Les perspectives restent favorables pour cet été
Même si l'incertitude domine et que les situations peuvent basculer à tout moment (en raison du conflit ukrainien et de toutes les conséquences qu'il engendre, notamment en matière d'inflation), l'horizon semble moins sombre que ce qu'il laissait entrevoir en fin d'année dernière. Le tourisme, lui, suit la tendance d'une consommation qui ne ralentit pas ...
Certes, le spectre de la récession en 2023 n'est pas totalement écarté (car un basculement brutal est toujours possible) mais, contre toute attente, selon les prévisions économiques actuelles, l'Europe devrait connaître une croissance solide en 2023: les économies de la zone euro devraient enregistrer une croissance annuelle moyenne de 2,0 % en 2023, tandis que les économies non-euro devraient connaître une croissance de 2,5 %.
En fin de semaine dernière, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau a déclaré que "l''inflation devrait atteindre (en France) un pic au cours du semestre actuel et devrait être divisée par deux d'ici la fin de l'année"; ce qui va certainement stimuler un peu plus d'espoir et de tendances à se détendre chez les français ...
Dans la foulée, la Banque Centrale Européenne a réaffirmé sa détermination "à ramener l'inflation à son objectif d'environ 2% en zone euro d'ici fin 2024".
Paraléllement à ces perspectives, en Europe comme aux US, l'industrie hôtelière continuent d'afficher des résultats solides. Selon une récente étude EY, "la performance du marché de l'hôtellerie a dépassé d'autres secteurs tels que la technologie et la vente au détail". Et de relever que "le revenu par chambre disponible (RevPAR) a dépassé la croissance du PIB au cours du cycle économique actuel. 2023 devrait donc être une bonne année pour le secteur hôtelier".
Pour les économistes, en effet, "il y a eu une forte corrélation entre la croissance du PIB et le RevPAR (Revenu Par Chambre)". Pour l'instant donc, les planètes sont alignées ... et c'est tant mieux !
L'alignement est tel que, toujours selon les experts de EY: "Compte tenu de la dynamique actuelle de l'industrie du voyage, même s'il y a une légère récession au cours des six prochains mois, elle continuera d'être très performante. L'envie de voyager post-pandémique reste forte, ce qui devrait entraîner une croissance continue en 2023. Aux États-Unis, par exemple, le RevPAR a augmenté de 8,1 % en 2022 par rapport à 2019, et l'Europe a augmenté de 6,1 % sur la même période".
En France, au lendemain des vacances de février, les stations de ski françaises affirment avoir enregistré un taux d'occupation de 82%, selon l'ANMSM (Association Nationale des Stations de Montagne). Dans le reste du pays, selon le cabinet MKG Consulting, la fréquentation hôtelière n'a plus qu'un retard de 2,6 points par rapport à la période avant-Covid (2019), avec une croissance du RevPAR de 13,9%; soit le double de ce qui est constaté dans le reste de l'Europe et près de 50% de plus que ce qui est constaté aux US !
Selon MKG Consulting, les littoraux français ont également connu une augmentation d'activité, avec une fréquentation supérieure à celle de février 2019 tandis que les grandes métropoles ont observé une hausse des prix moyens et du RevPAR: Paris aurait non seulement retrouvé sa fréquentation d'avant-Covid mais aussi une augmentation du RevPar de 31,7% par rapport à 2019. Tous ces chiffres sont donc de bonne augure pour la suite de la saison.
Déjà, au sortir de l'été dernier, les analystes de MKG Consulting relevaient un redressement significatif de l'activité des hôtels (et des hébergeurs "marchands") partout en France, par rapport à 2019. Selon toute vraisemblance, les signaux sont donc au vert (pas "très au vert") pour une saison 2023 qui devraient performer plus-que-prévu malgré le contexte ultra-inflationniste de ce début d'année.
Etude MKG Consulting sur l'évolution du taux d'occupation des hôtels durant l'été 2022
Si ces perspectives semblent plutôt positives, elles ne se traduisent cependant pas totalement dans l'état d'esprit des français. Dans une enquête publiée, ce dimanche, par le JDD,, il apparaît que les français s'attendent encore à devoir pâtir de l'inflation et ce, pour quelques mois encore (ce que ne contrarient pas les estimations citées plus haut) mais qui doit faire prendre conscience qu'entre les perspectives des experts et le sentiment réel des français, l'écart de la perception de l'inflation (et de son évolution) est assez colossal.
Pour 92% des français, évidemment, cette inflation impacte durement leur pouvoir d'achat et les incite à modifier rapidement leurs habitudes de consommation (85%) avec, notamment sur la plan alimentaire, un retour plus massif vers les grandes surfaces (vues comme des digues anti-inflation) et le délaissement des circuits "périphériques" jugés (à tort, pour certains) comme étant trop touchés par la hausse des prix ...
Dans une optique plus large, selon la dernière étude du WTTC (Wolrd Travel & Tourism Council, l'instance du patronat mondial du voyage), "l'inflation et la hausse du coût de la vie pèsent peut-être sur le porte-monnaie des consommateurs, mais il y a un domaine où beaucoup ne veulent pas réduire leurs dépenses, leur désir de voyager. Près d'un tiers (31 %) des voyageurs ont déclaré avoir l'intention de dépenser plus en voyages cette année qu'ils ne l'ont fait en 2022 !"
Mieux ! Plus de quatre personnes sur 10 (43%) ont déclaré qu'elles augmenteraient leur budget voyage en 2023, tandis qu'un tiers (31%) le maintiendraient, selon la dernière enquête d'Expedia Group auprès de 11 000 personnes dans 11 pays.
Ce chiffre reste, cependant, en deçà des attentes de l'industrie car, selon un sondage réalisé en début d'année, un professionnel du voyage sur six (58%) avait prévu que les vacanciers dépenseraient plus cette année.
Cela signifie aussi qu'il faudra veiller à une certaine modération tarifaire pour convaincre le public de réserver, mais cela ne fera pas tout ... En effet, mieux vaut mettre plusieurs cordes à son arc pour se donner toutes les chances de transformer vos clients : ajouter de la "valeur" à vos offres (avec des petits plus qui ne qui coûtent pas grand chose mais rendent votre prix plus attractif que chez vos concurrents) ou encore intensifier votre recours aux formules de paiement alternatives comme le 3 fois sans frais qui peuvent adoucir la perception du consommateur et le décider à réserver très en avance de la saison ...