2023, l'année du "Durable"
Lors de notre webinaire sur les prédictions 2023 du voyage, nous avons identifié le "Durable" comme une des grosses tendances mises en avant par les voyageurs. Si, pour certains professionnels, ces aspirations (louables) sont souvent synonymes de surcoûts, d'autres, à l'instar du "bourgeois gentilhomme", font déjà du "durable" sans le savoir ou plutôt, sans le faire savoir...
Au fur et à mesure qu'elle débute, se confirment les douloureuses prédictions d'une année 2023 placée sous le coup de la contrainte économique (inflation pour les voyageurs et les pros), coûts énergétiques qui explosent (carburant pour se déplacer et éclairage-chauffage dans les établissements touristiques); le tout, couronné par une visibilité court, moyen et long terme des plus réduites. Rien, pour l'instant, qui appelle à une certaine sérénité ...
Pendant ce temps, les aspirations de consommateurs s'affirment encore plus fortement; notamment, sur le front du "Durable", de la sobriété environnementale, du "bien agir" pour son environnement immédiat, son cadre de vie et les gens autour de soi ... et aussi, question alimentation du "circuit court" et des choses "simples". Pour beaucoup de professionnels du tourisme, ces aspirations (bien que légitimes) résonnent toujours avec la notion de "charges supplémentaires", de surcoûts, bref d'obligations nouvelles encore plus difficiles à assumer en ces périodes de grande prudence économique.
Pourtant, l'aspiration est vraiment là (comme nous l'avons relaté lors de notre webinaire sur les prédictions 2023 du voyage) et certains professionnels, à l'instar du "bourgeois gentilhomme" font déjà du "durable" sans le savoir ou plutôt, sans le faire savoir...
Retrouvez le détail des prédictions (notamment, sur le durable) dans le replay de notre webinar "Spécial Prédictions 2023"
71% veulent voyager "durable"
Le covid, les dérèglements climatiques, la sécheresse qui épuise les cultures, les aspirations à une consommation plus responsable, etc ... sont passés par là. Sans compter sur la guerre en Ukraine et ses conséquences sur l'énergie, en général, qui démontre avec férocité la dépendance de nos économies aux énergies fossiles et conventionnelles. S'il y a quelques années, on pouvait considérer que l'aspiration au "durable" était une affaire de précurseurs ou de doux-rêveurs, les impacts récents et violents des crises climatiques et environnementales ont eu pour effet de secouer irréversiblement les consciences.
L'observation des attentes "environnementalistes" des voyageurs n'est pas récente. Chez Airbnb, déjà en 2014, une étude mondiale affirmait que "les hôtes Airbnb encouragent les pratiques d'efficacité énergétique et aspirent à utiliser moins d'énergie durant leurs séjours pour 78 % d'entre eux ...". D'ailleurs, en 2019, le nombre de séjours dans des logements écologiques du leader mondial avait carrémment augmenté de 141 % par rapport à l'année précédente !
Selon une étude annuelle menée par Booking auprès de 30.000 voyageurs du monde entier, l'aspiration au durable a bondi de 61% des voyageurs (qui se disent concernés et en quête d'offres allant dans ce sens) à 71%, en 2022; soit 10 points de progression, du jamais vu ! (* Voyageurs déclarant spontanément vouloir voyegr plus durable en 2023).
"Ils sont encore plus nombreux (81 %) à dire que les voyages durables sont importants pour eux, la moitié d'entre eux affirment que les nouvelles récentes sur le changement climatique les incitent à faire des choix de voyage plus durables" soulignent les analystes de Booking.
Désormais, 56% des voyageurs se disent même concernés, en premier plan, par la recherche de destinations et d'adresses d'hébergements directement en phase avec les enjeux du durable. Cette fois-ci, c'est donc clair, on ne parle pas de "lubie" ou de "coquetterie" des voyageurs, mais d'une vraie prise de conscience consumériste qui, au fond, suit la même courbe ascendante d'exigences que celle en relation avec les indices nutritionnels (de A à E) ou énergétiques (sur l'électroménager ou l'habitat).
Certes, il y a encore de très nettes marges de progression (quand on voit combien certains restent encore dans la frénésie de grande consommation, inflation ou pas), mais, une chose est certaine, il est désormais impératif de prendre en compte - et de valoriser ! - ces dimensions dans votre communication digitale (de pro du tourisme, que vous soyez hébergeur ou pro des loisirs) et, jusque dans la description de vos offres commerciales (sur votre site et votre moteur de réservation).
