Le passeport européen Covid sera présenté cette semaine

Même si les français restent les plus réticents à sa mise en place (39% contre 55% dans le reste de l'Europe), le passeport vaccinal devrait permettre une reprise plus rapide des déplacements à travers le vieux continent et le reste du monde. Dans la "pagaille" actuelle qui règne entre pays - avec des initiatives souvent diamétralement opposées au sein même de l'UE, le débat risque d'être rapidement tranché à l'initiative des instances européennes elles-mêmes ... Cette semaine sera présenté "un standard" accordé entre tous, utilisable même en dehors de l’Union et qui devrait être calqué sur le modèle de l’homologation internationale des vaccins. Pour autant, le passeport ne fera pas s'accélérer les vaccinations toujours à la traîne...

Devrez-vous demander (exiger même !) la présentation du (futur) passeport vaccinal européen à vos clients lorsqu'ils se présenteront à votre comptoir cet été ? Si on allait plus loin, pensez-vous que des pros du tourisme se revendiqueront de n'accueillir qu'une clientèle "100% vaccinée et attestée par un passeport" ? On peut parfaitement l'imaginer car, si le passeport vaccinal devient un sésame pour se déplacer d'un pays à l'autre, pour quelles raisons sa présentation ne s'imposerait pas ailleurs (train, hôtel, maison d'hôtes, activités de loisirs ...) ? Et quid des personnes qui, pour des raisons médicales ou morales auront décidé de renoncer au vaccin ? Elles deviendront, de fait, exclues de voyager, d'occuper une chambre d'hôtel, etc ?.. Viendra, en effet, un moment où les établissements de tourisme demanderont à alléger les contraintes sanitaires présentes (et coûteuses) dans leur établissement. Dans ce cas, le recours à la présentation du passeport (et donc d'une clientèle 100% certifiée vaccinée) ne relèvera plus de la science fiction ...

Mardi 17 mars, la Commission européenne proposera un modèle de “passeport vert” digital, a annoncé sa présidente, Ursula von der Leyen. Ce document permettra aux Européens de se déplacer en sécurité au sein de l'UE ou en dehors, pour leurs loisirs ou leur travail. Il devrait contenir la preuve de vaccination et les tests négatifs et indiquer si son propriétaire dispose d'anticorps. Ce passeport doit “faciliter la liberté de mouvement au sein de l'Union européenne et vers l'étranger”, assure Eric Mamer, porte-parole de la Commission.

Dans le monde, on montre déjà patte blanche “Covid” à l’entrée de certains lieux publics. A New York, les stades et grandes salles de spectacle ont rouvert leurs portes en février en imposant à l’entrée un test PCR négatif datant de moins de 72 heures, une prise de température, le port du masque, et le respect des règles de distanciation. Dès le mois de décembre 2020, un concert organisé à Barcelone avec 463 participants, dépistés, n’a débouché sur aucune contamination à l'issue de la soirée. De la musique au sport… Le Grand Prix d'ouverture de la saison de Formule 1, du 26 au 28 mars à Bahreïn, est réservé aux vaccinés ou guéris du Covid-19. Autre cas, les Israéliens peuvent retourner au restaurant depuis dimanche 7 mars...mais, là aussi, il faut montrer patte blanche. Le passeport vaccinal risque donc de s'imposer comme le "laissez-passer" absolu d'une reprise de vie normale ...

Dans les pays asiatiques - désormais reconnus comme "vainqueurs" du virus - ce genre de "contrainte" est rentrée dans les moeurs et les usages quotidiens. Passeport ? On passe ! Pas de passeport ? On reste à la maison ou à la porte des lieux publics, des gares et des aéroports ...

La France hésite sur ce genre de procédés (voir plus bas). Ce qui n'empêche pas le gouvernement d'étudier un possible “pass sanitaire”, attestant que son propriétaire ne peut pas transmettre le Covid-19. Ce sésame permettrait de voyager plus facilement, d'aller au cinéma ou au restaurant ... Problème ? Il risque de ne pas être reconnu hors de nos frontières nationales ... qui, pour les franchir, imposeront la présentation d'un passeport européen ... Pour l'instant - compte tenu de l'état d'esprit des français, les autorités avancent sur d’autres aspects: le Palais des Festivals, à Cannes est accrédité “GBAC STAR™ Facility, la référence internationale en matière de sécurité sanitaire, depuis le 4 mars. Cette première en France certifie la mise en œuvre des plus sévères protocoles de nettoyage, désinfection et prévention des maladies infectieuses. Plusieurs villes se portent désormais candidates à des expérimentations pour des ouvertures "encadrées" des restaurants, des cinémas ... ou encore l'organisation de concerts "d'évaluation". Comme une envie d'échapper à des mesures plus radicales pourtant adoptées (ou en voie de l'être) par d'autres grands pays.

