Google passe un cran dans la réservation d'hébergements
Le message est tombé à la veille de cet été qui démarre. À partir du 30 juillet, les hébergeurs ne pourront plus afficher leurs prix sur Google sans passer par une solution certifiée ... comme elloha !
La nouvelle n'est pas anodine: Google passe manifestement à la démultipliée dans la réservation en ligne des hébergements touristiques en imposant aux propriétaires de connecter leurs offres depuis une solution certifiée ...
Il faut dire que, jusqu'à présent, l'hébergeur touristique avait la possibilité d'aller au plus simple. Comme précisé dans sa documentation, auparavant, l'hôtelier pouvait ajouter "ses tarifs par nuit" et se contenter de positionner son "lien de réservation" pour "permettre aux voyageurs d'effectuer une réservation directement sur le site" de l'hébergeur ... Mais ça, c'était avant. Voici pourquoi.
Plus de fiabilité, plus de conversions !
La motivation de Google est claire comme de l'eau de roche et particulièrement bien expliquée sur son site dédié aux "pros": "Chaque jour, dans le monde, des millions de personnes recherchent des hôtels et autres hébergements sur Google. Vous devez fournir à Google des informations précises sur les tarifs et la disponibilité de votre hôtel, afin que nous puissions aider vos clients potentiels à le trouver et à effectuer une réservation".
Pour Google, il n'est donc pas question d'encourager les hébergeurs à faire les choses à moitié : se contenter d'afficher un prix (pas forcément actualisé, d'ailleurs ...) et un lien vers un site qui (dans de nombreux cas) ne propose pas de moteur de réservation. Autant pour prévenir le mécontentement et la frustration de ses utilisateurs que pour se positionner de manière plus agressive sur ce marché, Google impose donc aux hébergeurs de jouer comme des pros: "Tu veux recevoir des réservations ? Ne pas payer de commissions (car le service est gratuit) ? Tu fais un minimum d'efforts en donnant des informations fiables (prix et dispos) mises à jour en temps réel (d'où le channel manager, comme elloha ...) et tu proposes un lien dont Google est certain qu'il aboutit sur un moteur de réservation en bonne et due forme".
En clair, Google n'est pas un amateur du voyage et ne veut pas donner l'impression de faire les choses à moitié ...
Une conviction désormais établie
Google est un acteur déterminant du voyage depuis de très nombreuses années et tout professionnel qui se respecte n'ignore pas que plus de 9 recherches de séjour sur 10 commencent sur ses pages. Sa prédominance constitue donc un "actif" majeur pour le leader mondial ... qui entend bien le rester.
Secundo, après avoir cherché un subtil équilibre entre son rôle de plateforme publicitaire extrêmement rentable, du fait des investissements massifs que les OTAs y réalisent, Google a trouvé la "martingale" pour faire cohabiter les liens sponsoriés (et lucratifs) achetés par les OTAs et ceux "offerts" aux propriétaires d'hébergements pour construire, patiemment, une logique de comparateur. En quelques années, Google s'est donc imposé sur ce segment extrêmement tactique du business du voyage. En effet, entre sa fonction de comparateur (qui en fait le leader du marché) et la collecte massive d'avis, Google est devenu un acteur incontournable du voyage en ligne. Aujourd'hui, n'étant pas circonscrit aux seuls liens sponsorisés, Google a renforcé l'attractivité de ses services, de son audience et donc, des revenus publicitaires liés aux voyages.
Ce succès en appelle, au fond, un autre ... encore plus imposant; celui de Google My Business ! En effet, en devenant une plaque tournante incontournable de la recherche et de la comparaison en ligne, Google a attiré des millions de professionnels touristiques (autant dans l'univers de l'hébergement que des expériences) qui ont créé (ou redonné vie) à leur page Google My Business (la fameuse fiche Google). En quelques années, Google s'est donc assuré de constituer la base de données touristiques la plus importante (et probablement, la plus fiable au monde) car mise à jour par les professionnels eux-mêmes !
En évoluant ainsi, Google ne pouvait pas laisser le service de réservation à la merci des propriétaires car leur approche était trop hétérogène: certains se contentant de photos et d'une adresse vers un site (ne proposant que de téléphoner ou de remplir un formulaire; ce qui est une hérésie en 2025 !) ou, d'autres, ne proposant pas de liens efficients vers leurs prix (ce dernier pouvant être différent de celui affiché sur Google, une fois arrivé sur le lien de réservation) ... Google étant le roi de l'information, un tel "trou dans la raquette" ne pouvait évidemment pas perdurer puisque cela consistait à tolérer un service forcément frustrant ... car incomplet, sinon de mauvaise qualité.
La menace IA ?
Enfin, cette nouvelle montre aussi combien Google veut "nourrir" tous les muscles de son écosystème; à commencer par le dernier, Gemini, son moteur d'IA.
À l'heure où les Grands Penseurs du Tourisme (GPT, de leur petit nom) imaginent que les agents IA feront tout à notre place, y compris de réserver un hôtel sans passer par Booking, le pas de côté de Google en dit long sur ses intentions: si son écosystème est directement connecté aux stocks et aux prix des professionnels du tourisme, cela lui permettra d'avoir une avance majeure sur tous ses concurrents en matière de propositions de prix, de disponibilité et de tracking des réservations ...
En agissant ainsi, Google se donne donc un avantage décisif dans la partie qui va désormais se jouer entre les grands protagonistes de l'IA pour accéder à des données vitales et construire des services fiables de bout en bout.
Cette nouvelle est donc, tout sauf anodine ! Elle doit être considérée avec beaucoup d'intérêt car l'accès à Google est, non seulement possible en mode channel manager, mais il devrait rapidement produire ses premiers effets ... En tous cas, dès le 1er août prochain puisque le robinet sera coupé quelques heures avant pour celles et ceux qui n'auront pas fait le choix d'une digitalisation complète et efficience.