Quel remplissage pour le second trimestre 2023 ?

Quel remplissage pour le second trimestre 2023 ?

Le climat économique (l'inflation) n'augurait rien de bon pour ce trimestre et les suivants mais, en lui conjugant le climat social de cette ère "post-49.3", les prévisions des uns et des autres se font de suite plus prudentes pour la suite de ce printemps qui démarre sous les couleurs grises d'un hiver (social) qui n'en finit pas ...

Si l'on s'en tient à notre propre interrogation de nombreux professionnels, nous sommes en mesure de noter une baisse d'activité de près de 17% pour la plupart des acteurs français par rapport à 2022. La plupart relève une véritable "impuissance" à se projeter ou, sans aller jusque là, à qualifier la nature de la trajectoire qu'ils ont commencé à accomplir depuis le début de cette année. "On ne sait pas où l'on va ..." est l'expression qui revient le plus souvent. C'est dire si la situation est des plus floues.

Pour Thierry MARX, le "patron" des hôteliers et restaurateurs français (Président de l'UMIH): "Nous sommes aujourd'hui dans une situation de tension très forte pour nos entreprises qui subissent très directement le contrecoup des tensions sociales dans le pays".

Sur BFMTV, ce dernier déclarait ce 24 mars : ""Aujourd'hui, les annulations sont là et nos trésoreries sont d’une fragilité absolue. On s’interroge... Si ça continue, il faudra probablement faire appel au chômage partiel ou à des motivations comme celles-là" a déclaré le "patron" du principal syndicat professionnel.

Si l'on interroge d'autres indicateurs comme le niveau d'occupation projeté des locations de vacances distribuées sur Airbnb, par exemple, on constate que les taux d'occupation aient baissé en zones urbaines (de l'ordre de 17% en 2022 à 14% pour la première partie de 2023). Cette baisse peut, à la fois, s'expliquer par le contexte économique qui ne pousse pas vraiment à la consommation mais aussi, à l'arrivée massive de nouvelles adresses de locations urbaines dans les listings du champion mondial de la location; ce qui dilue le volume d'offres et réduit d'autant le taux moyen d'occupation.

Dans les zones rurales, cependant, la tendance n'est pas non plus exceptionnelle puisque la part des remplissages ruraux (par rapport aux occupations urbaines) est passée de 16% en 2022 à 14%, en 2023. Pas de grande évolution, donc, mais selon les spécialistes, il s'agit là d'un signe flagrant d'attentisme des voyageurs. Il est intéressant de rajouter que, selon les données statistiques relevées sur Airbnb notamment, la durée moyenne de séjour a baissé de 5,6 % d'une année sur l'autre et les réservations de janvier à avril semblent, d'ores et déjà, afficher des baisses de l'ordre de 4 à 7 %.

Cette tendance reste "correcte" compte tenu du fait que, d'ailleurs, les hébergeurs ont fait montre d'une certaine modération dans la fluctuation de leurs prix journaliers : aucune augmentation constatée en milieu urbain et jusqu'à 2,7% d'augmentation maximale dans les zones rurales; ce qui reste le niveau maximal manifestement "supportable" par les voyageurs. En ces temps d'inflation, la modération tarifaire s'impose donc pour maintenir des perspectives de remplissage optimales.

Nouveau call-to-action

En dépit de ces éléments "objectifs", difficile de prédire ce que seront les prochaines vacances de Pâques, en matière d'activité et de remplissage et ce, même si de l'avis des prévisionnistes "le second semestre 2023 s'annonce plus solide". Selon plusieurs d'entre eux, "les ADR (revenus journaliers) sont en hausse, en particulier dans les destinations urbaines. Cette tendance pourrait suggérer que les voyageurs sont plus confiants lorsqu'ils réservent longtemps à l'avance des vacances plus coûteuses, peut-être parce qu'ils ont plus de temps pour économiser en vue de leur voyage".

Le contexte social - en France - qui se radicalise laisse à prévoir une période difficile. En 2019, les répercussions du mouvement des "gilets jaunes" avait impacté une énorme baisse du niveau des réservations de l'ordre de -20 % à -25 % (par rapport à 2018) selon les relevés du GNC, l'un des principaux syndicats hôteliers. Conjuguée à une baisse massive du pouvoir d'achat et aux "queues" devant les stations-services, la situation (il faut le reconnaître) n'incite pas au plus grand optimisme ... La prudence et la modération tarifaire s'imposent, dès lors, pour ne pas saper les bonnes intentions de voyageurs qui, selon toute vraisemblance, continuent d'interroger le web pour "caler" leurs prochaines vacances. "Faire comme si de rien n'était et montrer que l'on est là pour les faire se déconnecter de ce quotidien quelque peu oppressant ..." est aussi la remarque la plus entendue chez les professionnels interrogés par nos soins ces derniers jours.