, il s'agit d'une approche à courte vue qui ne sert ni les voyageurs ni la destination...". Restez donc "focus" sur l'authentique à portée de tous et vous bâtirez ainsi une stratégie de marketing touristique et culinaire à la hauteur des véritables enjeux.