Clévacances - Gîtes de France : un mariage "à la chacun chez soi"
L'absorption de Clévacances par Gîtes de France est en cours de finalisation. Le mariage de l'été prend forme même si, pour l'instant, les familles ont décidé de "ne pas se mélanger". Pour les observateurs comme pour les propriétaires des deux marques, les perspectives de cette union restent encore floues...
Nous évoquions, au début de l'été, les préliminaires du mariage entre la marque Clévacances et Gîtes de France. La première, confrontée à d'importantes difficultés qui obéraient son avenir, s'était rapprochée de son aînée pour réfléchir à un avenir commun. Longtemps rivales, souvent confrontées sur le terrain à des concurrences féroces pour conquérir tel ou tel propriétaire de gîte, de meublé ou de maisons d'hôtes, les deux marques devraient donc annoncer leur "mariage officiel" d'ici peu.
En effet, en cette mi-septembre, l'Assemblée Générale de Clévacances a validé le principe de son prochain mariage avec Gîtes de France. Clévacances, qui est une fédération d'associations départementales (chargées de contrôler et de délivrer son label) détiendra 25% du capital d'une société nouvelle (une SAS, plus exactement) dans laquelle Gîtes de France devrait posséder 75%; c'est-à-dire, une très large majorité ! L'équipe du siège toulousain de Clévacances devrait être "reprise" par la nouvelle société. Rien n'est moins sûr, toutefois, en ce qui concerne les équipes de Clévacances basées dans les départements. En clair, comme nous l'annoncions en ce début d'été, Clévacances est purement et simplement absorbée par Gîtes de France; le reste n'est qu'affaire d'affichage pour faire bonne figure. La marque rivale des Gîtes limite donc la casse et évite, par cette absorption, une disparition définitive.
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Toutefois, si l'on peut donc parler aisément d'absorption, ce "mariage" n'ira pas jusqu'à la "fusion" des deux "catalogues" de Clévacances et de Gîtes de France. Du moins, sur le site de Gîtes de France; de loin, le plus fréquenté des deux. En effet, selon plusieurs sources, le site Gîtes de France n'accueillera pas en son sein les offres des propriétaires Clévacances. En revanche, le site Clévacances (qui devrait se maintenir sous cette marque) devrait afficher l'offre des propriétaires-adhérents aux Gîtes de France. Au final, l'offre des gîtes pourrait venir "diluer" celle des adhérents Clévacances longtemps jugées comme rivales. Pour quelle contrepartie ? Notamment pour les propriétaires de Clévacances ? Et quels avantages pour les propriétaires des gîtes qui ont financé cette absorption ? Pour l'instant, ce "mariage" n'a été discuté qu'à haut niveau et ne sera visiblement pas entériné par d'autres instances locales; pourtant la base et la philosophie même de ces deux marques (le réseau par le réseau, pour le réseau ...). Nul doute que cette union va susciter quelques interrogations, quelques frictions, voire quelques départs chez les propriétaires qui ne seraient pas d'accord avec les termes de cette absorption. Mais, chez Gîtes de France et Clévacances - sans nier cette conséquence - on se veut rassurant : au final, peu de propriétaires devraient quitter le réseau.
Côté Gîtes de France, l'opération ne devrait pas coûter très cher (la reprise du personnel et des engagements financiers de Clévacances). D'ici quelques jours, la fédération devrait annoncer, de son côté, les termes définitifs de sa nouvelle union en prenant soin d'indiquer à ses propriétaires que l'offre Clévacances ne sera pas mélangée à la leur dans le site Gîtes de France. Le "réseau aux épis", en pleine réorganisation, connaît l'extrême sensibilité de ses membres sur ces questions et se gardera bien de les bousculer un peu plus. Depuis ces trois dernières années, les "Gîtes" doivent faire face à une véritable hémorragie au sein de leurs adhérents. Selon des sources internes, en 5 ans, 25% des maisons d'hôtes adhérentes auraient quitté le navire pour se vendre par leurs propres moyens; notamment, auprès des OTAs (Booking, AirBnB, etc).
Dans quelques mois, nouveau défi pour les "gîtes" : les propriétaires devront financer un nouveau système de gestion de leur planning, à raison de quelques centaines d'euros par an et par propriétaire (en plus des commissions payées à leur marque). Pas de "libre choix", donc, de la solution de réservation au niveau de chaque propriétaire mais une obligation d'utiliser la technologie-maison ou de prendre la porte... Une telle exigence peut se comprendre de la part du réseau qui veut "maîtriser" son catalogue et éviter les départs trop importants de ces dernières années. Pour les propriétaires, ces contraintes nouvelles (nouvel outil, nouvelles charges financières) pourront être acceptées si elles débouchent sur de meilleurs résultats en terme de réservations et de revenus nets. "La nouvelle organisation des gîtes a donc la pression pour faire ses preuves" selon un de ses administrateurs nationaux. Nul doute que le coup (coût ?) a été bien calculé ...
Enfin, toujours dans cette optique, le process de distribution des Gîtes devrait aussi être bouleversé entre les réseaux départementaux et le réseau national: fusion de relais départementaux, regroupement régional, etc ... Avec à la clé, la même promesse faite aux propriétaires adhérents: recevoir plus de réservations et gagner plus d'argent. Face à l'évasion de leurs membres, un pari certainement gagnant pour le nouvel ensemble Gîtes + Clévacances ?