Comment profiter du Plan de relance gouvernemental ?
Les 100 milliards d'euros du plan de relance du gouvernement (296 pages) englobent plusieurs lignes de crédit intéressantes pour votre entreprise de tourisme et de loisirs. Saisissez ces opportunités pour améliorer vos prestations, surtout dans le “tourisme durable”. Mais préparez-vous aussi à un parcours (administratif) du combattant...
Soyez aux aguets ! 50 millions d’euros sont engagés pour développer le “tourisme durable”, selon le plan de relance du gouvernement voué à retrouver en 2022 le niveau économique d’avant-crise sanitaire. Ce dispositif “France Relance”, présenté le 3 septembre, contient des financements adaptés à l’hôtellerie, dans le cadre strict du développement du tourisme durable, et fait partie du pack “cohésion” du plan. Il a pour vocation à « soutenir via des aides financières (subventions) les porteurs des projets innovants/transformants et à fort ancrage territorial dans le tourisme durable ». L’heure est venue de vous transformer ? A vous de juger si l’enjeu serait utile à votre progression. S'agissant de subventions, ces aides vous seront acquises sans aucune obligation de remboursement ...
Le calendrier ? Un premier appel à projet arrive début 2021, suivi, dans l’année, d’un versement de subventions “suite à des appels à projets annualisés” : les aides seront reconduites si elles sont convaincantes. Attention, les premières informations commencent à circuler, d’autres viendront.
Adaptation au changement climatique dans la ruralité
Les aides à capter concernent un “accompagnement à la transition durable” et à “l’adaptation au changement climatique” pour les hébergements touristiques “en particulier dans les territoires ruraux (...) dans un premier temps". Si vous cochez naturellement ces cases, réservez dès-à-présent du temps pour constituer votre dossier et pour pouvoir, en temps voulu, convaincre plus vite l’Administration. Ce volet de subventions doit être précisé dans le courant de l’automne. Tenez-vous prêt, gagnez du temps.
On décrypte le texte pour vous
Le “Fonds de soutien à l’émergence de projets du Tourisme durable” du long dossier “France Relance” concerne les “projets innovants / transformants et à fort ancrage territorial”. Cette terminologie abstraite et même opaque, fortement administrative, décrit cependant de véritables mesures, avec des dotations sonnantes et trébuchantes. Elle intègre les “principes du développement durable dans leur modèle d’affaires, dans la gestion de leurs processus opérationnels et dans leur offre commerciale”. Elle évoque le tourisme, la transition écologique et le “tourisme social”. Le gouvernement avoue la complexité du défi en parlant de “besoin de cohérence” des dispositifs.
Shane Rounce / Unsplash
En clair : faites vite, vert, et à plusieurs
Le fonds se traduit par des aides financières qui couvrent une partie des coûts d’investissement liés à la transition (il faut apporter une part des capitaux nécessaires).
Les projets incluant les “normes environnementales les plus avancées” seront les plus regardés:
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Les dossiers permettant la concrétisation rapide et la transformation de l’industrie touristique sont favorisés,
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Les offres groupées seront privilégiées pour accompagner la transition d’un maximum d’établissements : hébergements et pros des loisirs axés sur la découverte nature, par exemple, unissez-vous !
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La sélection sera sensible à votre adaptation au changement climatique, surtout dans les territoires ruraux : à vous la rénovation énergétique, l’économie circulaire et les stratégies d’économie d’énergie, la préservation des milieux, la réduction des émissions de gaz à effet de serre et les “solutions innovantes en faveur d’un tourisme durable” (cette dernière notion, extrêmement vague, a des allures de fourre-tout). Ayez la patience de percer le “mur” technocratique pour toucher la réalité et obtenir des résultats.
Attention, la sélection des projets sera opérée par l’Agence de la transition écologique (ex-ADEME), des représentants de l’Etat, Bpifrance, la Banque des territoires et les Régions. Il vous choisiront si votre projet (pertinent et de qualité) est rédigé avec leurs codes de langage.
Les labels et l’emploi sont importants
Les bénéficiaires de subventions seront ceux qui sauront mettre en avant “l'amélioration de leur performance environnementale”, en visant les “écolabels” et un “affichage environnemental”. Pour plaire davantage et passer devant vos concurrents, étudiez la question de l’embauche de personnel et votre capacité à la “relance du secteur du tourisme, à sa transition durable et au développement d’une offre de qualité, à même de répondre aux nouvelles attentes des visiteurs”. Et la géographie ? “Le fort ancrage territorial du dispositif se traduira par un impact local en termes d’emplois créés et de retombées économiques”. Ces thèmes vous semblent trop abstraits ? En réalité, ils recoupent des choses que vous faites peut-être déjà: le circuit-court, un potager en permaculture dans votre jardin qui sert aussi de jardin de découverte pour les enfants de vos clients, un réseau de partenaires bio ou la mise en place de pratiques très pointues sur la récupération de l'eau, l'emploi de produits et de méthodes "nature" pour l'entretien de votre entreprise, etc ... Faites-vous aider par vos partenaires publics "locaux" (offices de tourisme, CDT ...) qui devraient constituer une aide précieuse pour vous aider à re-traduire toutes vos actions en des termes plus "administratifs" ...
Ce décodage doit vous servir à ficeler un dossier en adéquation avec les attentes des décideurs. Et de vous faire aider de manière plus efficace pour la "touche finale", soit juste avant de remettre votre dossier.
L’hôtellerie-restauration en veut encore plus
Si ces mesures concernent avant tout vos investissements vers une transition écologique irréversible, elles ne sont pas du tout imaginées pour "boucler les fins de mois ou de trimestre" et c'est ce que pointent du doigt les principaux syndicats hôteliers (les autres secteurs du tourisme restant peu représentés au plan national exception faite des campings).
L’UMIH (Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie), pour sa part, s'estime lésée par le plan car “la situation économique pour les hôtels (...) est toujours extrêmement critique, et qu’à très court terme, c’est près de 15% de nos établissements qui sont menacés de fermeture, faute de trésorerie et de perspectives”. Le syndicat met la pression au gouvernement car avant 2021, il faut passer l’automne et l’hiver. “La soudure à réaliser cet automne sera très difficile. C’est pourquoi, nous attendons des mesures complémentaires adaptées à notre industrie, le tourisme, qui représente 8% du PIB”. L’UMIH demande la prolongation du dispositif de l’activité partielle « covid-19 » jusqu’au 31 mars 2021 et *“aussi longtemps que cela sera nécessaire”, ainsi qu’une exonération de charges patronales et salariales jusqu’à la fin de l’année 2020, ajoutée au prolongement de 6 mois du report des échéances bancaires.