Google sanctionne les articles touristiques de connivence

Google vient certainement de sonner le glas d'une pratique (ancienne) qui "triangulait" jusque là, au moins trois protagonistes: un entrepreneur du tourisme qui voulait faire parler de son entreprise sur le web, un journaliste indépendant qui rédigeait un article contre échange de services ou d'argent et un site internet de medias ravi de publier un article à peu de frais dans ses pages ... Avec la fin du "référencement parasite", le "publirédactionnel 2.0" vit probablement ses derniers jours ...

Ces derniers jours, le Search Engine Journal (qui fait autorité en la matière) a mis à jour le nouveau concept "gooogelien" dit des "abus de réputation". En clair, Google est désormais capable de détecter si un article publié sur un site de bonne réputation (un blog très suivi, le site d'un media spécialisé, etc) est, au fond, un simple article de connivence à la qualité éditoriale plus que discutable. Dans ce cas, selon les experts de ce journal, Google déréférence l'article. En clair, il le rend quasiment invisible aux lecteurs du monde entier.

Pourquoi et comment en sommes-nous arrivés là ? En réalité, depuis que le web a pris son envol, de nombreux intérêts croisés ont donné le jour à des pratiques jusque là courantes dans le monde "réel".

Dans l'univers du voyage et du tourisme, en général, un rédacteur indépendant convainc un hôtelier, par exemple, de l'accueillir (à ses frais) pour venir découvrir son établissement et en faire un article (ou des videos, etc). Dans le même temps, il propose à un ou plusieurs medias de diffuser cet article sans rétribution en retour. Un modèle win-win pour les trois protagonistes : un séjour "à l'oeil" (ou modèrément payé) pour le rédacteur, un article produit sans frais pour enrichir son site pour le media et une visibilité éditoriale accrue pour l'établissement touristique qui a accepté le "deal". Oui, mais ça, c'était avant !

Selon les experts du SEO Journal, Google a relevé que ces articles sont généralement de piètre qualité et que, sous prétexte d'être diffusés sur des sites à bonne réputation (qui voient là l'occasion de faire du remplissage à pas de frais), le moteur de recherche leur accordait une réputation démesurée qui, forcément, pouvait créer de la déception chez ses visiteurs.

En clair, un grand media (ex: Le Figaro) accepterait de diffuser un tel article dans ces pages, mécaniquement, cet article bénéficierait de la réputation du site du Figaro. Dès lors, Google le "remonterait" un peu plus haut dans ses pages de résultats que s'il était diffusé sur un site lambda. Et c'est ce qui semblait arriver jusque là ... au détriment de la qualité des recommandations faites par Google. C'est ce que le moteur de recherche qualifie de "référencement parasite" !

Et que le moteur de recherche - à l'aide de nouveaux algorithmes - parvient désormais à détecter (même sur les grands sites !) et donc, à blacklister !

Aux US, déjà, des centaines de rédacteurs de ce type d'articles commencent à protester contre cette nouvelle pratique en accusant Google de leur faire perdre leur travail au motif qu'ils auraient jugés en flagrant délit d'articles de connivence.

Google, pour l'instant, ne répond pas directement sur la manière dont il sépare le bon grain de l'ivraie (éditoriale), mais ses cadres expliquent qu'il lui est désormais possible de mesurer la "pauvreté" éditoriale d'un article par rapport aux autres articles recensés dans le media qui les diffuse.

Et d'annoncer que le moteur de recherche s'est carrémment donné pour mission, dès ce début d'année 2025, "d'éradiquer le SEO parasite" ! Pour Google, sera désormais considéré comme du spam le contenu de faible valeur éditoriale "publié principalement à des fins de classement, sans supervision étroite du propriétaire du site". Et d'expliquer, sans rien dévoiler de trop précis, que l'entreprise emploie des "systèmes détectant si une section d'un site diffère radicalement de son focus principal".

En clair, Google affirme "mettre toujours plus l'accent sur la qualité et la pertinence du contenu, privilégiant les articles approfondis, originaux et hautement fiables". Et d'expliquer que les contenus de faible qualité ou dupliqués sont désormais plus susceptibles d'être détectés et pénalisés.

Si vous faites partie des entreprises touristiques régulièrement démarchées pour ce genre de procédé, faites donc preuve de prudence avant d'offrir un "éduc-tour" à l'un de ses rédacteurs en vous assurant qu'il est bien mandaté par le (ou les) medias en question et que le sujet vous concernant sera bien mis en avant dans les pages éditoriales de ce media en ligne. Dans le cas contraire, vous risquez de mettre en oeuvre beaucoup de moyens et d'espoirs pour pas grand-chose et de ne jamais voir ce contenu émerger sur Google...

💡
Pourquoi Google est-il si à cheval sur ces contenus ? Le tourisme et les voyages figurent parmi les sujets les plus recherchés sur Google. Le moteur de recherche a bâti sa réputation sur la qualité et la pertinence de ses résultats. À l'heure où de nouveaux concurrents (ChatGPT, Claude, etc) envisagent de lui disputer son leadership, Google veut accroître la pertinence et la qualité de ses réponses. D'où ces mises à jour d'algorithmes qui conduiront invariablement à davantage d'articles de voyage de qualité. L'accent est donc mis sur la qualité plutôt que sur la quantité, sur des contenus approfondis, originaux et hautement fiables. Ces nouvelles mesures devraient donc conduire à une diminution rapide du volume d'articles produits, mais à une augmentation de leur qualité et de leur pertinence.