Les Jeux Olympiques mettent les prix des nuitées en ébullition
Les nuits parisiennes risquent d'être très chaudes question prix ... à date, leur augmentation dépasse déjà 85% et ce n'est pas fini ! Les autorités publiques veulent réguler mais leur intention devrait se limiter à la signature d'une énième charte des bonnes pratiques. Pendant ce temps, la Ville de Paris annonce un triplement de sa taxe de séjour ...
Ils sont déjà nombreux, sur Paris et dans les villes franciliennes accueillant les prochains sites des JO, à se frotter les mains: sur Airbnb, par exemple, on constate déjà une augmentation des prix de 85% pour la période allant du 26 juillet au 11 août prochain, date des prochains JO ...
Mais ce taux stratosphérique ne pourrait être qu'un début car, pour l'heure, il ne s'agit là que d'estimations (à l'instant T) et de recoupement avec la hausse moyenne des prix constatée lors des derniers JO de Londres (en 2012).Selon le cabinet Deloitte, si les prix continuent de monter, la situation pourrait créer un appel d'air et une incitation à motiver de plus en plus de franciliens à mettre leur appartement en location sur les grandes plateformes ... Même son de cloche chez MKG Consulting qui rappelle que "lors des très grands évènements, on peut constater des augmentations pouvant aller jusqu'à 300% !". Lors de la dernière Coupe du Monde de Rugby, les prix se seraient envolés de 520% dans une ville comme Saint Etienne et de 280% sur la capitale nantaise. C'est dire s'il reste encore de la marge de manoeuvre ... que d'aucun, chez les autorités publiques, voudraient étouffer dès maintenant.
Un effet repoussoir ?
Avec un peu plus de 11 millions de visiteurs attendus, la tentation est grande de se mettre à louer (ou sous-louer) son appartement. Et, face à ce déferlement, chacun y va de sa propre stratégie. De nombreux hôtels, par exemple, libèrent leurs disponibilités au compte-goutte, histoire de mieux faire monter les prix. Et ça marche ! Dans les 2 étoiles, selon MKG Consulting, la hausse est déjà de 110% et de 211% pour un 3 étoiles.
Ces augmentations - qui réjouissent les hôteliers et, plus globalement, tous les hébergeurs - inquiète somme toute les autorités (Comité d'organisation des JO, Ville de Paris et le Ministère du Tourisme). Le constat est partagé : avec de telles augmentations, les hébergeurs parisiens risquent de rebuter les clientèles familiales et populaires qui chercheront ailleurs (en périphérie ?) où se loger. Le phénomène avait été constaté sur la ville de Londres en 2012 où le taux d'occupation avait finalement baissé de 12% pour les hôtels d'entrée et de milieu de gamme ... là où les hôtels de luxe progressaient de 23% !
En clair, tous les publics ne sont pas en mesure d'encaisser de telles variations de prix et les gammes tarifaires potentiellement affichées risque de créer un effet repourssoir que les autorités publiques veulent endiguer ... même s'il faut en passer par des mesures un peu plus draconiennes (voir plus loin).
Des alertes sur les sites des distributeurs ?
Pour les autorités publiques - qui financent les Jeux et espèrent que la fête sera un succès - la question des prix prohibitifs des nuitées est devenue un sujet sensible. Peuvent-elles prendre le risque de voir cette fête populaire ne devenir accessible qu'aux gros portefeuilles ? Alors qu'elle est très largement financée par les deniers publics ?
A cette question, l'Etat réfléchit à une réponse quelque peu radicale : imposer aux sites des distributeurs d'afficher les prix de l'année précédente pour un hébergement donné et montrer au voyageur la différence (ou l'abus ...) qu'il s'apprête à payer !
Le dispositif semble des plus difficiles à mettre en oeuvre (quid, aussi, des néo-hébergeurs pour lesquels il n'y aura pas de prix de référence ?) et, déjà, des voix dissonantes se font entendre ... Les distributeurs (comme Airbnb, Booking, etc ...) accueuillent la proposition avec circonspection mais sans réel sentiment de menace. Avec des jeux prévus en juillet, une telle mesure semble complètement impossible à mettre en oeuvre à leur niveau.
Autre proposition, créer un observatoire des prix "permettant au consommateur de comparer les tarifs hôteliers" sur une base historique; c'est-à-dire, sur les quelques mois qui précèdent ceux des JO ... Là aussi, les hôteliers, principalement, affichent une perplexité courtoise.
Enfin, comme toujours en France, l'histoire risque de se terminer par la signature d'une "bonne vieille charte des bonnes pratiques" (que personne ne respecte, à commencer par certains signataires eux-mêmes) par laquelle les professions s'engageraient à ne pas dépasser un certain seuil d'augmentation des prix (80,90% ?..). Dans ce cas, quid des particuliers qui ne dépendent d'aucun syndicat et qui pourront fixer librement leurs prix sur des portails comme Airbnb, par exemple ?
La bonne conscience sera sauve en tous les cas ... ainsi que les finances de la ville de Paris : l'an prochain, la taxe de séjour y coûtera 3 fois plus cher qu'en 2023 ! A ce jeu-là, c'est la médaille d'or assurée ...