Ceux qui partent moins loin réservent plus tard
Ces deux dernières années, la pandémie a considérablement influencé de nombreux paramètres propres au voyage en ligne et, en premier lieu, celui de la "fenêtre de réservation"; c'est-à-dire, exprimée en jours, quelle période s'écoule entre le moment où le client réserve et celui où il arrive chez vous (en anglais, "Booking Window").
La fenêtre de réservation est un paramètre d'autant plus important que l'on a aussi constaté une explosion des réservations de dernière minute, liées aux inconnues de déplacement, aux mesures de "stop-and-go", aux déconfinements, aux zones oranges, rouges ... bref, tout un tas de paramètres que nous tentons progressivement de chasser de notre mémoire tant ils nous rappellent une période pas si simple que cela à gérer lorsque l'on est un professionnel du tourisme et des loisirs.
Pourtant, ces paramètres restent des indicateurs importants de tout professionnel (et de tout distributeur de voyages): ils permettent de mesurer les changements d'habitudes permanents des voyageurs et leur rapport, sans cesse en évolution, à la réservation en ligne.
La dernière étude d'Expedia éclaire précisément sur ces changements et ses variations importantes comme le fait que, en France et en Europe (plus que partout ailleurs dans le reste du monde), plus on se décide à partir près de chez soi, plus tard on décide de réserver ...
Cette étude montre bien la différence fondamentale entre européens et le "reste du monde" dans leur "rapport au temps" ... de la réservation:
- plus près les voyageurs ont décidé de partir, plus tard ils réservent !
- alors que, dans le reste du monde, le délai de réservation reste relativement équilibré (à l'exception des US et du Canada) selon que l'on parte loin ou que l'on "reste au pays"...
Ces chifres viennent donc confirmer un changement majeur que le covid a institué (la prédominance des séjours "domestiques") et la conviction, chez les voyageurs, que l'offre pléthorique (entre les "hébergements marchands" et les "non-marchands") est telle qu'ils peuvent finalement se permettre de réserver "au plus tard" sans prendre le risque de se retrouver sans toit sur la tête ...
==Réserver plus tard, même quand on reste au pays, cela ne revient plus à courir le risque de ne pas trouver où se loger ... juste celui, peut-être, de payer son séjour plus cher que si l'on s'y prenait un peu plus tôt dans la saison ... Vive, donc, les promotions "Early-Bird" pour relancer l'intérêt de réserver plus de 21 jours à l'avance.
Lire aussi :
Comment stimuler les réservations Early-Bird ?
Thomas
Cette étude vient donc confirmer les changements continuels dans les habitudes des voyageurs:
- ceux qui découlent des habitudes nées de la pandémie,
- ceux qui découlent tout simplement de l'évolution dominée par la réservation en ligne et de la profusion d'offres accessibles à tout un chacun.
Avec des fenêtres de réservation de plus en plus courtes (et c'est une tendance de fond en France et en Europe), gérer un hébergement touristique devient un peu plus "touchy" car le temps semble désormais révolu où les calendriers de l'été étaient remplis à plus de 80% jusqu'à six mois à l'avance !
Toutefois, ces changements n'ont aucune influence sur l'activité même du voyage et l'intérêt des internautes pour réserver un hébergement durant les beaux jours qui arrivent : selon l'étude Expedia (voir ci-dessous), la courbe de recherches de séjours explose littéralement les compteurs !
Ces tendances révélées par Expedia ne sont pas les seules. La semaine dernière, son rival, Booking.com, à travers les propos de Carlo Olejniczak, vice-président et directeur général Europe, Moyen-Orient et Afrique au Skift Forum de Londres, affirmait que : "La France, le Royaume-Uni et l'Allemagne sont actuellement à l'origine d'une croissance à deux chiffres en Europe en créant des corridors de tourisme "local", mais à cheval entre pays frontaliers ... ce qui est nouveau et qui nous optimiste pour l'été !"
Du côté de Airbnb, même son de cloche :"Le trafic de notre site a augmenté de 40 %" déclarait Amanda Cupples, directeur pour l'Europe du Nord de la plateforme numéro 1 pour les locations de vacances.
Comme nous le "prédisons" depuis quelques mois, l'été 2022 devrait donc être un été exceptionnel. Mais il ne faut pas s'endormir sur ces "promesses"...
En effet, pour que chacun en tire le meilleur parti au niveau de son hébergement, il est important de suivre ces tendances pour identifier (de votre côté) s'il est nécessaire de vous y adapter (par exemple, mettre en place des offres "EarlyBird" pour sécuriser une partie de votre planning de l'été) ou de jouer sur la certitude que les clients seront, de toute façon, au rendez-vous et qu'il va falloir intégrer leurs décisions tardives sans s'inquiéter du remplissage tardif de votre planning ...
Comme dans tous les cas, mieux vaut jouer l'équilibre :
- consacrez, par exemple, un tiers de vos offres du moment à stimuler de la réservation "Early-Bird",
- Gardez confiance sur les volumes réguliers de réservation entre 21 et 60 jours (non concernés par le Early-Bird) sans promition particulière (à part vos packages),
- Et "jouez" sur les prix quasiment au jour le jour, dès que vous entrez dans la période "fatidique" du "Last-Minute", à compter, par exemple, des prochains weekends de mai. Si vous constatez que vos hausses de prix sur le LastMinute ne trouvent pas tous les preneurs sur ces dates, changez aussitôt votre fusil d'épaule en vue des réservations de l'été.
Tous ces conseils ne sont pas de portée "universelle": en fonction de votre type d'hébergement, de votre localisation (ville, mer, campagne, montagne) et de votre niveau de concurrence, il vous faut évidemment ajuster le tir. Mais, ces tendances sont réelles et vous ne perdez rien à reconsidérer votre stratégie tarifaire si vos outils vous permettent de le faire au doigt et à l'oeil. C'est ainsi que vous serez en mesure de saisir le maximum d'opportunités et de recueillir le meilleur prix possible pour vos nuitées ... et ce, quelle que soit la fenêtre de réservation de vos clients !