Disneyland se met aussi au "revenue management" ... pour ses parcs

Accoutumé aux techniques de "revenue management" pour ses propres hôtels situés sur le parc, Disneyland Paris vient d'annoncer appliquer, pour la première fois, ces méthodes aux prix d'entrée dans ses parcs. En 2025, le prix pourra donc varier d'un jour à l'autre en fonction de la demande ... Le revenue management est aussi adopté par les organisateurs d'évènements et devrait l'être aussi par les organisateurs de concert pour contrer les effets négatifs du marché noir.

Le revenue management fait désormais école au-delà des compagnies aériennes et des grandes compagnies hôtelières. Cette semaine, Disneyland vient d'annoncer adopter cette discipline pour ses propres entrées aux parcs franciliens.

Très fréquentés, avec des pointes de surfréquentation souvent difficiles à vivre pour ses clients, les parcs vont voir varier leurs prix de 50 à 119 euros par jour en fonction des prévisions de fréquentation. En clair, plus vous choisirez un jour peu fréquenté, moins cher vous paierez. Plus vous voudrez venir aux périodes "hautes", comme les fêtes de fin d'année, plus cher vous paierez et votre hôtel et votre entrée !

La technique s'appliquera donc pour la première fois en France sur "Le" grand parc de référence qui a choisi un principe de modulation plutôt qu'une discrimination par des prix très élevés comme ceux qui ont attiré les foudres des fans de Disneyland, dans les parcs américains.

Victime de son succès, Disneyland Paris entend aussi faire de sa stratégie de revenue management appliquée à ses tickets d'entrée un levier majeur de sa construction de rentabilité, car c'est bien ce à quoi sert le revenue management: plus qu'une affaire de prix, c'est avant tout une stratégie de rentabilité !

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En 2025, chez Mickey, les prix des billets varieront fonction de la demande: plus elle sera élevée pour une date donnée, plus le prix du billet augmentera. Les tarifs évolueront dans une fourchette fixe, avec un prix minimum de 50€ et un maximum de 119€ pour un billet standard. A noter que trois dates spéciales (14 juillet, 31 octobre et 31 décembre) pourront voir les prix dépasser ce plafond dans la limite de 150€ en raison d'une programmation particulière. Pour Disneyland Paris, cette mise en place est une garantie d'optimiser ses revenus, de mieux répartir sa fréquentation sur l'année mais aussi, de faciliter la planification de ses effectifs pour une période donnée. Comme pour un hôtel ou un billet d'avion à prix "bonne affaire", il faudra réserver plus tôt pour bénéficier des meilleurs tarifs (par exemple, pour ne payer "que" 50 euros la journée) avec la possibilité de réserver jusqu'à 18 mois à l'avance (au lieu de 12 actuellement). Certains billets seront aussi plus flexibles (avec la possibilité de modifier ou annuler sa réservation jusqu'à 3 jours avant la visite) comme le principe des plans tarifaires dans l'hôtellerie.

Pour l'heure, Disneyland sera donc, pour quelques temps encore, le seul parc français à adopter le revenue management. Le Puy du Fou, le Parc Asterix et le Futuroscope ont profité de cette actualité pour souligner qu'il ne serait pas dans leur stratégie d'introduire du revenue management dans leur gestion tarifaire. Pour les dirigeants du parc vendéen, proposer des prix différents pourrait être vu par les clients comme une prestation dont la qualité varierait selon la hauteur du prix ... L'argument risque de ne pas résister longtemps si Disneyland confirme de meilleurs résultats d'ici un an et les parcs français risquent de se mettre, aussi, à l'agilité tarifaire.

D'autant plus qu'ils ne sont pas les seuls à s'interroger: du côté des organisateurs de festivals et de concert, le revenue management va faire son apparition en 2025 au grand dam des fans de spectacles vivants !

Pour beaucoup d'organisateurs, en effet, la baisse des revenus constatée après le covid et les reprises sur les chapeaux de roue doivent être comblées d'une manière ou d'une autre. Et, dans un contexte où les subventions publiques sont à la baisse, le seul recours efficace semble porter sur l'utilisation du revenue management.

Le mouvement s'est intensifié après l'annonce que la tournée 2025 du groupe Oasis des frères Gallagher allait être la première du genre, en Europe, à appliquer le principe de la tarification dynamique (Taylor Swift applique, en effet, cette discipline tarifaire depuis 2022). Les fans, impatients de retrouver leur groupe favori, attendaient cette reprise depuis longtemps mais ont reçu une véritable douche froide à l'ouverture de la billeterie en ligne puisque Ticketmaster (filiale de Live Nation, l'organisateur du concert) a fait passer le prix initialement affiché de 178 euros à 415 euros en l'espace de quelques heures ! Comme pour un billet d'avion ou de TGV les jours de grève surprise à Paris.

Pour de nombreux fans dépités, cette pratique favoriserait les spectateurs les plus aisés et soulèverait des questions d'équité et d'accessibilité (en même temps, c'est aussi ce qui se passe dans un avion ...).

Pour les organisateurs, la modulation des prix est une méthode efficace pour contrer le marché noir et la revente de billets. Sur un plan plus politique, aux États-Unis, le gouvernement a poursuivi Live Nation et Ticketmaster en justice; mais l'affaire risque d'en rester là selon les nouvelles orientations libérales du pays. Tandis qu'au Royaume-Uni et dans le reste de l'Union européenne, des enquêtes ont été lancées sur ses pratiques de tarification.

La pratique est non seulement courante dans l'univers de l'hotellerie et de l'aérien mais, de plus, elle est parfaitement bien acceptée par les clients: 54% des acheteurs en comprennent le principe et les finalités selon une récente étude YouGov; mais les français s'y déclarent encore allergiques même s'ils admettent qu'il s'agit d'une réalité économique qui s'impose à eux. En Asie, par exemple, la tarification dynamique est acceptée à plus de 63%.

La décision de Disneyland Paris de soumettre sa billeterie aux principes du revenue management fait figure de révolution dans une industrie touristique (les parcs) qui n'ont pas beaucoup innové en la matière ces dernières années. Il ne serait pas étonnant que, les premiers succès aidant, d'autres grands (et petits) parcs s'y mettent aussi en 2025 !