Wimdu stoppe ses activités: une victoire de plus pour AirBnB & HomeAway
Wimdu se voulait le rival européen de AirBnB. Face à des défis commerciaux insurmontables (tenir tête à AirBnB) et, en dépit de plus de 90 Millions $ injectés, le portail fermera ses portes au 31 décembre prochain.
Fin de partie pour Wimdu, le portail de locations de vacances et d'appartements qui se voulait le rival d'AirBnB (et aussi, de HomeAway). Selon son communiqué :"Face à d'importants défis financiers et commerciaux, Wimdu cessera ses activités d'ici la fin de 2018. L'entreprise compte 100 employés à Berlin et Lisbonne."
Wimdu cessera ses activités à fin décembre
Parmi les "importants défis financiers et commerciaux", il y a d'abord le fait que le "match avec AirBnB et HomeAway est désormais plié" comme on dit dans les contrées rugbystiques. S'imposer face à des tels géants, dotés de moyens quasiment illimités (en raison des successives levées de fonds réalisées par AirBnB depuis sa création et des investissements consentis par Expedia pour HomeAway) relève de l'impossible.
Ensuite, dans cet univers aussi dense que disparate de la location de vacances et d'appartements, seules les plateformes "originales" (spécialisées sur une niche ou sur une ville ou une destination) ont quelques chances de survivre ... avant de se faire racheter par AirBnB (uniquement si elles ont réussi leur pari, cela va de soi; ce qui est moins évident).
Wimdu n'avait pas cette originalité ! Et pour cause, ce portail est l'émanation du fameux groupe allemand Rocket Internet qui s'est spécialisé dans la "copie" de modèles américains sur le marché européen. Un exemple ? Zappos, la success story de ventes de chaussures par internet, explose les compteurs sur le marché américain ? Rocket Internet lance Zalondo sur le même modèle ! Deliveroo ou Uber Eats (livraisons de repas à domicile) émergent aux US ? Rocket lance Delivery Hero ? Et ainsi de suite ...
Les frères Samwer, créateurs du groupe Rocket Internet
Les chances qu'une copie (même, se drapant de sa "nationalité européenne") l'emporte sur son original américain sont donc très limitées: en Europe, à l'inverse des US, il existe plusieurs langues et cela oblige les sites à se démultiplier dans autant de langages (jusqu'à 13 pour les pays les plus importants) alors que les compagnies américaines se développent d'abord sur un marché "local" où elles grossissent à vue d'oeil avant de s'exporter. Ensuite, il y a le défi de la conquête des offres (les fameuses annonces que les propriétaires de meublés diffusent sur ces portails). Ces derniers privilégient les "gros" sites comme AirBnB ou HomeAway ou alors les sites de "niche" à audience plus limitée mais beaucoup plus qualifiée.
Enfin, il y a un contexte réglementaire qui se crispe en Europe à l'égard des plateformes de locations de vacances : les lois se font de plus en plus restrictives et les municipalités imposent des contraintes lourdes (comme, à Paris, où la ville poursuivait Wimdu devant les tribunaux) pour obliger les plateformes à publier les numéros d'agréments des propriétaires et à ne pas louer plus de 120 jours par, à communiquer les chiffres au fisc, etc ... Toutes ces contraintes rendent les plateformes (et leurs propriétaires) de plus en plus fébriles sur ce business et les obligent à revoir leur modèle (comme AirBnB qui s'ouvre de plus en plus aux hôtels, par exemple). Si AirBnB a les épaules assez larges et les reins assez solides pour livrer une bataille sur tous les fronts, Wimdu n'était pas dans ce cas et a préféré jeter l'éponge avant que la situation ne se corse un peu plus pour les plateformes de locations.