Des transports sous haute surveillance

Les compagnies aériennes - sous la houlette de l'IATA, leur association internationale - clouées au sol en raison de la pandémie, ne ménagent aucun effort pour imposer la création et la reconnaissance d'un passeport international. Elles s'appuient, pour cela, sur les premières expériences mises en place. Evidemment, la Chine est en avance, avec son "certificat de santé pour les voyages internationaux", délivrable sur smartphone, lancée début mars. Pour l'instant, cette application n'est pas obligatoire, et elle est réservée aux Chinois. Le Royaume-Uni et les Etats-Unis réfléchissent, de leur côté, à leur propre solution. De toute évidence, le principe d'un passeport vaccinal à l'échelle des grands continents semble désormais acquis ... Reste à en définir les formes et les limites; ce qui ne sera pas une mince affaire.

Les français parmi les plus opposés

La semaine dernière, Euronews et Redfield & Wilton Strategies, un important institut de sondage européen, interrogeaient les allemands, les italiens, les britanniques et les français pour connaître leur sentiment sur le projet de passeport vaccinal. Si une large proportion de répondants soutiennent ou soutiennent fortement l'introduction des passeports dits vaccinaux (53% en Allemagne, 65% en Italie et 69% en Grande-Bretagne), les français restent encore très réticents avec une proportion plus faible de 39%.

Si 32% des français sont "remontés et opposés" contre ce passeport, les allemands ne sont que 25%, les italiens, 19%, et les britanniques, où la vaccination est massive, ne s'opposent qu'à 12% !

Quant à la manière d'utiliser ce "nouveau passeport", 55% des allemands, 63% des italiens et des 69% des britanniques déclarent qu'ils l'utiliseront en toutes circonstances ... contre seulement 31% des français. Nos compatriotes estimant que ce passeport ne devrait servir qu'aux voyages internationaux. Tandis que 38% d'entre eux déclarent d'ores et déjà qu'ils ne l'utiliseront pas du tout ! C'est dire le septicisme qui entoure ce passeport dans le pays des droits de l'homme.

Un passeport qui doit "faire le tri"

Ce sondage en dit long sur l'état d'esprit qui entoure ce projet de passeport vaccinal. Pour ceux qui le soutiennent le plus (britanniques, allemands et italiens), les voyages à l'étranger ne doivent être permis qu'aux détenteurs du passeport (69% des britanniques le pensent fortement !) tandis qu'une forte proportion de français (43%) déclare préfèrer rester au pays plutôt que de devoir se plier à l'obtention d'un passeport vaccinal pour se rendre à l'étranger... Ce sentiment, très marqué en France, reste assez général au reste de l'Europe (exception faite des britanniques) où les vacances d'été devraient, en priorité, se faire "au pays" ... comme en 2020.

Sera-t-il prêt pour sauver la saison estivale ?

À grande échelle, les moyens de contrôle de la pandémie échappent donc encore à toute norme commune car chacun agit dans son coin: on exige des tests PCR négatifs à la frontière franco-allemande depuis le 1er mars, et jusqu’au 7 mars pour tout embarquement vers la Corse. Idem vers Malte et la Suisse, sous forme de test effectué au plus tard 72 heures auparavant, etc. Par ailleurs, le gouvernement français avait depuis le 31 janvier interdit tout voyage en dehors de l'UE sans excuse valable pour limiter la propagation des variantes de Covid-19 dans la pandémie. Mais en raison de l'évolution de la situation pandémique, il ne sera plus nécessaire de prouver une raison impérieuse de voyager vers ou depuis l'Australie, Israël, le Japon, la Nouvelle-Zélande, Singapour, la Corée du Sud et le Royaume-Uni, a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué... Difficile de s'y retrouver.

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… mais La vaccination doit s’accélérer

Passeport vaccinal ou pas - et les débats risquent d'être copieux, surtout en France ! - cela n'accélerera pas la course aux vaccinations qui marque le pas dans certains pays (comme le nôtre). La part des personnes en mesure de voyager, dès lors, pour cet été, risque d'être une part relativement congrue. Par rapport à notre information de fin janvier, indiquant une véritable pagaille entre les pays et les institutions de gouvernance, le chemin s’éclaircit - mais lentement - sur le vaccin ... et le passeport vaccinal. Le Sud de l'Europe le désirait, la France et l'Allemagne le repoussaient. Il y a fort à parier, au vu des enjeux et des dispositions prises (ou sur le point de l'être) par les très grands pays que ce passeport s'impose plutôt tôt que tard. Probablement que tout le monde finira par s’accorder, suite à une décision politique majeure qui instaurera un principe pour le Covid-19, mais sera adaptable à d’autres virus dont on nous prédit déjà la survenance dans les prochaines années (quelle époque formidable !). Ce nouveau passeport constitue donc une manière de capitaliser sur l’avenir de l’industrie touristique et de l'économie en général. Il devrait être mis en circulation lorsque la campagne de vaccination aura suffisamment progressé. Or, pour l'instant, le pourcentage de vaccinés est encore faible.En Europe, la moyenne est proche de 7 %.

Vaccination dans le monde : données OMS au 9 mars 2021

Pays Pourcentage de vaccinés
Israël 55%
Royaume-Uni 34%
Etats-Unis 12%
Maroc 10%
Hongrie 10%
Espagne 7%
Irlande 7%
Suisse 7%
Grèce 7%
Italie 6,4%
Allemagne 6,2%
France 5,8%