Les seniors, toujours dans la cible
Cette année encore et pour au moins 10 ans, les seniors issus du baby-boom resteront une clientèle de choix pour l'univers du tourisme. Même si leur "segment" de marché a été secoué par le coronavirus, cette clientèle touristique au pouvoir d'achat supérieur va se multiplier, mais elle sera plus exigeante en matière de santé. Préparez-vous donc à redoubler d’efforts pour la recevoir...
Selon toutes les études compilées, la dernière en ligne étant celle d'Amadeus, les seniors restent très demandeurs de voyages. S'ils ne comptent pas partir de sitôt ailleurs qu'en France, ils ne partiront pas à n'importe quelle condition, ni n'importe où ... et pour de nombreux mois (et années, certainement !) encore, la dimension sanitaire comptera pour beaucoup dans leurs recherches de séjours et de weekends.
Selon l'étude Amadeus, le besoin d’informations complètes au moment de la recherche, de la réservation et juste avant le départ est la plus importante chez les baby-boomers (42%, contre 29% pour les 16-24 ans). L'écart est majeur ! Cela signifie que sur vos sites, notamment, si vous ciblez plutôt une clientèle âgée, il va falloir en faire des tonnes pour donner l'info la plus précise sur les conditions d'accueil de vos clients, vos protocoles sanitaires, la manière dont vous gérez, le cas échéant, la survenance d'un imprévu sanitaire, etc ... et bien sûr, sans trop verser dans l'info-catastrophe.
Car, covid ou pas, les baby boomers continueront d'alimenter, dès la fin des confinements, les flux de mai, juin, septembre et octobre (en dehors des hautes-saisons estivales). Ils confortent les ailes de saison, ils n’ont pas d’engagements, plus d’enfants à charge, ils sont souvent boostés par une seconde jeunesse… Et les baby-boomers (nés après la seconde guerre mondiale) sont, aujourd'hui, en plein boom démographique, retraite oblige ! Les seniors constituent donc un public touristique choyé, prisé, convoité. Ils ont profité d’une période économique débutée dans la joie et souvent terminée dans la crise, mais leurs pensions mensuelles sont enviables pour les plus jeunes. Ces retraités qui ont la pêche, sexagenaires ou septuagénaires, redoublent d'envie et d'énergie. Ces papys-mamies qui refusent d’être des pépés-mémés se déplacent, consomment, vivent avec souvent plus d'entrain et d'enthousiasme que lors de leurs jeunes années.
Un "segment" de clients qui va perdurer 50 ans
Dans notre population, la proportion de seniors âgés de 65 à 74 ans va augmenter pendant plusieurs décennies, avant de se stabiliser vers 2070. Cela veut dire que, grosso-modo, l'on va assister à un "vieillissement" de la clientèle touristique. Mais une clientèle active, désireuse de bouger ... et de croiser d'autres clients que leurs propres congénères. C'est important de se positionner sur ce segment pour ne louper aucune opportunité de marché ...
Selon l'Insee, la hausse de la population va donc concerner principalement les seniors: ces aînés à (continuer de) séduire, représentent déjà 20 % de la population française en 2020 ... et donc, du marché touristique. Ils seront 29 % dans 50 ans, soit 50% de progression. L’accroissement des 65 ans et plus va se poursuivre nettement jusqu’en 2040, de sorte que les 20 années devant nous vont nous habituer à cette clientèle. La France, l’Europe et le monde occidental sont concernés. Dans l’Union européenne, la part des seniors est passée de 14% en 1990 à 19% en 2017, une progression comparable au portrait français.
L'offre "bien-être" sera la clé
Le marché du "bien-être" a donc de belles années devant lui. Les baby boomers cherchent des environnements tranquilles, mais avec "de la vie" à proximité. Les seniors qui voyagent vivent en couple et profitent d’une bonne santé cherchent des lieux où l'activité physique est bien mise en valeur. Les femmes ont gagné 7 ans d’espérance de vie sans handicap, gêne physique ou mentale entre 1981 et 2003, contre 5 ans pour les hommes. Ce confort va continuer, jusqu’à atteindre ou dépasser les 10 ans.
