Réservations: un hiver encore trop flou ...
Avec une offre en très nette hausse et des prix qui commencent à fluctuer de manière désordonnée, la saison d'hiver qui s'ouvre nage encore dans un énorme flou: même si, en France notamment, les réservations semblent en légère avance, les prix à la nuitée semblent toutefois marquer le pas ...
Bien sûr, la crise énergétique et l'inflation galopante ne seront pas sans conséquences sur les prochains départs en vacances; notamment, cet hiver. D'ailleurs, cette semaine, AirDna (une plateforme d'observation mondiale des réservations) révélait que "les premières données sur les tendances de l'hiver 2022-23 montrent des signes inquiétants: les nuits réservées actuellement enregistrées de décembre 2022 à mars 2023 sont inférieures de 16 % aux niveaux de 2019 durant la même période...".
En France, toutefois, pour l'heure, les réservations hivernales semblent bien se "comporter" avec une croissance de 7,8% par rapport à l'année de référence (post-covid) 2019. L'Autriche (+18,5%) et la Finlande (+10,9%) font également partie du peloton de tête. Mais, toujours selon AirDna, cela ne signifie pas pour autant qu'il faut crier victoire, y compris dans l'hexagone...
Des (prix de) nuitées à la baisse
Si les trois pays cités par AirDna semblent manifester une "résilience" certaine, cela ne vaudrait que par le nombre de réservations en progression. En matière de prix, le constat pourrait être tout autre avec un ADR (Average Daily Revenue : Revenu Moyen par Jour ou par Nuitée) qui serait plutôt à la baisse ... concurrence oblige !
En effet, depuis l'été dernier, les offres d'hébergements réservables en ligne n'ont cessé de croître (lire notre article); créant autant de nouveaux compétiteurs aux hébergeurs existants. Par conséquent, avec une demande en baisse et une offre en hausse, la pression sur les prix (à la baisse !) ne pouvait que se manifester notoirement.
Selon les observations effectuées à ce jour, en effet, pour les quatre mois couvrant l'hiver, de décembre 2022 à mars 2023, les nuitées réservées sont inférieures de -15,7 % à celles de 2019 (mais toujours un décent + 11,6 % par rapport à l'hiver 2021-22).
Pour la première fois en 2022, la demande n'aurait donc pas dépassé les chiffres de 2019 : certes, selon AirDna, la demande totale a bien augmenté de +33,9% par rapport à 2021 mais elle a diminué de -1,7% par rapport à 2019. Pour l'heure donc, les tarifs journaliers moyens (ADR) seraient déjà en diminution de -0,1 % par rapport à 2021 alors qu'ils avaient augmenté de 25,3 % par rapport à 2019.
Compte tenu de ces constats, on devrait donc assister, une fois de plus, à une vague sans précédent de réservations de dernière minute: les français et les européens attendent certainement d'avoir moins d'incertitudes sur leur pouvoir d'achat, sur la guerre en Ukraine ou encore les nouvelles vagues de COVID ...
Comme les américains ?
Cette tendance incertaine des vacances d'hiver semble se confirmer des deux côtés de l'Atlantique (où les US sont aussi très touchés par le phénomène inflationniste comme jamais). L'étude publiée la semaine dernière par Deloitte démontre que seulement 31% prendront des vacances cet hiver contre 42% l'an dernier ... Raison invoquée ? L'inflation et les coûts de la vie ...
Pour ces "voyageurs à quai", à 40% (contre 30% l'an dernier), la situation économique devrait se dégrader cet hiver et appelerait, de ce fait, à une plus grande prudence en termes de dépenses.
Les voyages ne sont pas les seules dépenses touchées : selon Deloitte, en moyenne, les américains devraient aussi réduire leurs dépenses de cadeaux de Noël (avec 9,1 cadeaux, en moyenne, en 2022 contre 11,2 en 2021).
Un tel contexte international devrait donc peser immanquablement sur les prix et produire un effet "baissier" assez radical. Il existe, toutefois, des parades pour ne pas subir la tempête et faire le dos rond d'ici la prochaine reprise printanère: ==une des solutions repose sur le paiement fractionné (qui est très différent du crédit à la consommation) et que les industriels du voyage généralisent désormais (la SNCF et Disneyland Paris viennent d'y passer ...).
Cette semaine, Amadeus, l'un des leaders mondiaux publiait une enquête selon laquelle 75% des personnes interrogées déclarent qu'elles sont désormais disposées à choisir une option de paiement telle que "Acheter maintenant payer plus tard" (BNPL) pour financer leurs voyages au cours de l'année à venir.
Dans ce contexte inflationniste généraliste, les consommateurs admettent que les professionnels ne puissent pas comprimer leurs prix (et leurs coûts !) sans limites. À défaut de proposer des prix "cassés", les aider à digérer leur dépense voyage en 3 ou 4 fois sans frais reste l'un des meilleurs leviers pour cet hiver 2022-2023 ... une méthode plus vertueuse et plus rentable pour les hébergeurs tentés de baisser, non sans conséquences, leurs prix en mode "panique à bord" ...