Voyage Revanche: Saison 2 !

"Revenge Travel" ou "Voyage Revanche" ... ce nouveau concept semblait relever du gadget marketing, lors de son émergence en 2021. En réalité, tous les indices démontrent, cette année encore, une appétence "augmentée" pour le voyage et les vacances. La revanche semble donc avoir de beaux jours devant elle !

Cela sonne presque comme un "hashtag" ... "Voyage Revanche" ou comment rattraper 28 mois de confinements et ... une période supplémentaire d'inconnues provoquées par le conflit en Ukraine et l'inflation qui galope ... une combinaison oppressante qui pousse à s'évader sans retenue !

Ce terme de "Voyage Revanche" définit parfaitement bien l'état d'esprit des voyageurs du monde entier: partir n'est plus une option. Près de chez soi ou plus loin, qu'importe, l'essentiel est bien de partir, de se faire plaisir ... de prendre sa revanche sur ces longs mois de cloisonnements et de "stop-and-go". Et prendre de l'avance sur les périodes a priori peu réjouissantes des mois à venir.

Un exemple ? La frénésie d'achat de billets d'avion vers les US dès que ce pays a décidé de la fin du test covid-19 préalable à toute entrée sur son territoire. C'était le 13 juin et, depuis, la demande de vols explose, les prix s'envolent (entre l'Europe et les US) et certaines compagnies ont même de sérieuses difficultés à faire face à la demande en raison de leur propre pénurie de personnel navigant.

Encore plus proche de nous, 70% des européens affirment partir en vacances cet été. En décembre dernier, seulement 63% des français déclaraient qu'ils partiraient en vacances cet été. Six mois plus tard, ils étaient 73 % ! Et ce, même si à ce jour, 49% d'entre eux n'ont encore rien réservé ...

Côté "digital", ces chiffres se confirment lourdement : sur Google, les recherches sur les termes et les sites de voyages explosent littéralement depuis le début de l'année et, particulièrement, depuis ces 3 derniers mois : les recherches du 1er trimestre 2021 (en rapport avec le voyage) étaient largement supérieures à celles de 2019, l'année de référence !

Selon SimilarWeb, rien qu'en France, on dénombrerait 600 millions de visites générées par l'industrie du voyage sur le web (France), en seulement trois mois. Et, en observant les chiffres du 1er trimestre de l'année 2022, l'on constate une réelle explosion des audiences avec de +65% par rapport à la même période en 2021.

Source : étude ETC Mai 2022 (6000 répondants)

Enfin, même si une majorité de voyageurs a décidé de "partir chez soi", toujours sur Google, les recherches relatives aux demandes de rendez-vous pour refaire les passeports ont littéralement explosé de 300 % !

Des dépenses plus importantes en dépit de l'inflation

Autre facteur, celui des dépenses et du budget. Selon les relevés d'observateurs avisés comme MasterCard, par exemple, les dépenses liées aux voyages seraient littéralement en augmentation de 31% (en terme de budget moyen par processus de paiement). Aux US, par exemple, les voyageurs affirment vouloir dépenser jusqu'à 600$ en plus pour leurs vacances d'été (source : MMGY).

D'après d'autres analystes, cette inflation des dépenses s'expliquerait toujours par la frénésie de "voyages revanches": "Les voyageurs n'ont pas forcément tendance à partir loin, mais en restant dans leur pays, ils souhaitent se faire encore plus plaisir et s'offrir des expériences de plus haute tenue ..." soulignent les mêmes analystes. D'où un retour des clients vers l'hôtellerie "marchande" (avec services aux "petits oignons" en hôtel ou en maisons d'hôtes) et la découverte d'expériences nouvelles (stages, cours de cuisine, sommelerie, etc ...) qui amplifient la qualité de leur séjour.

Attention, toutefois, les voyageurs ne sont pas dans le deni de la situation économique inflationniste qui domine: selon l'European Travel Commission, si seulement 7 % des voyageurs se sont dits préoccupés par l'inflation en mars dernier, ils seraient actuellement 13 % (le double !) à commencer à considérer sérieusement les conséquences de cette situation sur le budget de leurs vacances estivales. La revanche, oui ! Mais, de moins en moins, à n'importe quel prix !