Soignez discrètement leur santé
Les seniors sont porteurs des affections physiques habituelles, visant les os et les articulations, dès 65 ans en particulier (63% en moyenne). Un tiers souffre du dos, la plupart apprécie les soins paramédicaux comme la thalassothérapie, la balnéothérapie, le yoga etc. Un centre de ce type est implanté près de chez vous ? Mentionnez-le sur vos supports de communication, parlez-en. Mieux encore, organisez des séances dans vos murs, en compagnie d’un prestataire extérieur, les ressources ne manquent pas.
Vous devez aussi tenir compte de la santé mentale des seniors, plus fragile que les autres générations. 25 % d’entre eux ont reçu un traitement sous forme d’antidépresseurs et d’anxiolytiques lors de la dernière année. La réduction de leurs relations sociales et familiales, leurs limitations physiques et cognitives sont à la source de cette médication. C’est à partir de 74 ans, en moyenne, que s’accentue la diminution des activités et du désir de bouger, de visiter, de découvrir. Les sorties vers les expositions, le cinéma et les concerts diminuent, constituant un déclin qui peut être suivi d’une déprime, mais elle n’est pas automatique.
Actuellement, on parle de “jeunes séniors” pour désigner les 65-74 ans, car l’espérance de vie repousse toujours les limites. Sachez jouer sur ce concept parfaitement réel, tout aussi utile en matière de marketing que juste et valorisant pour les intéressés.
Mick Jagger, 77 ans en 2020 © Polydor Records
La géographie vous appartient
La présence géographique varie du simple au triple selon les régions françaises ! Vous avez la connaissance de vos terres, vous maîtrisez certainement ce sujet : la Creuse, la Nièvre, le Lot, le Massif Central, la plupart des départements du Sud comportent une forte proportion de seniors, jusqu’à 30 % voire davantage. A l’inverse, ils ne sont que 11 à 15% en Île-de-France, dans le département du Rhône, dans le Nord et en Ille-et-Vilaine. Naturellement, vos stratégies doivent coller à ces caractéristiques par ces temps de Covid-19, qui limitent les déplacements touristiques.
Les nouveaux seniors sont moins riches que les anciens
Les mois de septembre et octobre attirant des retraités en baskets, insouciants, qui prennent le temps et sont avides de dialogue, ne sont pas une fiction, ils correspondent à la réalité. A un degré supérieur persiste l’image d’une Côte d’Azur accueillant des personnes vieillissantes, venues du Nord, appartenant aux classes aisées ou très aisées. L’avenir des seniors n’est pas ce passé, car nos concitoyens moyennement âgés vivent dans un confort matériel relatif. Globalement, ils ne sont plus de riches retraités, ils s’appauvrissent. Les lieux de luxe ont un avenir, mais la généralité des destinations est plus modeste et sa fréquentation aussi.
Alors, on fait quoi ?
Sur la base de nos analyses et statistiques, fuyez les clichés, car la surprise est possible, il y a pas mal de seniors qui sortent du lot et sont inclassables ! Pendant et après le Covid, il est nécessaire de préserver cette clientèle. Pour elle, les protocoles sanitaires renforcés sont à afficher en gros, votre convivialité doit être au top, vous ne devez pas basculer dans la facilité. Evitez les nuisances sonores, produisez du silence, en évitant l’ambiance aseptisée. N’oubliez pas que ce public est plus authentique que les autres, c’est l’une de ses qualités. N’en faites pas trop dans la prise en charge des seniors qui séjournent chez vous, mais faites-en davantage qu’avec une famille composée de deux quadras et deux ados. Les seniors restent une clientèle d’avenir, sans aucun doute.