L'été jouera-t-il les prolongations jusqu'à la Toussaint ?

L'été jouera-t-il les prolongations jusqu'à la Toussaint ?

Été réussi, automne prometteur ?! Les dernières nouvelles sur le front de l'épidémie (et d'une possible 4ème vague désormais moins virulent que prévue) font que les voyants sont (à nouveau) au vert pour septembre et octobre ... D'ailleurs, selon nos données, la réservation d’hébergements est même en hausse de 10 à 15% selon les régions. Le Covid ne serait plus franchement un problème incontournable: la météo fait figure désormais de critère #1 qui maintient un fort désir de voyager. En clair, y’a plus qu’à ! Attention, toutefois, seuls Paris et l’Île de France devraient fonctionner en sous-régime...

L’été 2021 au sens strict (juillet-août) semble avoir produit un record imprévu puisque, selon les chiffres provisoires, 37 millions de Français seraient partis en vacances; une performance supérieure de 4 millions à une année "standard". Et, dans tous les cas de figure, une performance également supérieure de 2 millions par rapport à l’été 2020 !

Pourtant, "seulement" 85% de ces voyageurs se sont offert des vacances "bleu-blanc-rouge", contre 94% l’été dernier. Ces données, fournies par le cabinet Protourisme, contredisent les prévisions printanières les plus pessimistes. Elles sont un formidable encouragement pour les professionnels, alors que le variant Delta et le pass sanitaire menaçaient de tout gâcher. En réalité, le rebond épidémique a un faible impact global sur le tourisme français en France, hormis qu’il "nationalise" le marché. "Je crois que nous avons sauvé l'été", se félicitait, la semaine passée, Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat en charge du Tourisme.

Un été indien "pour de vrai"

La fin de l’été (après la rentrée) et l’amorce de l’automne s’annoncent sur le même ton, avec essentiellement des voyageurs Français qui vont sauver la France ... dans des proportions encore plus fortes qu'en 2020 !

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"Pour le mois de septembre, les réservations sont en hausse de 10 à 15% en fonction des régions, ce qui est une bonne performance", observe Didier Arino, directeur associé de Protourisme. Pas de doute, les craintes sont levées, la clientèle française "a semblé retrouver goût aux vacances", observe cet analyste, qui montre son optimisme : "L’été pourrait bien se prolonger, avec de beaux week-ends, peut-être même jusqu’à la Toussaint", les vacances scolaires se déroulant du 23 octobre au 8 novembre.

Comme nous l'affirmions - dans ce même blog, en début d'été - de nombreux français avaient, pour la première fois, décalé leurs vacances à "l'après-saison"; une tendance observée sur de nombreux tableaux de bord de clients elloha.

Faute d’être maîtrisé, le Covid semble désormais relativisé : "La météo a eu beaucoup plus d’influence sur les territoires que la crise sanitaire", assure Didier Arino. Le site Météo Contact, spécialisé dans les tendances saisonnières, envisage la normalité pour septembre qui sera un mois "assez agréable en France, notamment sur la moitié Sud", avec des "conditions souvent lumineuses et assez douces". Les hautes pressions du Nord devraient entraîner "davantage de nuages et quelques perturbations océaniques". La fin de l'automne serait "plus perturbée et certainement assez fraîche"...


Prévisions de MétéoContact pour septembre prochain

Ces classiques de "l’été indien" sont une première garantie de succès, à laquelle s’ajoute la stabilisation du Covid et la croissance exponentielle du nombre de vaccinés… Ainsi, l’été, au sens strict, a démontré que la pandémie est beaucoup moins un "boulet" pour les vacances ... et les prochains départs en weekend.

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Un "été indien" prometteur à Collioure, dans les Pyrénées-Orientales.

Le trafic aérien se redresse, les Chinois sur les starting-blocks

Côté voyages internationaux, les chiffres ne sont pas spectaculaires, mais ils progressent dans le domaine du transport aérien vers la France. L’incertitude ne permet pas de retour à la normale avant quelques mois et les compagnies ont même tendance à réduire leur programme de vols pour septembre.

N’empêche, la capacité aérienne sera deux fois supérieure à celle de 2020 pour les vols en provenance de l’espace Schengen et du Royaume-Uni. Pour septembre et octobre, les réservations de billets vers la France représentent 74% par rapport à une année normale, de 65% spécifiquement pour les vols depuis les Etats-Unis, signale Le Monde du 24 août.

Les clients chinois, dont l’absence est catastrophique pour le tourisme parisien, sont prêts à partir : les chiffres compilés par 4Hoteliers, à la même date, révèlent l'intérêt croissant des Chinois pour les voyages en Europe, avec des volumes de recherche de vols et d'hôtels européens qui sont montés en flèche cet été. Par rapport au premier semestre, le volume de recherche de vols européens a augmenté de plus de 150 % en juillet et a culminé à 320% le 12 août. Les recherches d'hôtels européens ont augmenté de 80 % en août, par rapport au 1er semestre. Les Asiatiques ne peuvent pas voyager sur notre continent, mais ils en ont diablement envie... ils se préparent. "La reprise mondiale des voyages est en cours", argumente le PDG d’une agence de voyages en ligne planétaire. La démangeaison des vacances est forte, il existe une "tendance claire de la demande de voyages refoulée". Le redémarrage de "l'international" sera fort, mais sa date est incertaine.