Non seulement, en effet, cette tendance (entre 71% et 81% des aspirations tout de même !) représente un vrai marché, mais, de plus, les voyageurs se sentent frustrés de ne pas trouver les infos qu'ils recherchent (chez vous) lorsqu'ils se préoccupent de ces sujets. Toujours selon cette étude, 42% des voyageurs avouent avoir les plus grandes difficultés à trouver des informations "durables" sur les annonces des hébergeurs (et autres pros du tourisme) quand ils recherchent leurs adresses de prochaines vacances et, pour les 56 % qui admettent qu'ils ne recherchent pas activement les informations sur la durabilité d'une propriété avant de réserver, "ces derniers affirment que si elle est facilement accessible, ils l'examineraient" souligne l'étude Booking. En clair, si vous faites du "durable" (même à petite dose), faites-le savoir dès maintenant !
Encouragez le "local" et la "contre-saison"
Conscient de ces (très fortes) aspirations, Booking a lancé, en 2021, son propre "badge" (ou "label") de durabilité. En lien avec la Travalyst Coalition et le Global Sustainable Tourism Council, Booking a élaboré une grille de notation qui lui permet d'attribuer ou non ce badge aux adresses "durables" et, ainsi, de les mettre en avant dans ses propres "listings". À ce jour, plus de 100.000 adresses sur 6 Millions sont déjà "badgées". Si vous vous distribuez sur Booking et que vous souhaitez obtenir ce badge, nous avons recensé pour vous les 29 points de contrôle auxquels faire face.
Du côté d'Airbnb, pas de label à proprement parler, mais des actions de conseil données en permanence à la communautés des "hosts" et des programmes de sensibilisation, en France, menés avec l'Ademe, l'agence gouvernementale pour la maîtrise de l'énergie et la protection de l'environnement.
Si votre établissement a de vrais mérites "durables" sur ces points (voir ci-dessous), faites-le donc savoir ! Car c'est exactement ce que recherchent les voyageurs "responsables":
- êtes-vous économe en eau ?
- comment maîtrisez-vous vos consommations énergétiques, sans minorer le confort de vos clients ?
- comment traitez-vous les déchets ou luttez-vous contre le gaspillage ?
- quelle politique du "jetable", du "bio" ou du ré-utilisable faites-vous ?
- quels soutiens apportez-vous à votre communauté locale, notamment les producteurs à proximité de chez vous ?
Ces grands thèmes - comme le côté "communauté locale" ne sont pas anodins: 25% des voyageurs interrogés affirment même être disposés à payer plus pour des activités qui redonnent aux communautés locales. Cependant, plus d'un tiers (34%) déclarent qu'ils ne savent pas comment ni où trouver ces types d'activités et de visites. Ces sujets (ces recommandations) pourraient donc largement figurer dans les pages de votre site internet ou encore dans vos livrets d'accueil ...
Enfin, outre ce que vous faites pour le "durable" et l'environnement, n'oubliez pas de valoriser des atouts largement convergents avec votre future clientèle:
- le local: avec des coûts de carburant hallucinants et la conscience de ne pas vouloir laisser une trop grosse empreinte carbone, vous tenez-là des arguments en béton pour attirer les clients de "proximité" ! Selon l'étude Booking, déjà un quart (23%) des voyageurs affirme ne plus vouloir voyager qu'à côté de chez soi et qu'il leur sera impossible (34%) de trouver des adresses durables en ville et dans les grandes stations touristiques ... Des atouts de poids pour les adresses situées à la "campagne", non loin des grands bassins urbains.
- la contre-saison: que ce soit pour contenir leur budget vacances ou pour des raisons "durables", ==40% des voyageurs sont désormais disposés à partir hors des grands "carrefours" saisonniers pour éviter la surpopulation, bénéficier de meilleurs prix et, ainsi, maîtriser leur budget ...
Un conseil ? Jetez aux orties la notion de "Basse Saison" et raisonnez plutôt de la "Saison des Amoureux de la Nature" ou du "Bien Être" pour valoriser les offres que vous proposez à ces périodes-là: indiquez bien en quoi un voyageur "durable" y trouvera tout son compte (même sur le plan financier) et pourra, de fait, voyager selon ses aspirations environnementales.
Jouez la carte du durable en 2023
Une chose est certaine, si vous faites un état précis de ce que vous avez déjà mis en place (remplacement de vos ampoules, mesures anti-gaspi, partenariats avec des fournisseurs locaux, etc ...), vous vous rendrez vite compte de l'écart (petit ou grand) qui vous sépare des critères "durables". Travaillez, si possible, sur vos "manques" et une fois que votre minimum "durable" est atteint, communiquez dessus. Parlez de vos efforts sur vos réseaux sociaux, votre site, mettez une touche de "durable" dans l'énoncé de vos offres tarifaires, etc ... Ne négligez pas cet aspect de votre business et de votre clientèle car ce sera durable - aussi - pour votre propre économie !