Les voyages d'automne dépendent du Covid, mais les voyageurs intercontinentaux recherchent majoritairement de la sécurité sanitaire, en faisant un effort personnel. Une enquête FinanceBuzz (US) portant sur octobre, réalisée auprès de 1000 adultes, révèle ce sens de l'engagement.

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L’exception est en Île-de-France, où septembre sera "gris"

A Paris, la situation est moins prometteuse: par exemple, le niveau de réservations des quatre hôtels de luxe du groupe Evok Hôtels atteint 25 à 30 %, pour septembre, par rapport à l’avant-Covid. Hors virus, les palaces parisiens affichent jusqu’à 90 % de taux d’occupation lors du mois de la rentrée, notamment grâce à la Fashion week, mais les prévisions de cette année "ne dépassent pas 20 %", déclare Christophe Laure, président de la branche prestige de l’UMIH.

En principe, la capitale et l’Île-de-France engrangent au quatrième trimestre la moitié de leur fréquentation touristique annuelle, grâce à une combinaison de voyageurs participant à des salons et congrès, d'étrangers et de seniors attirés par l’activité culturelle. Cette année, ces gisements de consommateurs ne vont pas se mobiliser en masse mais "les perspectives sont plus réjouissantes que l’an dernier à pareille époque", affirme Le Monde. "Pour la rentrée (...) Ce sera gris, intermédiaire. Dans un premier temps il y aura un petit rebond, mais le MICE (réunions, congrès, conventions et séminaires d’entreprise) ne sera pas la locomotive espérée", croit savoir Vanguelis Panayotis, directeur des opérations du cabinet spécialisé MKG, spécialisé dans l'analyse de l'industrie hôtelière.

Selon l’Office du tourisme et des congrès de Paris, le Grand Paris a reçu entre 3,6 et 4,7 millions de touristes entre juin et août, soit moins de la moitié du chiffre de 2019. Destination française la plus touchée, il n’a pas profité de la reprise estivale, mais ses résultats sont légèrement meilleurs que ceux de l’été 2020. Le Louvre a reçu quatre fois moins de visiteurs, mais la clientèle de proximité s’est présentée massivement au Parc Astérix et à Disneyland Paris, où la jauge maximale de 28 000 visiteurs a été atteinte plusieurs fois cette saison.

La clientèle américaine, enfin, fortement présente avant la pandémie, est dissuadée de venir en France, destination que les US considèrent "à très haut risque" depuis le 15 août. Ana Perez, fondatrice de l’agence de voyages Vap Incoming, adressée aux US, affirme que les voyageurs américains "font très attention quand ils voyagent : avant de venir ici, ils attendent que les Français soient tous vaccinés". Plus généralement, les USA, le Royaume-Uni et la Chine, qui représentent les trois principales clientèles étrangères du tourisme parisien, ne sont pas pressés de lever leurs restrictions de voyage vers la France. La reprise que connaîtront les autres régions, dans la continuité de l’été, restera faible à Paris et tout autour, dans cette même continuité. Plus que jamais, il faudra compter sur la stimulation du "marché de proximité" et de la clientèle "domestique".

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À retenir :

La mise en place du certificat sanitaire a, de toute évidence, participer à rendre les voyages plus secure et plus faciles qu’il y a un an, à l'échelle mondiale.

En France, la mise en compatibilité des QR codes américains, britanniques et asiatiques, avec le pass sanitaire (attendue pour septembre) fera sauter un verrou supplémentaire, salutaire pour l'Île-de-France, notamment.

En attendant, la clientèle française assure l'essentiel du marché et sa remontada. Après quelques craintes sur la survenance d'une 4ème vague pénalisante, l’arrière-saison devrait donc profiter de la dynamique estivale selon une courbe indexée sur la maîtrise du Covid, via la vaccination.

Le grand soulagement viendra de la baisse des chiffres sanitaires quelques semaines après la rentrée. Si les raisons de partir en France en septembre-octobre sont classiques (le beau temps sans la foule), l’absence d’événements, notamment les festivals, pourra être compensée par le patrimoine. L’envie de vacances ne s’est pas émoussée, ce deuxième automne avec Covid pourrait bien jouer les prolongations d'un été qui a remis en confiance le tourisme français et faire le pont avec une saison hivernale où la ré-ouverture (certes, sous contrainte) des stations de ski est plus-que-probable à l'heure où nous écrivons ces lignes. On garde de moral et on joue les prolongations 💪 !